Discours prononcé par Henry LE CHATELIER, inspecteur général des mines, membre de l'Institut, professeur à l'Ecole nationale supérieure des mines, le 11 décembre 1909 au Palais d'Orsay, à l'occasion du banquet annuel des anciens élèves de l'Ecole des Mines.

Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, 1909.

MES CHERS CAMARADES, MESSIEURS,

J'ai accepté avec plaisir la présidence de notre banquet annuel. Le bureau de votre Association m'a fait le plus grand honneur en m'invitant à succéder dans cette place à quelques-uns des plus illustres de nos anciens camarades. Je le remercie de tout coeur pour ce témoignage de sympathie.

Une inquiétude cependant m'a pris en songeant au discours, corollaire obligatoire de toute présidence. Je voudrais ne pas dire de paroles trop inutiles et je crains d'autre part, en m'expliquant franchement, de choquer des sentiments respectables.

Avant d'entrer en matière, je vous ferai ma confession publique. A l'âge où mes idées ont commencé à prendre leur orientation définitive, c'est-à-dire à l'âge des plus jeunes d'entre vous, quand j'étais encore élève à l'Ecole polytechnique, je me suis trouvé brusquement transporté dans un milieu essentiellement révolutionnaire, Ma salle était un peu la cage aux lions. J'y ai fait cependant de bonnes et durables amitiés, et sans cesser d'être assez conservateur, rétrograde même au dire de quelques-uns, je me suis habitué à considérer, sans émotion exagérée, les propositions les plus subversives. Permettez-moi, pour préciser ma pensée, d'employer une comparaison technique.

Je suppose une mine débouchant a un niveau supérieur au quai d'embarquement. Il faut faire descendre le minerai, plusieurs procédés peuvent être employés. Un procédé simple, ne demandant pas de grands frais d'imagination, que je qualifierai de révolutionnaire, consiste à installer un plan incliné au hasard, sans rien calculer. Il y a bien des chances pour que la pente ne soit pas convenable. Le minerai ne glissera pas de lui-même et son accumulation au sommet du plan formera un tas de plus en plus élevé. Mais, à un moment donné, tout s'ébranlera, se précipitera en bas; il y aura de la casse, peut-être quelques ouvriers tués, mais le résultat essentiel sera atteint, car le minerai arrivera au niveau où on peut l'utiliser. Il y a un autre procédé, d'un caractère plutôt réactionnaire, consistant à employer une machine perfectionnée pour faire circuler le minerai, capable de l'amener sans heurt du niveau supérieur au niveau inférieur, par exemple, un tube tournant légèrement incliné. Cet appareil suffit pour supprimer toute espèce de frottements; une tendance au mouvement, si faible soit-elle, produit son effet.

C'est là le régime que je voudrais pour l'Ecole des Mines. Je désirerais y voir des changements incessants, effectués par principe, chaque fois que l'occasion s'en présente ; par exemple ne jamais remplacer un professeur, sans remanier les programmes. Le changement pour le changement équivaut au mouvement de rotation, il permet aux nécessités les plus légèrement manifestées de faire sentir leur influence. J'ai applaudi à la création des cours de chemins de fer et j'en voterai aussi volontiers la suppression, s'ils ne rendent pas ce que nous attendons d'eux. Je ne jugerai pas pour cela l'expérience inutile.

Il peut cependant arriver à la meilleure machine de gripper, de cesser de fonctionner, faute de graissage ou pour toute autre cause. C'est alors que les procédés révolutionnaires deviennent indispensables, ils permettent d'obtenir un résultat nécessaire, qui eût cependant été obtenu à meilleur compte, si la machine avait bien fonctionné. Sans un coup d'épaule, peut-être un peu brusque, du sous-directeur de l'Ecole des Mines, l'organisation des nouveaux laboratoires, le développement de l'enseignement des langues vivantes, seraient restés à mûrir lentement à l'ombre des cartons verts. Les méthodes évolutionnistes et révolutionnaires, loin d'être antagonistes, se complètent donc l'une l'autre. Tâchons cependant de nous contenter des premières, elles sont moins onéreuses; mais pour y arriver, il ne faut pas hésiter à faire tourner sans cesse la machine, il ne faut pas se refuser systématiquement à toute innovation.

