Ancien élève de l'Ecole des ponts et chaussées à Paris (promotion 1776). Inspecteur général des ponts et chaussées, directeur de l'Ecole des ponts et chaussées, membre de l'Académie des sciences.
Extrait des Biographies des ingénieurs des Ponts et chaussées :
Né à Chamelet (Rhône) le 22 juillet 1755, il est entré à l'École des ponts et chaussées en 1776 et à partir de 1780 il a rempli les fonctions d'ingénieur ordinaire à Bourges, Argenton, Dourdan et Livry ; mais en 1783 il fut appelé à Paris par Perronet pour seconder de Chézy dans l'inspection de l'école. Il fut adjoint en même temps aux ingénieurs chargés de la construction des ponts de la Concorde et de Sainte-Maxence, sous les ordres de Demoustier, et rédigea son premier mémoire sur la poussée des voûtes à l'occasion du tassement survenu au pont de Neuilly au moment du décintrement.
Il commença en 1790 la publication de l'Architecture hydraulique de Bélidor, qu'il termina en 1796.
En 1791, Prony avait été nommé ingénieur en chef à Perpignan ; mais sur la proposition de Chaumont de la Millière, le ministre des contributions publiques (Tarbé) le nomma directeur du cadastre dont la formation venait d'être décrétée par l'Assemblée constituante.
Peu après, il fut chargé de dresser des tables logarithmiques et trigonométriques pour le service de la géodésie et d'après la division centésimale du cercle.
Ce travail énorme, comprenant dix-sept volumes in-folio de calculs, fut terminé en quelques années, grâce à une application ingénieuse de la division du travail qui permit à Prony d'utiliser les services des collaborateurs les plus inattendus. On raconte en effet qu'il sut employer à ses calculs un grand nombre de garçons perruquiers, que la suppression de la poudre et la simplicité républicaine des coiffures avaient privés de travail.
En 1794 il fut un des premiers professeurs de sciences mathématiques à l'École polytechnique. En 1796, lors de la réorganisation de l'Institut, il fut appelé à y siéger, et peu après nommé secrétaire de la section des sciences physiques et mathématiques.
Enfin, en 1798, il fut appelé à succéder à de Chézy dans la direction de l'École des ponts et chaussées.
Malgré ses préoccupations scientifiques, de Prony n'avait pas cessé de s'occuper du service des ponts et chaussées et il fut chargé de plusieurs missions d'études à l'embouchure de la Seine et sur les canaux d'Orléans, de Briare et du Loing.
Sous l'empire, il fut envoyé trois fois en Italie pour visiter les travaux maritimes de Gènes, d'Ancône, de la Spezzia et de Venise, ainsi que pour étudier les améliorations à apporter au régime du Pô. Mais sa principale oeuvre pendant cette période a été le projet d'assainissement des Marais-Pontins, qu'il a étudié sur les lieux dans les conditions les plus dangereuses pour sa santé, et dont il a rendu compte en 1812 dans un grand ouvrage qui lui a valu des témoignages éclatants de la reconnaissance du gouvernement romain.
Le pape Léon XII lui adressa à cette occasion une médaille d'or et une bulle conçue dans les termes les plus flatteurs.
De Prony a conservé la chaire d'analyse et de mécanique à l'École polytechnique jusqu'en 1815; il l'a quittée alors pour devenir examinateur permanent de sortie à cette école ; dans les dernières années de sa vie, il était suppléé dans ces fonctions par Mathieu.
Malgré la multiplicité et l'éclat de ses services, il avait reçu peu de récompenses sous l'empire, par suite de son refus de prendre part à l'expédition d'Egypte. Les gouvernements suivants le dédommagèrent de cette petite disgrâce par plusieurs décorations, par le titre de baron et par la dignité de pair de France, qui lui fut conférée en 1835.
Il avait été nommé inspecteur général des ponts et chaussées en 1805 et il est mort le 28 juillet 1839, après avoir siégé trente-quatre ans au Conseil général des ponts et chaussées et occupé pendant quarante et un ans la direction de l'École. Perronet est le seul ingénieur qui ait fourni l'exemple d'une double carrière aussi longue et aussi brillante.
L'École des ponts et chaussées, à laquelle de Prony avait consacré une si grande partie de sa vie et dont il avait perfectionné l'enseignement, possède son buste et son portrait, ainsi que sa riche bibliothèque qui lui a été donnée par sa nièce, Mme de Corancez.
De Prony avait un caractère affectueux et sympathique, et ne comptait que des amis.
Son intelligence s'ouvrait à tous les genres d'études et il aimait passionnément les arts : il a publié en 1832 un traité des intervalles musicaux.
Ses travaux sont si nombreux qu'il est impossible d'en donner la liste et l'on doit se borner à citer les principaux :
Outre l'Architecture hydraulique de Bélidor (1790-1796), les Grandes Tables trigonométriques et logarithmiques (1801 et 1824), la Description des Marais-Pontins (1813 et 1822), on doit citer les Recherches physico-mathématiques sur les eaux courantes (1804), divers Mémoires sur l'écoulement des eaux (1802 et 1806), les Recherches sur la poussée des terres et des murs de soutènement (1802), Mémoire sur le frein dynamométrique, qui a conservé son nom (1826), des Leçons de mécanique analytique (1810-1815), le Recueil de cinq tables relatives au mouvement des eaux (1815), etc., etc.
Pour donner une idée de l'activité intellectuelle que de Prony a conservée jusqu'à ses derniers jours, il suffit de rappeler que de 1831 à 1838 il a fait insérer dans les Annales des ponts et chaussées douze mémoires sur des sujets divers, et notamment une note sur les expériences faites de 1798 à 1802 pour constater les mouvements des piliers et de la coupole du Panthéon et une grande notice biographique sur Navier, publiée en 1837. De Prony avait alors 82 ans. (Voir pour plus de détails le discours de Tarbé de Vauxclairs, publié dans les Annales des Ponts de 1836 et l'éloge prononcé en 1840 à la Chambre des pairs par Charles Dupin).
Voir aussi : biographie de Prony sur le site des grands mathématiciens.