Jean Lucien Germain LORIMY (1906-1989)


Jean Lorimy, fin des années 1940
Photo Philippe Lorimy

Né le 1er mai 1906, à Paris (12ème).

En 1918, son père, à peine de retour de la guerre, l'enmène à la gare et prend le train alors que Jean avait 12 ans. A la gare, il lui dit à l'enfant médusé qu'il va vivre ailleurs. Le père est alors parti, et il n'a jamais donné signe de vie. [Source : son cousin Bernard Lorimy, conseil en Systèmes d'Information, ancien président de l'Agence de l'Informatique et de SupElec, décédé le 10 février 2010].

Sa mère meurt le 15/5/1960.

Avec son épouse Marie-Thérèse LEMERCIER, ils ont eu 3 enfants : Philippe (ingénieur des travaux publics (T.P. 57), architecte DEPZ (ETH Zürich)), François (neuropsychiatre), Monique (née le 18/2/1938 ; elle épouse le Dr MORAND le 31/5/1958). Son petit-fils Nicolas, fils de Philippe, est architecte libéral à Thessalonique (Grèce du Nord).

Ingénieur civil des mines (Ecole des Mines de Paris, promotion 1926). Il sort classé major (1er) de sa promotion et obtient le diplôme le 2 août 1829.


Mines, Revue des ingénieurs, novembre 1989 :

Né à Paris en 1906, notre camarade Jean LORIMY fut reçu en 1926 à l'Ecole des mines. Il en sort major de sa promotion; les visites d'exploitations minières et les stages qu'impose le règlement lui font se découvrir une profonde vocation de mineur. En octobre 1930, il entre aux Houillères de Petite-Rosselle et y gravit rapidement les échelons: chef de siège au puits Wendel en 1934, ingénieur divisionnaire du fond quatre ans plus tard.

Mobilisé en septembre 1939, comme lieutenant dans un régiment d'artillerie sur la ligne Maginot, il est fait prisonnier fin juin 1940 puis libéré à l'automne 1941 pour être envoyé aux mines d'Ostricourt.

Dès novembre 1944, derrière les avant-gardes américaines, il rejoint Petite-Rosselle comme ingénieur principal puis en octobre 1945 est nommé ingénieur en chef; en 1947, il passe à la Direction générale technique des Houillères du bassin de Lorraine auprès de Roger CADEL. Devenu en 1949 directeur général des Charbonnages de France, celui-ci l'appelle peu après à Paris pour occuper des fonctions à la Direction générale des Services techniques et sociaux; il y sera nommé directeur en 1951 des Services techniques et directeur délégué un an plus tard.

En 1960, Pierre SIGNARD alors directeur général du Bassin le fait revenir en Lorraine comme directeur général adjoint, en charge de la direction générale de production. A son départ en 1964, Jean LORIMY lui succède comme directeur général.

Après Roger CADEL, ces deux mineurs SIGNARD et LORIMY furent les artisans principaux de l'augmentation spectaculaire de la production, donnant ainsi au bassin lorrain les meilleures chances de survie de toutes les houillères françaises.

Le 31 mars 1970, après quarante années d'une vie et d'une carrière exemplaire tout entières consacrées à l'industrie houillère, Jean LORIMY fait valoir ses droits à la retraite et se retire à Paris. Dans ses mémoires professionnels, Paul GARDENT indique que le départ à la retraite de Lorimy dût être retardé jusqu'au 4 juillet 1970 à cause d'un problème de succession ; finalement, Jean LAGABRIELLE fut nommé directeur général des Houillères du bassin de Lorraine à la place de Jean LORIMY].

Jean LORIMY n'était sans doute pas un patron comme les autres; homme sans détour, d'autant plus simple qu'il était attentif, d'autant plus malicieux qu'il était averti, d'autant plus bougon qu'il était rigoureux, d'autant plus difficile à cerner qu'il était naturel. Sa générosité, sa bonté, sa disponibilité vis-à-vis de tous animaient sa conception globale de son métier d'homme, qu'éclaira aussi jusqu'à ses derniers jours une foi profonde et active.


Jean Lorimy, fin des années 1960, à l'occasion d'un colloque en Sarre
Photo Philippe Lorimy


Jean Lorimy en compagnie de André Puyte, à Faulquemont
Photo Philippe Lorimy


LORIMY jeune homme :
L'association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris lui accorde en 1929 la Médaille d'Or pour récompenser le meilleur journal de voyage de sa promotion

Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1929 :

Discours de M. J. FAYE à l'Assemblée générale de l'Association du 22 juin 1929 :

Messieurs et chers Camarades,

La médaille d'or que votre Association décerne, sur la proposition de la Direction de l'Ecole, à l'auteur du meilleur journal de voyage, est attribuée cette année à M. Jean Lorimy.

