Juste, Frédéric RIFFAULT (1814-1885)


Riffault, général commandant l'Ecole polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique

Fils de Claude François RIFFAULT, juge, et de Marie Rachel BLAN.


Juste, Frédéric RIFFAULT (1814-1885)
Par Norbert Verdier

Norbert Verdier fait partie de l'IUT Cachan & GHDSO (Université d'Orsay) [norbert.verdier@iut-cachan.u-psud.fr]

Une vie au service de la Nation

Juste Frédéric Riffault est né à Blois le 15 mars 1814. Fils d'un juge au Tribunal Civil. Il entre à l'Ecole polytechnique en 1832, au concours de Paris, onzième au classement, à la suite de son frère Louis, Charles (1807-1853). Son frère a intégré l'Ecole Polytechnique en 1826. Il est sorti (le dernier!) du corps d'artillerie en 1828.

Juste Frédéric est ainsi décrit : "Cheveux châtains - Front couvert - Nez droit - Yeux châtains - Bouche moyenne - Menton rond - Visage plein - Taille 174 ". Il sortira 8ème sur 134 élèves, en 1834. Il intègrera l'Ecole des Mines en 1834 (2ème sur 2 élèves admis au corps des mines, classé juste derrière l'illustre Daubrée) puis passera le 1er février 1835 à l'Ecole d'application de Metz. Il se commencera sa carrière "aux armes" : lieutenant du génie à Montpellier en 1837, capitaine à Philippeville , en Algérie, près de Constantine, en 1840. Il est nommé officier d'ordonnance du duc de Montpellier le 24 mars 1847.

Voir : Philippeville à l'époque où Riffault y séjournait

Il est attaché au cabinet du sous-secrétaire d'état de la guerre en 1848 puis employé au Ministère des affaires étrangères en 1849. Il est promu aide de camp du général de division Vaillant en 1850, et c'est dans ce poste qu'il est promu chef de bataillon en 1851 et lieutenant-colonel en 1855. Il poursuivra sa carrière à Polytechnique : il sera directeur des études à l'Ecole polytechnique de 1856 à 1869 ; il est nommé au grade de colonel d'état-major en disponibilité en 1860. Nommé général de brigade le 2 août 1869, il est placé hors-cadre (sans solde) le même jour. Il est rappelé en service peu après et commande l'Ecole polytechnique de 1870 à 1873, d'abord par intérim (du 4/8/1870 au 22/8/1872), puis comme titulaire du poste.

Tout en dirigeant Polytechnique, il est mis à disposition du général Chabeaud de la Tour le 26/1/1871 pour diriger les travaux du génie de la 3ème circonscription de l'enceinte de Paris. Il est membre du comité des fortifications en 1873. Il termine sa carrière militaire comme inspecteur général du 4ème arrondissement du génie, mis en section de réserve le 15/3/1876 puis à la retraite le 2/12/1878.

Il ne néglige pas pour autant un investissement en politique. Il est élu sénateur par le département du Loir et cher en 1876. Mais non réélu en 1879. Une vie au service de la Nation. Elle lui rendra les honneurs : Chevalier de Légion d'Honneur en 1844, Officier en 1858 , il sera fait Commandeur en 1865. Il meurt à Paris le 31 mai 1885.

On notera que Riffault n'a produit aucune note scientifique, ce qui est rare chez les polytechniciens, à cette période. La seule contribution qu'on lui reconnaisse est une contribution au journal de mathématiques pures et appliquées, le journal dit de Liouville, en 1866. En réalité, il s'agit du discours prononcé lors des funérailles d'un autre membre du corps des Mines, Edmond Bour. En réalité, cette note n'a pas été publiée pour le journal de Liouville, il s'agit d'une reprise comme le stipule Joseph Liouville, dans l'un des ses cahiers déposés à la Bibliothèque de l'Institut. En fin de carnet, (Bibliothèque de l'Institut de France, MS 36 26 (2)) Liouville fait aussi allusion au " Discours de Ms Riffault et Cournot aux obsèques de Bour (moniteur du 24 mars 1866)". L'article sera ensuite reproduit dans le journal , en citant la source initiale, Le Moniteur Universel du 24 mars 1866. Voici un extrait :

Riffault; Cournot , Funérailles de M. Bour. Discours de MM. Riffault et Cournot. JMPA, Série, II, 11, (1866), pp. 133-136.

L'hommage à Bour

"Au milieu de l'émotion générale, le Colonel Riffault, Directeur des Etudes à l'Ecole Polytechnique, a prononcé les paroles suivantes :

"Messieurs,

C'est toujours un spectacle douloureux que de voir la mort frapper la jeunesse. Quelle qu'ait été la victime, la pensée se porte tout d'abord sur un père, sur une mère éplorés qui se sont vu ravir l'espoir et le soutien de leurs vieux jours et qui ne veulent point être consolés, parce que leur fils bien-aimé n'est plus. Combien l'émotion n'est-elle pas plus profonde quand à la douleur de la famille vient s'ajouter un deuil public, quand celui qui part avant l'heure a déjà donné le droit de dire sur sa tombe : "Une grand intelligence vient de s'éteindre!" Oui, Messieurs, vous le savez tous comme moi, Edmond Bour, dont nous accompagnons ici les restes mortels, était une grande et belle intelligence. Est-il besoin de citer ses premiers travaux, qui, dès le seuil de la jeunesse, ont en lui révélé un maître ? Vous rappellerai-je l'éclatant témoignage d'estime que lui a décerné l'Institut, le glorieux échec qui lui marquait à l'avance une place assurée au sein de l'illustre assemblée, enfin sa nomination à l'une des chaires importantes de l'Ecole Polytechnique ? Mais ces souvenirs sont d'hier, car six ans à peine lui ont suffi pour conquérir une notoriété que d'autres, moins heureux, poursuivent en vain jusqu'au limites de la vieillesse. Hier encore, jeunes camarades qui m'écoutez, vous étiez sous le charme de sa parole, vous demandant ce qu'il fallait le plus admirer en lui, le talent du Professeur ou le mérite du Savant. Tant de nobles facultés ont-elles donc disparu comme ces lueurs éphémères qui jettent un vif éclat et s'éteignent sans laisser aucune trace ? Heureusement, non, Messieurs, et c'est là, du moins, un puissant motif de consolation. Avant sa dernière heure, l'ami que nous pleurons a pu s'écrier avec le poëte ( On a respecté l'orthographe de l'époque ) : Non omnis moriar. Tandis que son âme plane dans les régions sereines, ses Œuvres, peu nombreuses mais excellentes, perpétueront son souvenir parmi nos futurs camarades; elles lui assureront à jamais une place distinguée parmi les esprits d'élite dont s'honorent la science, le pays et l'Ecole Polytechnique."

Sources

Bibliographiques

Dictionnaire des parlementaires français depuis le 1 er mai 1789 jusqu'au 1er mai 1889, sous la direction de MM.Adolpe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny, 1889-1891, 5 vol. in –8.tome V, pp. 146.

Sitographiques

Ecole Polytechnique : http://www.polytechnique.fr/

Fonds d'archives

Dossier Riffault (Légion d'Honneur, Archives Nationales).

Archives de l'Ecole Polytechnique : Bib BCX CRH /Archives/Cote :IX SV 1/575. Il s'agit d'une lettre de quatre pages appartenant au fonds St Venant. Une lettre de remerciement de Riffault, datée du 5 mars 1861, adressée à St Venant (X 1813; 1797-1886), pour les modèles de machines, qu'il a offert à l'Ecole Polytechnique.

Le même document de Norbert Verdier est disponible au format .doc.