Après cette précaution oratoire j'aborde mon sujet.

Vous voulez tous ici arriver à de belles situations industrielles, j'ajouterai même que c'est votre devoir le plus strict d'avoir cette ambition ; mais la lutte est difficile et le deviendra tous les jours davantage. Pendant longtemps les ingénieurs ont formé une caste aristocratique jouissant de nombreux privilèges ; ils voyaient en particulier leur travail plus largement rémunéré que dans les professions voisines : magistrature, armée, enseignement, etc. La concurrence s'est naturellement développée, les écoles techniques se multiplient et l'Université commence à entrer en ligne. Vous connaissez les Instituts de Nancy; l'Université deviendra pour notre École une concurrente redoutable le jour, peut-être assez lointain encore, où elle saura utiliser convenablement les ressources illimitées mises à sa disposition par les contribuables.

Il faut aujourd'hui se défendre, mais il faut tâcher de le faire élégamment, par amour-propre personnel d'abord, mais aussi pour un autre motif. Tous les jours, dans les usines, vous vous trouvez en contact avec des ouvriers, pour lesquels la lutte pour l'existence n'est pas moins dure. Votre exemple peut avoir une grande influence sur la façon dont ils mèneront cette lutte. C'est là un des problèmes sociaux les plus importants de l'époque actuelle.

Il y a deux façons d'envisager la lutte pour l'existence. On peut s'efforcer de prendre ce que possède son voisin ou l'empêcher de prendre ce qui est encore dans le domaine public, en s'en emparant le premier. Cette manière de faire est la plus simple, mais aussi la moins intéressante, car elle n'enrichit pas la communauté, l'un perdant ce que l'autre gagne. C'est la préoccupation de l'ouvrier demandant une augmentation de salaire, de l'ingénieur cherchant à être renseigné le premier sur les places vacantes pour aller les solliciter, du commerçant tâchant de donner à la partie adverse moins qu'il ne reçoit d'elle.

Cette défense personnelle est certainement légitime, elle est même absolument indispensable. Celui qui s'en désintéresserait serait a peu près certain d'être sacrifié, mais elle ne suffît pas. L'ouvrier, qui demande tous les jours une participation plus grande aux bénéfices de l'industrie et limite là ses désirs, ne comprend pas que, si depuis un siècle sa situation sociale et matérielle s'est complètement transformée, il le doit avant tout au développement des machines et au progrès de la science. Il devrait harceler les capitalistes pour les obliger à développer l'outillage de leurs usines, au lieu de s'y opposer, comme il le fait trop souvent. L'industriel français, qui cache jalousement à ses concurrents les études les plus insignifiantes faites dans ses laboratoires, ne comprend pas les raisons de la suprématie de l'industrie allemande, due pour une part importante à la libre diffusion des connaissances techniques journellement répandues par les journaux et les sociétés techniques. L'exemple des compagnies houillères françaises, si libérales dans leurs relations réciproques, devrait être imité par toutes nos industries. Les écoles, qui luttent les unes contre les autres pour s'entredévorer, discréditent leur propre enseignement et détournent les industriels de recourir à leur concours. Il faut, si l'on comprend intelligemment la lutte pour l'existence, certainement défendre ses droits contre ses concurrents, mais plus ardemment encore, se montrer toujours prêts à collaborer avec eux au bien général.

Vous ne pouvez pas empêcher le développement des écoles concurrentes et auriez tort de chercher à le faire, de vouloir imiter les exemples qui ont pu vous être donnés ailleurs, mais vous pouvez travailler à augmenter le nombre des places réservées aux ingénieurs dans l'industrie. Il appartient aux anciens de rendre ce service à leurs jeunes camarades. Il faut tâcher ensuite de vous montrer plus apte que vos concurrents à remplir ces places. C'est ici l'affaire des jeunes.

