Henri-Jérôme-Marie FOURNEL (1799-1876)

Fils d'un clerc de notaire. Né à Paris le 25/1/1799 ; mort à Blois le 21/7/1876. Marié à Cecile Larrieu (1822).

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1820), corps des mines. Eleve à l'Ecole des mines de 1820 à 1823.

Après le collège Rollin, il s'intéresse à la peinture et entre à l'atelier de Lemire puis dans celui de Gudin. Il prépare ensuite Polytechnique, entre à l'Ecole des Mines, où il explore, à pied, avec Elie de Beaumont, France, Suisse et Italie. Ingénieur ordinaire (1822), il épouse Cécile Larrieu et dirige (1827) l'usine métallurgique de Brousseval (Haute-Marne) où il publie un mémoire sur un projet de chemin de fer de Gray à Verdun (1831), projet non réalisé.

" J'ai adopté la doctrine saint-simonienne vers 1828 persuadé que c'est le seul moyen d'améliorer l'état social actuel " (Henri Fournel).
Saint-simonien (1828), il collabore au "Globe" et fait diverses conférences. Il remet à flot les Forges et fonderies du Creusot (1830). Il démissionne de son poste de directeur général du Creusot pour venir rejoindre le mouvement saint-simonien avec sa femme Cécile et apporte toute sa fortune et celle de sa femme au mouvement. Il fait acquitter Enfantin poursuivi pour escroquerie (1831). Chargé de la liquidation financière de la Société saint-simonienne, il accompagne Enfantin, obligé de quitter la France, en Égypte (1833-34), où il participe à un plan de percement du fameux canal, rejeté sous la pression des anglais, d'où son départ d'Egypte (mars 1834) et sa brouille avec Enfantin. Il restera fidèle au saint-simonisme et préside encore en 1861 une société de secours mutuel pour disciples dans le besoin.

Revenu en France, il se voit chargé par les Rotschild d'organiser et de surveiller la fabrication des rails destinés à la construction du chemin de fer de Paris à Saint-Germain (1835) et entre aux usines Decazeville (1836). La même année il est ingénieur-conseil de la mine de Novoy (Vosges) et il expertise à la demande de la Maison Eichthal et fils des gisements de la région du Mont-Dore. Il poursuit des activités d'ingénieur-conseil des Rotschild, explorant en 1838-39 des gisements miniers à Montieux (Loire), en Saône et Loire, au Val de Travers (Suisse), à Languin (Loire Atlantique), à Seyssel (Ain).

Chargé d'une mission minéralogique du ministère de la Guerre, il se rend en Algérie (1843-46) Son mémoire sur la Richesse minière de l'Algérie est couronné par l'Académie des sciences. Il fit par la suite des sondages au Sahara, étudia les minerais de fer de Bône, essaya de créer des oasis artificiels.

Ingénieur en chef du matériel au Chemin de fer du Nord (1847), il revient dans l'Administration des mines dans le centre de la France (1848), il devient chef du service des appareils à vapeur à Paris (1851) et membre du jury de l'Exposition universelle (1855). Inspecteur général des mines (1860), mis à la retraite avec l'honorariat (décret du 16/5/1863), il administre le chemin de fer nord-espagnol et fait partie en 1870 de la commission de l'artillerie. Le 3/2/1864, il est nommé commandeur de la Légion d'honneur. Il laisse une oeuvre très diversifiée, où les questions géologiques cotoient les questions économiques et sociales, et il s'est même interessé à l'origine ethnique et culturelle des Berbères.


Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III

Né à Paris le 22 janvier 1799, mort à Blois le 22 juillet 1876, inspecteur général en retraite, polytechnicien de la promotion 1818, il a été, avec sa femme, Cécile Fournel, l'un des disciples les plus fidèles d'Enfantin; il avait pris part à la Retraite de Ménilmontant, et , après la dispersion de 1833, il avait accompagné le Père en Egypte; il en était revenu promptement, désolé de n'avoir pu faire adopter par Méhémet-Ali l'idée du percement de l'isthme de Suez.

Henri Fournel commença en 1842 l'exploration géologique et minéralogique de l'Algérie. Dans les dix années qui avaient suivi notre descente à Sidi-Ferruch, de pareilles études n'avaient pas été possibles; à peine la Commission scientifique de l'Algérie avait-elle pu relever, en 1840 et 1841, quelques observations de géologie générale. Fournel consacra trois ans, de 1843 à 1846, à cette reconnaissance; il l'étendit de la frontière tunisienne à la frontière marocaine et il la poussa au Sud, au delà de l'Aurès, jusqu'à Batna et Biskra. Des rapports successifs signalaient, à mesure, à l'Administration supérieure, les renseignements relevés et les découvertes faites dans des excursions, opérées quelquefois en suivant les colonnes d'expédition, le plus souvent avec des escortes insignifiantes, ou même en voyageur isolé, excursions fréquemment périlleuses au milieu de tribus à demi soumises. Tous ces Mémoires ont été réunis postérieurement dans la Richesse minérale de l'Algérie (2 vol. in-4o et atlas), le premier Ouvrage malheureusement inachevé relatif à la géologie et à l'industrie extractive de nos colonies.

Fournel a eu le mérite d'avoir signalé, on peut dire découvert, les célèbres gisements de minerai de fer magnétique qui s'étendent, aux environs de Bône, au sud du massif de l'Edough, le long du lac Fetzara, de Bou-Hamra à Mokta-el-Hadid, et qui furent concédés en 1845. Il avait également reconnu, le long de la frontière tunisienne, le gîte de plomb de Kef-oum-Theboul, qui a donné lieu pendant si longtemps à une exploitation relativement importante, ainsi que les gîtes de fer et de marbre de Filfila, près Philippeville. Le gîte des Mouzaia, près Médéa, qui reste intéressant, malgré l'insuccès des travaux dont il a été jusqu'ici l'objet, ne lui avait pas échappé; il avait, sur ses propositions, été l'objet de la première concession de mine instituée en Algérie en 1844. Bien que personnellement il ne fût pas allé au delà de Biskra, il avait, d'après les renseignements par lui recueillis, reconnu la nature des eaux alimentant les oasis de l'Oued-Rir et indiqué la possibilité et l'utilité de sondages pour obtenir des sources artésiennes.

Faute de cartes topographiques satisfaisantes, Fournel n'avait pas pu songer à dresser une carte géologique ; mais il avait notablement amorcé l'étude géologique de la colonie par ses relevés, ses croquis, ses collections de roches et notamment ses collections de fossiles, qui furent déterminés par Bayle et firent, de la part de celui-ci, l'objet d'une de ses rares publications; elle parut dans le second Volume de la Richesse minérale, de Fournel.

Ces découvertes, en montrant les ressources de notre colonie, indiquaient l'utilité d'établir un Service des Mines plus fortement constitué. Dubocq arrivait dans ce but à Alger pour seconder Fournel en 1845, et Ville en 1846. .


Voir aussi : la thèse de Lionel LATTY (Nanterre).