Edouard BLAVIER (1802-1887)

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Edouard BLAVIER le second, est né à Paris le 29 février 1802 et mort le 29 mai 1887.
Il est le fils de Jean BLAVIER, ingénieur en chef au corps royal des mines, et de Marguerit LAMERIT.
Il fut marié à Anne-Joséphine LEROY.

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1819), et de l'Ecole des Mines (promotion 1821). Corps des mines.
Ses trois fils ont fait Polytechnique : Edouard-Ernest (1826-1887) fut ingénieur des télégraphes, spécialiste des cables sous-marins, directeur de l'Ecole supérieure du télégraphe (1879), du laboratoire d'essais des télégraphes (1881), commandeur de la L.H. Aimé-Etienne BLAVIER fut ingénieur des mines. Théodore-Arthur (1828-1883) fut lieutenant-colonel d'artillerie.

Sa fille Marie Herminie BLAVIER (née en 1839 à Saint-Croix, Sarthe) épousa Eugène Francois BOYER (1825-1906), directeur au ministère des travaux publics.


Edouard BLAVIER a dirigé les mines de Montjean (Maine-et-Loire) de 1826 à 1829. Rentré au service de l'État et étant Ingénieur en chef à Valenciennes, il repassa au service de l'industrie privée pour diriger les mines d'Anzin de 1847 à 1851. Revenu de nouveau au service de l'État, il devint Inspecteur général de 2e classe, et prit sa retraite en 1867.

DISCOURS PRONONCÉ SUR LA TOMBE DE M. E. BLAVIER
INSPECTEUR GÉNÉRAL DES MINES EN RETRAITE
Par M. E. LORIEUX, inspecteur général des mines.


le 1er juin 1887

Messieurs,

Je viens, avec une douloureuse émotion, dire un dernier adieu à l'excellent collègue et ami de mon père, qui l'a précédé de vingt années dans la tombe.

Edouard Blavier, né à Paris le 29 février 1802, était le fils d'un ingénieur en chef des mines, connu par un des plus anciens Traités sur la législation minière. Il appartenait à la forte génération des Combes et des Elie de Beaumont. Très bien doué au moral et au physique, recherché pour l'aménité de son caractère et l'agrément de son esprit, il réussissait partout sans effort apparent, par la simple mise en oeuvre des ressources d'une nature parfaitement équilibrée.

Entré à l'École polytechnique en 1819, il a débuté dans la carrière des mines comme professeur à l'École des mineurs de Saint-Étienne, puis il a été successivement ingénieur ordinaire à Rennes et à Laval, ingénieur en chef au Mans, à Bordeaux, Valenciennes, Douai, Strasbourg et Paris. De 1858 à 1867, jusqu'à l'âge de sa retraite il a été chargé, avec le grade d'inspecteur général, de la division mineralogique du nord-ouest. Il avait été décoré en 1844, et promu officier de la Légion d'honneur en 1860.

A deux reprises, il a quitté temporairement la carrière officielle pour faire une incursion dans le domaine de l'industrie. De 1826 à 1829, il a dirigé les mines de houille de Montjean (Maine-et-Loire), et de 1847 à 1851, les importantes mines de houille de la Compagnie d'Anzin. Dans ces deux directions, il s'est distingué par ses aptitudes techniques et administratives. Lors de ma récente inspection aux mines du Nord où, encore enfant, j'avais fait avec lui mes premières descentes, j'ai retrouvé, très vivant, son sympathique souvenir.

En dehors de ses obligations professionnelles, il s'était occupé spécialement de géologie. Il a publié notamment une Notice statistique et géologique sur les mines et le terrain à anthracite du Maine, un Essai de statistique minéralogique et géologique du département de la Mayenne et un Essai géologique sur le département de l'Orne. Nous relevons de plus, dans les Annales des mines, les publications suivantes : une note rédigée en collaboration avec mon père sur le gisement d'étain de la Villeder (Morbihan) ; un rapport concernant l'emploi de la houille maigre sur les grilles des chaudières à vapeur ; un rapport sur la lampe de sûreté de Dubrulle ; une notice sur le procédé suivi aux mines de Douchy (Nord) pour traverser les nappes d'eau au moyen de l'air comprimé; une note sur un compteur mécanique applicable aux machines d'extraction.

Resté seul de bonne heure avec la charge de quatre enfants, il a été le père le plus tendre et le plus dévoué.

Ses trois fils, récompensant sa sollicitude, se sont suivis de près à l'École polytechnique. L'aîné [Édouard Ernest BLAVIER (X 1844)], récemment enlevé par une cruelle maladie, a illustré son nom par ses travaux sur l'électricité; le plus jeune, brave et aimable officier d'artillerie, a eu sa carrière interrompue par une mort prématurée. Un seul survit, dont nous partageons ici le triple deuil avec toute la sympathie d'une vieille amitié : il est jusqu'à présent l'unique exemple d'un ingénieur des mines ayant succédé dans la même carrière à son père et à son aïeul : devenu un grand industriel, il a pris place au Sénat, où sa vive intelligence a su déjà se faire apprécier dans les questions les plus ardues d'économie politique et financière.

La perte de ses deux fils avait profondément ébranlé notre vénérable ami, dont la forte constitution avait jusqu'alors défié les atteintes de l'âge. Il avait voulu suivre pendant un long trajet, par une saison rigoureuse le cercueil de son premier-né ; il était revenu de ce funèbre voyage, brisé de fatigue et d'émotion. A partir de ce moment, il a rapidement décliné, malgré les soins vigilants de sa fille bien-aimée, qui a été son constant soutien et qui lui a fermé les yeux.

Saluons d'un suprême hommage, avec un respect attendri, cette noble et aimable figure qui évoquait devant nous les chères images du passé, et, pour la retrouver, élevons nos regards confiants vers les régions sereines des immortelles espérances.