Dans la grande industrie : mines de houille, aciéries, chemins de fer, le personnel technique est déjà nombreux et à peu près au complet. Mais ce n'est pas là toute l'industrie française ; la fonderie, la petite construction mécanique, la céramique, la verrerie, l'industrie des chaux et ciments, celle des matières colorantes, la papeterie et bien d'autres, sont relativement très arriérées. J'ai toujours gardé le souvenir d'une usine fabricant annuellement trente mille tonnes de produits, possédant pour tout personnel technique un ancien notaire, servant de directeur et, comme chimiste, une jeune fille munie des diplômes de l'enseignement élémentaire. Il y avait certainement dans cette usine place pour plusieurs ingénieurs. Tous ceux d'entre vous qui appartiennent à la grande industrie peuvent facilement réagir contre cette situation en refusant d'accepter des produits médiocres livrés sans aucune garantie : des briques réfractaires inférieures pour leurs hauts fourneaux, des chaux pseudo-hydrauliques pour les corons des mineurs, et pour l'impression de leurs circulaires des papiers à peine bons pour la hotte du chiffonnier. Par une guerre incessante faite aux petites usines, ils les amèneraient à transformer leur outillage et leur personnel pour le plus grand bonheur des jeunes camarades, pour le plus grand bien du pays et aussi pour le plus grand profit de ces usines, incapables aujourd'hui de lutter avantageusement contre la concurrence étrangère. Il y a ainsi des milliers de places d'ingénieurs à l'état embryonnaire, il faut les faire éclore.

Il ne suffit pas cependant d'augmenter les débouchés, il faut aussi améliorer la formation des ingénieurs sortis de notre École pour leur assurer les premières places. Je parle ici d'amélioration, sans aucune arrière-pensée de critique pour le passé, simplement parce que je crois au progrès en toutes choses. Ce n'est pas adresser une critique à un ancien chef d'industrie de signaler devant lui la supériorité des usines modernes sur celles du temps passé. Il n'y a rien de désobligeant non plus pour le personne actuel de l'École des Mines à exprimer le désir de voir dans l'avenir les méthodes d'enseignement devenir plus parfaites encore. C'est seulement énoncer une nécessité inéluctable : progresser ou mourir.

Les problèmes de l'enseignement sont illimités. Je voudrais ce soir aborder avec vous un seul point particulier, insister sur la nécessité d'une collaboration tous les jours plus intime entre le corps enseignant, l'Association amicale et les jeunes élèves actuellement sur les bancs de l'École. Je ne parlerai pas des programmes, car je suis très sceptique à leur endroit. A mon sens ils valent seulement par l'autorité des professeurs chargés de les appliquer et par l'activité des élèves destinés à en profiter.

Comment élèves, ingénieurs et professeurs peuvent-ils concourir à améliorer l'enseignement de l'École? Je m'adresserai d'abord aux plus jeunes. Sans souscrire peut-être complètement aux compliments que M. PELLETAN leur adressait ces jours-ci au sujet de leur ardeur au travail, sans leur accorder comme lui une supériorité incontestée sur tous leurs camarades étrangers, je m'empresse de déclarer que leur travail est en moyenne très satisfaisant, au moins comme quantité, mais la qualité pourrait encore en être améliorée. Je voudrais les voir s'habituer plus rapidement à l'effort personnel, s'intéresser au travail pour lui-même sans s'hypnotiser sur les questions de classement, en un mot les voir dépouiller plus complètement leur vieille carapace de collégien. A ce point de vue les jeunes Américains sont certainement supérieurs aux jeunes Français, ils comprennent l'importance de la dépense de temps et d'argent que représentent trois années de séjour dans les écoles techniques et ils veulent en avoir pour leur argent. Le diplôme n'est pas le terme extrême de leurs ambitions.

Il y a certainement eu dans ces dernières années un grand progrès parmi les élèves de l'École des Mines. Nos jeunes camarades montrent une préoccupation plus intelligente des questions générales d'enseignement, s'intéressent plus à leur École que nous ne le faisions à leur âge. Les groupements formés entre eux ont, en resserrant les liens de camaraderie, développé une certaine activité intellectuelle collective, inconnue autrefois. A mon avis personnel, nous devrions, comme professeurs, encourager ces nouvelles tendances en appelant sinon dans le Conseil, comme cela a lieu, je crois, à l'École des Mines de Liège, au moins dans les commissions, quelques élèves comme secrétaires. En voyant les efforts faits pour améliorer l'enseignement, ils s'y intéresseraient davantage, ils pourraient même à l'occasion nous donner des conseils utiles, en nous rappelant nos anciennes décisions et nous empêchant de prendre à quelques semaines d'intervalle des résolutions contradictoires.

