André Pierre Ernest MORETTE (1879-1931)

Fils de André Emile MORETTE (X 1854), libraire, et de Marie Clotilde Emilie LITZLER.

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1898, entré classé 128 et sorti classé 4 sur 192 élèves), et de l'Ecole des Mines. Corps des mines.

Il a été longtemps professeur à l'Ecole des mines de Saint-Etienne. Il y a notemment enseigné la métallurgie et la chimie industrielle dans l'année 1912-1913.

Il a ensuite dirigé l'usine de Mondeville, puis il fut directeur général de la société métallurgique de Normandie (1923) et ing.-conseil des mines de Soumont. Il fut également professeur à l'Ecole des mines de Paris.


Morette, élève de Polytechnique
(C) Collections Ecole polytechnique

Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1931 :

Paroles prononcées à Mondeville, le samedi 21 mars 1931, aux obsèques de M. André Morette, Ancien Professeur de Métallurgie à l'Ecole et Directeur général de la Société Métallurgique de Normandie.
par M. Eugène ROUER, Directeur général adjoint.

« Au nom de tout le personnel de la Société Métallurgique de Normandie, je viens rendre un dernier hommage à celui qui, pendant plus de douze années, lut le chef aimé et respecté de tous, dans cette usine de Mondeville, pour laquelle il a prodigué sans compter les ressources de sa magnifique intelligence et de son vaste savoir. Au développement de cette usine il a consacré le meilleur de ses forces et de son énergie, jusqu'à l'heure où la maladie implacahle allait l'arracher à l'affection des siens, à celle de ses collaborateurs qui sont aujourd'hui rassemblés une dernière fois autour de lui, et dont la tristesse dit assez quelle place il avait su prendre dans le cœur de tous ceux qui l'approchaient.

L'action personnelle de M. MORETTE à la Société Métallurgique de Normandie fut immense. Tous ceux qui ont eu l'honneur de travailler avec lui, conserveront le souvenir de sa lumineuse intelligence, de la maîtrise avec laquelle il savait, en présence des questions les plus ardues, trouver la solution judicieuse que ses collaborateurs avaient cherchée en vain, de la fermeté de son caractère et de la justesse de ses vues aux heures difficiles.

D'ailleurs, son œuvre est le plus éloquent témoignage de ses qualités, et le nom de M. Morette restera à jamais attaché à la mise en valeur du bassin minier de Normandie, et au développement de l'industrie métallurgique qui a donné à cette région une nouvelle et magnifique branche d'activité.

Mais M. Morette ne fut pas seulement le technicien éminent, le réalisateur tenace, dont l'œuvre vient d'être évoquée. L'homme et le chef étaient à la hauteur de l'ingénieur, et les qualités du cœur, chez lui, ne le cédaient en rien à celles de l'intelligence.

Il aimait ses collaborateurs; il savait les apprécier, les encourager. Très exigeant pour les autres comme il l'était pour lui-même, il n'hésitait pas à demander à son personnel tous les efforts que les circonstances pouvaient réclamer. Mais il le faisait avec un sentiment très exact de la justice, et savait reconnaître la valeur de l'effort fourni et des services rendus.

Sa bienveillance était acquise à tous ceux qui le méritaient, et sa sollicitude ne fit jamais défaut au plus modeste de ses collaborateurs.

Combien de ceux qui pleurent aujourd'hui sa perte ont eu l'occasion, à une heure douloureuse ou difficile de leur vie, d'apprécier la foncière bonté avec laquelle il s'ingéniait à rendre service, ne laissant à personne le soin d'examiner les mesures capables d'adoucir une détresse ou un deuil, sachant par sa bonté et par sa compréhension affectueuse, ajouter le réconfort moral à l'aide matérielle.

C'est à son impulsion personnelle que la Société Métallurgique de Normandie doit la réalisation de l'ensemble des œuvres sociales dont elle peut s'enorgueillir aujourd'hui. Malgré les difficultés rencontrées à certains moments, malgré l'obligation impérieuse de faire d'abord, dans l'usine elle-même, les compléments d'installation nécessaires à son existence, M. MORETTE n'a cessé de développer progressivement les institutions sociales, perfectionnant et complétant chaque année le fruit des années antérieures, recherchant avec sa claire compréhension de leurs besoins réels, tout ce qui pouvait améliorer d'une manière effective les conditions d'existence de ses ouvriers.

Tout cela, Monsieur MORETTE, vos collaborateurs le savent et ne l'oublieront pas. Ils sont aujourd'hui dans la tristesse, parce qu'ils sentent que si la Société Métallurgique de Normandie voit disparaître un chef éminent, chacun d'eux perd un véritable ami.

Ils conserveront pieusement votre mémoire.

Puissent les témoignages d'affection qu'ils vous expriment d'une manière unanime, adoucir la douleur de votre famille.

C'est en leur nom à tous : ingénieurs, contremaîtres, employés, ouvriers, que je vous dis, cher Monsieur Morette, un dernier adieu.

A vous, Madame, qui avez été sa collaboratrice éclairée dans ce domaine social où sa tache lui tenait particulièrement à cœur, à vos enfants si douloureusement éprouvés, à toute votre famille en deuil, nous présentons l'expression de nos regrets et de nos sentiments de sincère et profonde condoléance. »

Les autres discours ont été prononcés par M. Brizon, Président du Conseil d'administration de la Société Métallurgique de Normandie; Séguin, Chef de Service et Delaval, ouvrier à l'usine de Mondeville.