Jean DUGAS (1883-1914)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1898). Ingénieur civil des mines.


Publié dans Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Septembre-octobre 1916 :

Jean Dugas était né à Saint-Chamond, en 1883. Après avoir fait d'excellentes études à Saint-Etienne, chez les pères Jésuites, il fut reçu avec le numéro 5 à l'Ecole des Mines, où il se montra le plus agréable, le plus courtois et le plus sympathique des camarades. Après ses quatre années d'Ecole, il entra comme ingénieur aux houillères de Saint-Etienne et y était au moment du coup de grisou du puits des Flaches. Le feu s'était déclaré à la mine, il fallait établir un barrage pour l'arrêter, ce qui n'était possible qu'au prix de dangereux efforts, un nouveau coup de grisou étant à redouter à chaque instant. Il s'y consacra jours et nuits et mérita dans cette circonstance les plus grands éloges du directeur de la compagnie. Deux ans avant la guerre, il abandonna la mine pour une situation plus brillante dans la métallurgie, aux forges de la Maladière. Il se mit très rapidement au courant et sut prendre bientôt une des plus importantes places de l'affaire. Un avenir brillant lui était, à coup sûr, réservé.

A la déclaration de guerre, il rejoignit le 16e d'infanterie et partit pour le front vers le milieu de septembre 1914. Il arriva pour prendre part à la bataille de l'Aisne. Il y montra les mêmes qualités de courage et d'énergie qui l'avaient fait distinguer aux houillères.

Le 25 septembre, en allant à l'attaque des positions allemandes à l'ouest de Lassigny, le régiment fut soumis à un violent bombardement et le lieutenant commandant la compagnie de Dugas, atteint d'une grave blessure, tomba. Lui porter secours, c'était s'exposer au feu ennemi très violent. Jean Dugas, le premier, aidé de quatre hommes qui l'avaient suivi, réussit à le transporter à l'abri. Pendant les sept jours que durèrent les combats des Loges, il resta toujours aux postes les plus exposés. Le 7 octobre, après plusieurs essais infructueux, les Allemands réussirent à se glisser dans un petit boqueteau, d'où ils prenaient à revers la tranchée de sa section. Il fallut se déployer en plein champ à quelques mètres de l'ennemi. Jean Dugas, qui faisait le coup de feu à genoux, reçut une première blessure, à l'aîne. Deux hommes essayèrent de l'emporter, mais la proximité de l'ennemi rendit leur dévouement inutile. Ils furent tués tous les trois quelques mètres plus loin. Quelques heures après, les Allemands abandonnaient le champ de bataille : deux amis purent rendre à notre camarade les derniers devoirs et l'enterrèrent à l'endroit même où il était tombé.

Dugas laisse trois enfants et une veuve [...]

A. Neyrand.