Pierre Paul LAFFITTE (1925-2021)

Ci-contre,
Pierre Laffitte
entouré du ministre
d'Ornano
et de R. Fischesser

Né le 1er Janvier 1925 à Saint-Paul, Alpes-Maritimes, France. Décédé le 7 juillet 2021. Fils de Jean LAFFITTE, artiste peintre, et de Lucie FINK. Marié en 1ères noces à Sophie GLIKMAN-TOUMARKINE (d'une famille noble russe) (1905-1979), qui donna son nom à la place Sophie Laffitte (Sophia Antipolis). Remarié à Mme CAPITANT née Anita GARCIA (décédée le 16 juin 2005), ancienne assistante du chef du centre de calcul de l'Ecole des mines de Paris, elle a ensuite longtemps oeuvré, aux côtés de son mari, au développement de l'Ecole des mines de Paris). Remarié en 3èmes noces avec Sophie MICHEL, médecin.
Jean, père de Pierre Laffitte, était lui-même le petit-fils de Justin POUYANNE (1835-1901 ; X 1853), fondateur du service des mines d'Algérie, qui devint ingénieur général des mines.

Chargé par le Président de la République depuis janvier 2009 d'une mission pour le développement de l'innovation en Euroméditerranée.

Sénateur des Alpes-Maritimes du 14 mai 1985 au 21 septembre 2008, Vice-Président de la Commission des Affaires Culturelles du Sénat (jusqu'en 2004), Sénateur honoraire (depuis septembre 2008).
Président-Fondateur de Sophia Antipolis, France, et du Club des Technopoles (International Association of Science Parks)

 

DIPLOMES

CARRIERE

AUTRES FONCTIONS

OEUVRES

DECORATIONS

Photo Sénat


Pierre LAFFITTE en 1973
Photo ENSMP


Anita, 2ème épouse de Pierre Laffitte, ici photographiée le 12 décembre 1983 lors d'une manifestation officielle à Fontainebleau
(C) Photo Ecole des mines de Paris

Selon Patrick Pouyanné, Luc Rousseau et Jacques Aschenbroich :
Directeur général du BRGM, sous-directeur notamment en charge de la formation du corps puis directeur de l'Ecole des mines de Paris, sénateur pendant près de vingt ans ... La vie très riche de Pierre Laffitte a été entièrement tournée vers la recherche, l'innovation et le développement économique. Par la « recherche orientée », il tentera de réconcilier la recherche fondamentale et la recherche appliquée.

Dans les Alpes-Maritimes, Pierre Laffitte a été un aménageur et un innovateur hors pair. Il a convaincu ses anciens camarades du Lycée Masséna d'acheter des hectares de pinède pour créer Sophia Antipolis, la première technopole de France et d'Europe, qui compte à sa mort 2500 entreprises et 36000 emplois.

Dans un discours à l'Ecole en 1984, Pierre Laffitte déclarait : « L'avenir est à ceux qui osent et réalisent. Il nous est donc ouvert ». Merci à Pierre d'avoir réalisé de façon exceptionnelle. L'héritage qu'il laisse à notre pays est immense. Il restera pour les ingénieurs des mines un exemple.

Voir aussi :

Note de Robert Mahl
Parmi les grands mérites de Pierre Laffitte, il y a celui d'administrateur d'exception qui n'est que rarement mentionné dans les hommages qui lui sont rendus.

L'arrivée de Pierre Laffitte à la tête de ce qui s'appelle maintenant le BRGM, puis à la tête de l'Ecole des mines de Paris, marque une véritable rupture par rapport à la méthode de gestion d'Edmond Friedel. Friedel, un homme profondément intègre, avait créé en 1941 le BRGG (l'ancêtre du BRGM), imprégné de l'idée d'un service public totalement désintéressé de toute considération financière. Cet Établissement public à caractère administratif (EPA) disposait de 52 postes budgétaires très mal rémunérés, alors que les résultats de ses explorations géologiques intéressaient au plus haut point certains industriels. Les faibles salaires ne permettaient pas de pourvoir les 52 postes. Il n'est pas surprenant que voie le jour une caisse noire destinée à améliorer les salaires grâce à des ressources externes, et qui permette même de recruter des collaborateurs externes payés entièrement au noir. Cette caisse était gérée par le directeur technique de l'oganisme, Louis Guillaume, tandis que Friedel et son adjoint, Jean Goguel, avaient choisi d'ignorer son existence pour ne s'intéresser qu'aux aspects scientifiques. Il se trouve que Guillaume meurt accidentellement le 29 mai 1952 et que Goguel cède son propre poste à Laffitte la même année. Laffitte fait immédiatement reconnaître l'aspect commercial des travaux du BRGG ; dès 1953 le BRGG devient BRGGM, un Établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), et ses effectifs doublent dès 1954 !

Lorsque Pierre Laffitte arrive à l'Ecole des mines comme adjoint de Raymond Fischesser, l'Ecole vit encore comme à l'ère Friedel (qui la dirigea pendant 20 ans). Ce n'est même pas un EPA, c'est un service du ministère de l'industrie ! D'autre part, Friedel ne croyait par à un réel besoin de l'économie en ingénieurs et avait exclu toute croissance des effectifs d'élèves-ingénieurs. Autre bizarrerie, la recherche scientifique était vécue comme un passe-temps agréable des enseignants, mais sans réel intérêt économique. Fischesser est moins malthusien que Friedel, il accepte la croissance des effectifs de chercheurs mais limite celle des élèves-ingénieurs, et il s'oppose à la transformation de l'Ecole en EPA ou bien en EPIC au motif que la tutelle ministérielle se désintéresserait d'une Ecole qui quitte son giron. Qu'à cela ne tienne, Laffitte crée Armines, une simple association destinée à gérer des contrats de recherche des laboratoires. Il est pleinement conscient que l'existence même d'Armines est critiquable, mais aucune autre solution légale n'est disponible. Les patrons des centres ou équipes de recherche de l'Ecole peuvent désormais conclure des contrats avec des organismes privés ou publics, et recruter des personnels supplémentaires ou acheter des équipements grâce à ces contrats. C'est aussi là qu'apparaît le génie administratif de Pierre Laffitte : il a réussi à déléguer les responsabilités de gestion aux patrons de laboratoires et à réduire les contraintes administraitves et financières auxquelles ceux-ci étaient soumis.

Pierre Laffitte s'est intéressé à l'histoire du corps des mines, qui avait compté de nombreux éminents scientifiques au cours du XIXème siècle. Après 1918, les nouveaux membres du corps s'étaient orientés presque esclusivement vers le business, ce que Laffitte considère comme un gâchis. Lorsque Laffitte est nommé sous-directeur de l'Ecole, il insiste pour que au moins 20% des nouveaux entrants soient orientés vers la recherche, avec une préférence vers la formation de Ph.D. aux États-Unis, dans un domaine de pointe autre que la géologie ou le nucléaire. Laffitte réforme aussi la formation, à l'Ecole des mines, des élèves du corps des mines destinés à une carrière administrative : il estime en effet qu'on apprend mieux ce genre de profession en l'exerçant. Il supprime ainsi les cours traditionnels inutiles, comme la géologie qui disparaît du cursus ou la cristallographie réduite à une seule séance de cours assurée par Raymond Fischesser lui-même. Par contre, la durée des stages est allongée à 18 mois, soit la moitié de la scolarité.