Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1808 ; entré classé 18 et sorti en 1810 classé 55) et de l'Ecole des Mines de Paris (entré classé 3 parmi les élèves fonctionnaires). Nommé dans le corps des mines le 1er avril 1817.
Fils d'un notaire de Montauban (Lot).
Delsériès passa toute sa vie à inspecter les installations minières. Il faillit toutefois devenir directeur de l'Ecole des mineurs ; en effet, après la mort de Beaunier, en décembre 1835, et après une période d'intérim assurée par Delsériès, le poste de directeur de l'Ecole des mineurs de Saint-Etienne et de chef de l'arrondissement minéralogique fut dédoublé. Roussel-Galle fut nommé directeur de l'Ecole, et Delseriès chef de l'arrondissement minéralogique de Saint-Etienne. Il semble qu'il prend sa retraite en 1852, la date de son décès est inconnue.
Citation de Louis Aguillon :
A Rive-de-Gier et à Saint-Etienne, on exploitait généralement par des fendues ou galeries inclinées suivant la couche. Le long de ces voies, des porteurs remontaient la houille à dos, de 100 m à 150 m de profondeur, dans des sacs assujettis par des cordes qu'ils tenaient entre leurs dents; d'une main ils portaient une lampe dont la faible clarté ne pouvait percer les nuages de poussières soulevées par leurs pas; de l'autre ils s'appuyaient sur une courte canne, une béquille; ils cheminaient ainsi, comme des damnés sur quelque échelle de l'enfer, nus, haletants dans des galeries sans air. Quand la couche n'affleurait pas, on fonçait des puits de 1 m,70 à 2 m,20 de diamètre ; des vargues ou machines d'extraction mues par un manège, avec un ou deux chevaux, élevaient des bennes de 2 à 3 hectolitres de capacité. Au fond on ne pratiquait, pour amener les produits aux puits, que le portage à dos ; à peine dans quelques exploitations usait-on du traînage. En 1824, seulement, sous l'impulsion de l'Ingénieur des Mines Delsériès, qui en fut félicité par le Conseil général des Mines, on commença le roulage souterrain par chevaux sur des rails. De tels moyens de transport, non moins que le manque d'air et les venues d'eaux, ne permettaient pas de s'étendre beaucoup autour d'un puits. Le champ ne comprenait pas au delà de 2 à 4 hectares.
En juin 1824, l'Ingénieur Delsériès faisait également imposer l'emploi des lampes de sûreté aux mines d'Egarande et déterminait ainsi leur introduction à Rive-de-Gier, dans l'autre de nos principaux bassins houillers.
Publié dans les ANNALES DES MINES, tome XII, 1847
Un événement déplorable est arrivé, le 2 février 1831, dans la concession houillère de Villards, département de la Loire. Une masse d'eau considérable, contenue dans d'anciens travaux souterrains inconnus, fit subitement irruption dans la mine du Bois-Mouzeil. Au moment où les ouvriers se trouvaient dans leurs ateliers, seize d'entre eux n'eurent pas le temps de se sauver et furent enfermés dans l'exploitation.
Après cinq jours et cinq nuits des travaux les plus pénibles et les plus difficiles, huit de ces infortunés ont pu être arrachés à une mort qui paraissait certaine. Leur délivrance est due au zèle admirable et aux efforts réunis des ingénieurs, des élèves de l'Ecole des mineurs, des directeurs des mines voisines, enfin de toute la population de Saint-Etienne et des communes environnantes.
MM. les ingénieurs Delseriès et Gervoy ont reçu la récompense de leur dévouement dans la décoration de la Légion d'honneur, qui leur a été accordée par Sa Majesté, sur le rapport de M. le ministre du commerce et des travaux publics, et d'après la demande de M. le directeur général des ponts-et-chaussées et des mines.
Le 24 octobre 1831, un incendie a éclaté dans les mines de houille du Reclus, concession du même nom du département de la Loire. Neuf ouvriers, restés enfermés dans une galerie, ont péri asphyxiés, malgré tout ce qu'on a tenté pour les sauver.
M. l'ingénieur Delsériès a donné, dans cette triste circonstance, une nouvelle preuve du courageux dévouement qu'il avait déja montré lors de l'événement des mines du Bois-Monzeil, et qui lui avait fait obtenir la croix de la Légion d'honneur. [Delseriès sera nommé par la suite officier de la L.H. par décret du 2 mai 1849]
Le 2 février 1832, l'une des galeries de la mine de Gourd-Marin, département de la Loire, s'écroula subitement et enveloppa sous ses ruines les nommés Grégoire et Bonnard. Leurs camarades s'épuisaient en vains efforts pour parvenir jusqu'à eux. Les décombres qui s'accumulaient sur une vaste étendue les séparaient de plus en plus des secours qu'on tentait de leur porter et faisaient perdre presque tout espoir de les sauver.
MM. Delseriès et Gervoy , ingénieurs des mines, accoururent en toute hâte, dès qu'ils furent informés de l'événement. Ils descendirent dans la mine et se mirent à la tête des travaux. Leur présence, leurs conseils augmentaient la confiance et l'ardeur.
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Enfin, dans la nuit du 5 février, sur les quatre heures du matin, un coup de pic résonne dans le vide : deux voix répondent ... On se figure la joie de tous : les malheureux Grégoire et Bonnard vont être rendus à la vie.
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