Le programme qu'il a adopté pour son voyage d'études, comprend, d'une part, la visite de la Haute-Silésie Polonaise, et, d'autre part, celle des Mines de Carmaux. Quoiqu'il n'ajoute rien à ses mérites, il convient de le féliciter de ce choix, qui a mis successivement sous ses yeux les enseignements d'un district industriel étranger des plus importants et des plus variés, et ceux d'une affaire française, dont l'évolution historique et l'organisation sont particulièrement remarquables.

Le travail de M. Lorimy débute par quelques considérations sur l'activité économique polonaise : s'il lui était difficile de sortir des généralités quelque peu banales, il en a du moins rassemblé avec netteté les principales caractéristiques. Puis il aborde le compte rendu de ses visites. Sans prétendre démêler, dans un séjour d'un mois et demi, l'énorme faisceau des industries haut-silésienmes, il a su se limiter à quelques exemples typiques et bien choisis : les mines de charbon de Lipine et de Knürrow, la mine de zinc de Nova-Helena, l'usine à zinc de Lipine, enfin l'usine chimique de Chorzow, puissante fabrique d'engrais azotés.

Tout ce qui concerne la partie descriptive est traité avec une grande précision. De nombreuses remarques, tant sur les méthodes employées que sur l'action du personnel, témoignent cependant que M. Lorimy ne s'est pas borné au seul travail de la description dont la discipline n'est pas à négliger, mais qui est souvent voué à rester stérile, s'il n'est accompagné, comme j'ai cru en trouver la preuve, d'esprit d'observation et de critique. Et M. Lorimy, à cet égard, a été jusqu'à étayer son jugement par des expériences personnelles dans divers cas où il en a eu la possibilité. A ses notes sont joints des croquis simples, présentant la correction suffisante sans luxe inutile de dessin, ainsi que des tableaux statistiques, dont les chiffres, lorsqu'ils sont bien compris, remplacent fréquemment avec avantage plusieurs lignes de texte.

Il est à regretter toutefois que, dans son étude sur la mine de zinc, M. Lorimy n'ait pas porté toute l'attention nécessaire à des questions qui sont de la plus haute importance dans le domaine de la production des minerais. La teneur en métal du tout-venant, le prix de revient des diverses opérations d'abatage et d'enrichissement du minerai, et notamment le rendement de la laverie, constituent les données essentielles de l'exploitation; il faut donc, non seulement ne pas les laisser sous silence, mais encore les grouper dans un même chapitre et faire ressortir les diverses considérations qui en découlent sur l'exploitabilité du gisement. A l'excuse de notre camarade, on doit bien reconnaître que, sur ces points, les stagiaires se heurtent généralement à beaucoup de discrétion. Il n'en est pas moins vrai que toute visite de mine métallique, pour être tout à fait fructueuse, devrait comporter au moins un essai d'enquête sur ces questions. Ce qu'il est convenu d'appeler dans la pratique l'étude économique des gisements mériterait d'être placé au premier plan de l'enseignement de l'Ecole.

Il est un autre sujet que M. Lorimy a effleuré à plusieurs reprises dans le cours de son exposé sans lui donner tous les développements qu'il eut mérités. C'est l'examen des grands phénomènes économiques nés des profondes modifications apportées, à la suite de la guerre, dans le régime industriel de la Haute-Silésie. Sans chercher à discuter les problèmes si complexes qui se sont posés, il eut été instructif de les mettre davantage en lumière.

La seconde partie du journal de M. Lorimy est consacrée à sa visite des Mines de Carmaux, où il s'est attaché à étudier certaines questions spéciales.

Dans ces monographies à objet bien défini se retrouve l'intérêt que M. Lorimy porte, à juste titre, à tous les travaux du fond. Une mention particulière doit être accordée à l'étude détaillée du travail du mineur, où le dépouillement des temps des divers gestes accomplis par l'ouvrier permet d'avoir une vision précise du rendement de l'abatage. Un chapitre sur l'organisation du travail et sur le chronométrage montré une application heureuse des nouvelles méthodes de contrôle du travail.

L'ampleur raisonnable du Mémoire, sa présentation claire, ne rendent pas sa lecture trop aride. Il s'en dégage l'impression très nette que son auteur n'a pas manqué de tirer un grand profit de ses divers contacts avec les réalités industrielles.

A l'aube de sa carrière d'ingénieur, il faut louer M. Jean Lorimy d'avoir couronné ses travaux scolaires en méritant cette médaille d'or que vous applaudirez de lui voir remettre.