Fils de Jacques Pierre Michel GRANDIN et de Marie Anne Catherine BERANGER. Né à Elbeuf (Seine Inférieure) le 17/7/1787. Mort le 15/11/1821. Frère de Jacques Pierre Michel GRANDIN (1785-1804 ; X 1801) et de Charles Henri Pierre GRANDIN (1789-1863 ; X 1806 corps des ponts et chaussées).
Paru dans Annales des mines, année 1822, pages 617 à 622.
Henri-Pierre-Félix GRANDIN, ingénieur au Corps royal des Mines, fils d'un fabricant distingué d'Elboeuf, était né dans cette ville le 17 juillet 1787. Il fit ses premières études à l'Ecole centrale de Rouen, et les continua aux Ecoles centrales de Paris, où il acquit des connaissances assez étendues dans les différentes branches de l'histoire naturelle. Il fut admis, en octobre 1805, à l'Ecole Polytechnique, et deux ans après à l'Ecole des mines, qui était alors placée à Moutiers (département du Mont-Blanc).
La santé de M. Grandin avait été faible depuis sa naissance ; elle s'affaiblit encore pendant son séjour en Savoie, et l'obligea, après sa nomination comme aspirant en décembre 1810, de passer plus d'un an à Paris pour se rétablir. En 1812, il fut attaché au service des Mines dans les départements qui formaient alors la douzième division minéralogique, et placé en résidence à Mons (département de Jemmappes) ; il s'y fit bientôt remarquer par un zèle infatigable et par un courage qui faillit lui devenir funeste. Chargé de visiter les houillères des environs de Charleroy, où de fréquentes détonations de gaz hydrogène [grisou] compromettaient souvent la vie des ouvriers, il voulut, dans l'une des mines où l'air circulait mal, pénétrer, malgré le degré imminent de cette reconnaissance, jusqu'aux endroits où il présumait avec raison que les conduits d'aérage étaient dégradés. Il trouva en effet les parois de l'un de ces conduits à moitié renversées, et fit reconnaître la brèche par laquelle le gaz délétère s'échappait pour rentrer dans les travaux. Ce gaz prit feu à la lumière de M. Grandin, qui, se jetant aussitôt par terre, dut à cette précaution de ne pas perdre la vie ; mais il eut le visage et les mains fortement brûlés, et il porta pendant long-temps les marques de cet accident.
En août 1814, M. Grandin fut envoyé à Sarrebrück, et chargé de la direction de la mine de houille qui dépendait de l'Ecole pratique des Mines de la Sarre. Il s'y trouva collègue de M. l'ingénieur Brédif, sous-directeur de cette Ecole, avec lequel il devait avoir, peu d'années après, une triste conformité de destinée. Nommé ingénieur, en février 1815, M. Grandin fut, au bout de quelques mois, placé en résidence dans le département du Calvados, d'abord à Bayeux, puis à Caen, et chargé du service des mines dans les départemens du Calvados, de la Manche et de l'Orne.
Rapproché ainsi de sa famille et de son pays, et se livrant avec plaisir comme avec succès à des recherches géologiques, dans les moments de liberté que lui laissaient ses fonctions, il se trouvait heureux dans sa position.
Il accepta cependant sans hésiter la proposition qui lui fut faite, en mai 1818, d'aller au Sénégal pour remplacer, comme membre de la commission d'exploration de cette colonie, M. Brédif, que la mort y avait moissonné quelques mois après son arrivée. M. Grandin fut, à cette occasion, nommé ingénieur de première classe, le 1er juin.
Il partit de Lorient le 8 juillet 1818, et arriva à l'île Saint-Louis, après une traversée de vingt-deux jours. Une expédition pour le haut Sénégal était prête à partir : il fut décidé que M. Brédif n'en ferait pas partie, et qu'il resterait à Saint-Louis pour s'acclimater jusqu'à l'année suivante.
Pendant ce séjour au chef-lieu de la colonie, M. Grandin fut successive,ent chargé par l'Administration de divers travaux relatifs à la fabrication de la chaux et des briques, ainsi que du lever du plan général de l'île Saint-Louis, plan qui n'avait pas encore été fait. Il s'occupa en même temps d'observations géologiques sur la côte d'Afrique, et sur les bords du Sénégal, qu'il remonta jusqu'à Podor, c'est-à-dire pendant cinquante ou soixante lieues.