Ils peuvent en attendant, et ils ont déjà commencé à le faire, ce dont je les félicite, étudier de leur côté les problèmes que soulève le fonctionnement de l'École et nous soumettre les résultats de leurs réflexions. Leur compétence est peut-être discutable, mais peu importe, les efforts personnels, les réflexions faites à cette occasion, leur auront été aussi profitables que l'étude de nombreux cours. S'ils veulent cependant exercer une influence, même assez restreinte, ils doivent éviter de mêler aux questions d'intérêt général de petites préoccupations personnelles, s'interdire de venir isolément saisir à tort et à travers la direction de propositions plus ou moins réfléchies ou de réclamations injustifiées. Quand le Directeur donne lecture au conseil d'une lettre d'un élève déclarant qu'il a été atteint la veille de son examen d'une attaque de neurasthénie foudroyante et ensuite d'une proposition très sensée et étudiée avec soin sur tel ou tel point de l'enseignement, le voisinage des deux lettres réagit de l'une sur l'autre. Pour carotter l'administration, il vaut mieux se contenter de traiter la question de vive voix, en se rappelant la maxime : verba volant, scripta manent.

Passons maintenant au rôle de l'Association amicale. Par l'expérience industrielle des membres de son bureau elle devrait être le conseil naturel et incessant du corps enseignant de l'École. Nous avons dans ce but demandé l'adjonction au Conseil de Perfectionnement du Président de l'Association amicale, mais les réunions de ce Conseil sont très espacées, et dans l'intervalle, le Président de l'Association pourrait nous rendre service en prenant l'initiative de nous suggérer telle ou telle proposition nouvelle ou en nous aidant à faire aboutir celles qui sont déjà sur le chantier. Son intervention serait particulièrement précieuse au sujet de certains problèmes si fréquemment discutés parmi nous depuis quelques années: la suppression des privilèges exorbitants accordés autrefois aux élèves étrangers, l'abaissement de la limite d'âge, le développement de l'enseignement des langues vivantes, l'organisation des travaux de projets, peut-être la spécialisation en troisième année, etc. En présence des résistances imprévues auxquelles nous nous heurtons, il n'est pas trop de toutes nos forces réunies pour triompher des obstacles lancés en travers de notre route. Avec un peu de volonté et de persévérance, forts de la justice de notre cause, appuyés sur toute votre influence industrielle, nous mènerons à bonne fin la tâche entreprise.

Je sais bien cependant l'objection opposée à une intervention trop active de l'Association amicale. Il est difficile d'offrir ses conseils quand on ne vous les demande pas, on s'expose à provoquer des froissements. Cela est certain, mais partout il est impossible de faire un mouvement sans mettre en jeu des frottements. C'est une loi qu'il faut subir. On ne renonce pas, pour éviter cet inconvénient, à faire fonctionner ses machines, on se contente de réduire les frottements au minimum et, pour le reste, on en prend son parti: sans cela on ne ferait jamais rien. Les froissements pouvant résulter d'une démarche utile et désintéressée sont vite oubliés ; quinze jours après, personne n'y songe plus, on ne voit que le résultat. Ce que vous faites tous les jours pour vos usines, faites-le aussi pour votre ancienne École.

Le rôle direct de l'Association amicale vis-à-vis des élèves n'est pas moins important. Pour former un ingénieur, c'est-à-dire un homme d'action, l'instruction ne suffit pas. l'éducation est plus utile encore. Vos conseils appuyés sur une longue expérience industrielle ont une grande valeur. Ils seraient accueillis volontiers par vos jeunes camarades; ils vous croiraient plus que nous, si vous veniez leur dire combien ce qu'ils apprennent dans les cours est peu de chose en présence de ce qu'ils ignorent encore, si vous leur expliquiez l'utilité des stages pratiques et la façon de les faire avec profit, et bien d'autres choses semblables. Nous avions essayé, il y a quelques années déjà, pour faciliter ce rapprochement, d'organiser des causeries faites par d'anciens élèves, mais cette tentative a échoué. Les causeries se sont de suite transformées en conférences trop dogmatiques. Tout récemment, les élèves de l'École ont repris le même essai sous une autre forme et semblent avoir mieux réussi. A leur réunion du mardi, ils invitent tantôt l'un, tantôt l'autre à venir causer ainsi devant eux. Ces réunions, d'un caractère tout à fait intime, constituent une excellente initiative, à laquelle je souhaite un succès complet.

