Paulin LEMOINE (mort en 1917)


Lemoine en 1900, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1897). Ingénieur Civil des Mines


Publié dans Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Novembre-décembre 1917 :

Non seulement la terrible guerre qui, depuis trois ans et demi est déchaînée sur l'Europe, a déjà privé la Compagnie de Bruay d'un nombre trop important de ses ouvriers, employés ou ingénieurs, mais voilà maintenant qu'une maladie implacable lui enlève en la personne de Paulin Lemoine un de ses meilleurs ingénieurs.

Après une excellente préparation, Lemoine fut admis en 1897 aux cours spéciaux de l'Ecole Nationale supérieure des Mines. Il obtint en juillet 1900 son diplôme d'Ingénieur civil des Mines et entra aussitôt à la Compagnie de Bruay en qualité d'Ingénieur stagiaire.

Les débuts furent consacrés à compléter par la pratique la forte instruction technique qu'il avait reçue à l'Ecole des Mines.

Quelques mois plus tard il était nommé ingénieur de la fosse n° 1, où il resta jusqu'en janvier 1907 pour prendre à cette époque la direction de la fosse n° 3.

Dans ces différents postes, Lemoine se montra passionnément épris de son métier, étudiant et discutant à fond les nombreuses difficultés qui se révèlent à tout moment quand il s'agit d'extraire dans les meilleures conditions de sécurité et d'économie la houille que la terre renferme depuis des siècles.

Très actif en même temps que chercheur infatigable. Lemoine était bien l'ingénieur que réclame la Mine moderne dans laquelle l'application de l'outillage mécanique dans les travaux souterrains prend un si grand essor.

Mobilisé le 3 septembre 1914, il nous fut renvoyé en sursis trois mois plus tard et consacra tous ses efforts à développer la production jusqu'au jour où, étreint par le mal qui devait l'emporter, il se vit obligé de cesser son service. C'est alors que commencèrent pour lui en même temps que les souffrances physiques les tortures morales.

Cet homme solidement bâti, ce travailleur ne pouvait se résigner à abandonner son poste et je le vois encore au début de cette année venir nous demander à participer à l'effort commun ; il ne voulait pas qu'on put supposer un instant qu'il se reposait alors que ses collègues étaient surchargés de besogne, il insistait pour reprendre son poste ; mais le métier d'ingénieur du fond est peu compatible avec la maladie. C'était rendre service à Lemoine que de ne pas accepter son sacrifice car la guérison (si elle était encore possible, comme nous l'espérions à cette époque) aurait été d'autant plus rapide que toute fatigue lui aurait été évitée.

Hélas ! malgré les meilleurs soins, notre malheureux collègue est mort à Paris, loin de ses ouvriers, dont il était profondément aimé, et qui ne peuvent, malgré leur grand désir, le saluer une dernière fois et manifester leurs regrets de la grande perte qu'ils éprouvent.

En leur nom, au nom du Conseil d'administration et de l'administrateur-directeur général des Mines de Bruay, au nom de tous ses collègues, je présente à Mme Lemoine et à sa famille les plus sincères condoléances et j'adresse à notre camarade un dernier adieu.

Louis Laurent.