Pierre Lucien Jean GUILLAUMAT (1909-1991)

Né à la Flèche (Sarthe), le 5 août 1909. Décédé le 28 août 1991.
Fils du général d'armée Adolphe GUILLAUMAT (1863-1940, ancien ministre de la Guerre), et de Mme née Louise Pierrette Jeanne BIBENT (morte le 4/5/1960). Marié le 6 février 1946, à Monique VILLEMAIN. Père de Anne (Mme Christophe de BLIGNIERES), Jean, François.

Ancien élève de Polytechnique (promotion 1928), et de l'Ecole des Mines de Paris (entré en 1931 classé 6, sorti en 1933 classé 5). Corps des mines (service colonial).

Pierre Guillaumat élève de l'Ecole polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique


Après des études au Prytanée militaire de La Flèche, puis à l'École polytechnique, il devient Ingénieur des mines colonial. Affecté au service des mines en Indochine (1934-1939), il développe et diversifie les investissements industriels. De 1939-1944, en Tunisie, il mène conjointement la mise en valeur du sous-sol et la résistance à l'occupant.
En 1943, il s'engage au BCRA (Bureau de contre-espionnage, renseignement et action, dirigé par le colonel Passy) puis dans la IIIe armée.

C'est l'artisan de l'industrie pétrolière d'après-guerre dans le poste de directeur des carburants au ministère de Industrie et de l'Énergie (novembre 1944-1951), l'homme de l'atome (1951-1958) en tant qu'administrateur général du CEA (poste dans lequel il succède à Raoul DAUTRY), il continue conjointement son action dans l'industrie pétrolière avec la création du groupe Elf-Aquitaine (1959-1977). De 1954 à 1959, il préside le Bureau de recherche de pétrole (BRP). Il lance alors les recherches pétrolières , notamment dans le Sahara algérien.

Il est le père de la construction du centre de Marcoule et participe à celle des deux grandes piles nucléaires et de la 1ère bombe A française.

En mars 1956 : il vice-préside le comité de l'OCDE pour les questions d'énergie nucléaire et préside la section Euratom de la délégation française pour la préparation du traité instituant le marché commun et l'Euratom.

Nommé ingénieur général des Mines en 1955, il devient membre du Conseil général des Mines.

Il est ministre des Armées de 1958 à début 1960 ; il espère pouvoir conserver le pétrole saharien à la France, mais doit démissionner. Il prend alors le portefeuille de la Recherche jusqu'en 1962. Son passage ministériel (1958-1962) dure seulement sous DEBRÉ.

En 1964-1965: il succède à Roger Gaspard à la présidence d'EDF.

A partir de fin 1965, il se consacre entièrement au secteur pétrolier et devient président-directeur général de la Société nationale des pétroles d'Aquitaine. De décembre 1965 à août 1977 il préside l'ERAP, devenue en 1967 ELF). Il est pris dans le scandale des avions renifleurs en 1979, ayant décidé en 1976 sans prendre l'avis d'aucun de ses collaborateurs mais après avoir consulté le président Valéry Giscard d'Estaing (qui avait flairé le piège) d'investir 500 MF dans un procédé qui n'était en fait qu'une vaste escroquerie ; les escrocs avaient obtenu le paiement de 150 MF d'acomptes sur la base d'une expérience truquée et n'avaient même pas révélé le phénomène physique qui était censé entrer en jeu.

En 1969 il devient membre du conseil de perfectionnement de l'École polytechnique, puis de 1971 à 1974 président de ce conseil.

Le 2 janvier 1979, il est admis à la retraite du corps des ingénieurs des Mines. On le retrouve en juillet 1979 membre du conseil d'administration des Galeries Lafayette puis à compter de décembre 1979 de la Banque Courtois. De 1978 à 1990, il préside le comité des relations industrielles du CNRS.

Pierre Guillaumat s'est surtout beaucoup occupé au cours de sa carrière de la sécurité des approvisionnements énergétiques, de la maîtrise de la force de frappe nucléaire et de la construction d'une industrie d'armement autonome, et de la liaison science-industrie.

De 1977 à 1979, il mène une action importante dans le domaine des carrières. Il consacre les dernières années de sa vie à la ligue nationale contre le cancer.

Grand-Croix de la Légion d'honneur (1978). Croix de guerre 39-45.


A lire et à relire : Pierre Guillaumat la passion des grands projets industriels, IDHI - Editions Rive Droite, 1995.


Remise de la Grand Croix de la Légion d'honneur
à l'Hotel Matignon, le 25/10/1978, par Raymond BARRE


 
Le père de Pierre GUILLAUMAT est Marie Louis Adolphe GUILLAUMAT (1863-1940). Il est le fils de Louis GUILLAUMAT, officier. Adolphe GUILLAUMAT fait Saint-Cyr dont il sort major en 1884. Il choisit l'infanterie. Il se distingue en Indochine et en Chine, notamment dans la guerre des Boxers. Il est nommé professeur d'histoire militaire à Saint-Cyr (1903) puis professeur de tactique d'infanterie. Chef de corps en 1910, il est général en 1913. En 1914, il est le chef de cabinet militaire du ministre de la guerre MESSIMY. Il dirige des unités en combat, notamment à Verdun. En 1917, il prend part à la guerre dans les Balkans. Il commande la place de Paris en 1918, l'armée du Rhin en 1924. Ministre de la guerre pendant quelques semaines en 1926, il préfère reprendre son commandement en Rhénanie qu'il conserve jusqu'en 1830. Il est mis hors cadre en 1933. Il est inhumé aux Invalides.