Je termine par la question des professeurs, sujet un peu délicat à traiter pour moi. Je puis cependant vous rappeler l'initiative que nous avons prise il y a quelques années, lors de la nouvelle rédaction des règlements de l'École des Mines, celle de supprimer toute limitation de catégories pour le recrutement des professeurs. Tout en conservant le désir de voir ce recrutement continuer à se faire de préférence parmi les ingénieurs du corps des mines, nous attachons plus d'importance encore à avoir des professeurs rompus avec l'industrie qu'ils sont chargés d'enseigner, s'étant en même temps acquis par leurs travaux personnels le droit de parler avec autorité et de se faire écouter. En fait d'instruction et d'éducation, la confiance et l'estime des élèves sont les leviers les plus puissants d'action.

Peut-être cependant pourrait-on songer à une réforme plus radicale et imiter ce qui se fait avec beaucoup de succès à l'Ecole des Mines de Leoben, ce qui existe d'ailleurs à un certain degré en France dans la plupart des établissements supérieurs dépendant de l'Université. On devrait binômer chaque cours, c'est-à-dire les grouper deux par deux et confier chaque groupe à un seul professeur titulaire, aidé par un professeur adjoint temporaire, qui serait en même temps chef de travaux pratiques. L'adjoint devrait être constamment présent au milieu des élèves pendant leur séjour au laboratoire ou à la salle de dessin. Il devrait être jeune, ne prendre aucune occupation en dehors de l'École et conserver au plus ses fonctions pendant six ou neuf années consécutives. Il serait payé comme le titulaire, mais ce dernier aurait l'avantage de jouir d'une plus grande liberté et la latitude de prendre des occupations en dehors de l'École. Cette transformation pourrait sans grande difficulté être progressivement réalisée avec une réduction notable du personnel enseignant de l'École, qui est beaucoup trop nombreux aujourd'hui. Cela permettrait aussi de mieux payer chaque unité; enfin cela créerait une pépinière fertile pour le recrutement des professeurs titulaires.

Sans insister plus longtemps sur des projets encore lointains, je vous demanderai seulement en finissant d'unir tous les jours davantage tous vos efforts pour le développement et le succès de notre École des Mines. Je m'adresse surtout à nos plus jeunes camarades, encore élèves à l'École, et les prie instamment de travailler sans relâche à cimenter ces liens entre nous, malgré nous-même s'il le fallait. Moins blasés que leurs aînés, ils doivent encore être capables de quelque enthousiasme, croire à leur école, à leur drapeau et être capable de se dépenser un peu pour elle.

Le discours de M. LE CHATELIER est salué par de vifs applaudissements. M. ROUY, Président de l'Association, se lève et s'exprime ainsi :

MON CHER PRÉSIDENT,

Vous avez bien voulu, pour un moment, abandonner vos grands travaux, interrompre vos laborieuses et intéressantes recherches et accepter de venir, ce soir, présider notre banquet annuel, cette grande réunion d'amis. Au nom du Comité de notre Association amicale, je vous adresse mes bien sincères remercîments. Permettez-moi d'ajouter, tout simplement, que vous nous faites grand plaisir et que nous sommes très heureux de votre présence parmi nous.

Membre de notre Comité, vous ne nous avez jamais ménagé votre concours toujours bienveillant et dévoué, et vous avez travaillé avec nous pour le bien de notre oeuvre.

Vous êtes attaché à notre Association, vous l'aimez ; aujourd'hui même, vous donnez une nouvelle preuve de l'intérêt que vous n'avez cessé de lui porter et à nous, élèves et anciens élèves de l'École des Mines, une nouvelle marque de sympathie. Je vous prie de croire à nos sentiments reconnaissants et, en notre nom à tous, je porte votre santé.


Le Chatelier caricaturé par un élève des Mines de Paris
(Petite Revue des élèves, 1911, page 33)
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