En septembre 1819, on voulut envoyer une nouvelle expédition dans le pays de Galam. M. Grandin et M. Oblet, capitaine au Corps royal du Génie, furent chargés de la partie scientifique de ce voyage ; ils devaient remplacer à Bakel (établissement français situé à 200 lieues de la mer, sur la frontière des pays de Galam et de Bondou), M. de Chastelus, ingénieur géographe, qui avait succombé, en décembre 1818, à des fatigues que le climat permet rarement de supporter ; mais les habitans du pays s'opposèrent à ce que le bâtimens français remontassent au-delà de Saldé ; la saison était trop avancée et les eaux du fleuve déjà trop basses pour qu'on pût forcer le passage et continuer sa route en état de guerre ; on revint donc à Saint-Louis.
Au commencement de 1820, M. Grandin fut chargé de faire une reconnaissance générale de tous les environs de Saint-Louis, et spécialement de tous les points susceptibles d'être mis en état de défense ; il fit ensuite un voyage à Gorée, où il séjourna quelque temps, et plusieurs courses minéralogiques sur les côtes de Cap Vert, de la baie du Rufisque et du cap de Naze.
Nommé par S. Ex. le Ministre de la marine chef de la commission d'exploration qui était recomposée pour la troisième fois, M. Grandin repartit pour le haut Sénégal en août 1820, et arriva heureusement à Bakel, où il a séjourné pendant un an. Les guerres continuelles qui avaient lieu entre les différentes peuplades du pays, l'ont empêché de visiter les mines d'or des pays de Bondou et de Bambouk, ainsi qu'il en avait été chargé ; il a dû se borner à faire des excursions peu éloignées dans le pays de Galam ; mais il a rendu ses courses très-utiles à la colonie, en découvrant des gisements abondants de pierres calcaires dont il manquait jusqu'alors pour les constructions de Bakel, et en y rédigeant une instruction détaillée sur la construction et la conduite des fours à chaux.
Cependant la santé de M. Grandin dépérissait : découragé par les obstacls qui semblaient se renouveler sans cesse pour l'empêcher d'atteindre le but principal de son voyage, il désirait revenir en Europe. Il en reçut l'ordre en août 1821 ; il arriva à Saint-Louis un mois après, et il se disposait à embarquer pour la France, lorsqu'une fièvre adynamique l'enleva en peu de jours, le 16 novembre 1821.
1o. Une Notice sur la nature des terrains traversés par le fleuve du Sénégal, depuis son embouchure jusqu'à Podor ;
2o. Un Rapport, extrait de ses notes et de celles de M. l'ingénieur Brédif, sur la nature des rives du même fleuve jusqu'à Saldé ;
3o. Un Mémoire sur la fabrication des briques et de la chaux à Saint-Louis ;
4o. Des Observations sur les travaux d'exploration à faire sur les rives du Sénégal et aux environs de ces rives ;
5o. Des Observations géologiques sur la partie de la côte d'Afrique située entre le cap Naze et la baie d'Yof, comprenant la presqu'île du cap Vert ;
6o. Un Rapport sur la nature des substances minérales existantes en grandes masses à Bakel et dans le pays de Galam ;
7o. Un Rapport sur l'exploitation et la fabrication de la chaux dans le haut Sénégal.
M. Grandin avait aussi transmis en 1820, à la collection minéralogique de l'Ecole royale des mines, une collection d'environ trois cents échantillons de substances minérales recueillies par lui dans ses premiers voyages, c'est-à-dire sur les côtes, ou à peu de distqnce de la mer.
Il semble résulter de la partie géologique de ces divers documents les indications suivantes :
suit une description des structures géologiques présumées du Sénégal (non reproduite)
Les observations géologiques sont bien difficiles à faire dans une contrée où l'ardeur du climat détruit les forces et la santé, où d'ailleurs le voyageur, ayant sans cesse à craindre pour sa sûreté, est obligé de restreindre beaucoup les excursions, où enfin une prévention superstitieuse des indigènes l'emêche fréquemment de recueillir des roches, souvent même de les casser, et le force quelquefois impérieusement de rapporter sur place les fragmens qu'il avait pu d'abord dérober à leur surveillance.
Les renseignements entièrement neufs que M. Grandin avait recueillis sur la géologie du Sénégal prouvent donc autant son zèle que sa connaissance, et ils doivent augmenter les regrets que sa perte a causés à ses chefs, à ses camarades, et à tous les amis des sciences.