Grand Maistre, Superintendant et Général réformateur sur le fait des mines et minières du Royaume de France, Mathieu Ruzé meurt en 1613, ne laissant aucun souvenir. Il avait obtenu de la régente Marie de Médicis la survivance de sa charge, faute d'héritier direct, pour son petit neveu Antoine Coeffier, un Auvergnat, qui hérite de sa fortune à la condition de porter son nom.
Antoine Coeffier de Ruzé, marquis d'Effiat, est la troisième génération au service de la couronne ; sa carrière est exemplaire. En 1616, il est premier écuyer de Louis XIII et entre au Conseil du roi en même temps qu'un jeune prélat, Richelieu, titulaire de Luçon, l'évêché « le plus crotté » de France. En 1624, après quelques années de disgrâce, Richelieu revient au Conseil dont il va pratiquement devenir le chef. Ayant apprécié les grandes qualités militaires et diplomatiques de son collègue, il l'envoie aussitôt à Londres, en qualité d'ambassadeur extraordinaire pour négocier le mariage d'Henriette de France, soeur de Louis XIII, avec le roi d'Angleterre, Charles I Stuart. Les honneurs vont alors s'accumuler sur la tête de Coeffier ; en 1626, il succède comme surintendant des Finances à Michel de Marillac, auquel sont donnés les Sceaux en compensation. En 1629, il reçoit l'office de Grand Maître de l'Artillerie ; il est ensuite nommé lieutenant général, puis maréchal, enfin gouverneur du Bourbonnais, de l'Auvergne et de l'Alsace.
Sous son inspiration est pris en 1626, un édit sur les mines de fer qui « délaissées, devront être ouvertes et remises en état de servir », soit par les propriétaires fonciers, soit par ceux qui voudront y faire travailler suivant pouvoir donné gratuitement. Cet édit très favorable aux exploitants ne change guère la situation du consommateur ; le fisc ayant simplement remplacé une taxe à la production par un impôt indirect à la consommation dont la perception confiée à la Ferme était matérialisée par une marque sur les fers. Pour le recouvrement de cet impôt, comme pour le contrôle des mines de fer qui, non mentionnées dans l'édit de 1601, n'y étaient pas de ce fait soumises, il est créé un "Office de Contrôleur et Visiteur du fer, deux Maîtres experts en chacun bailliage et sénéchaussée, un Contrôleur Général Visiteur des Mines et deux Trésoriers et Receveurs Généraux",
L'enregistrement de l'édit, imposant de nouvelles taxes et créant de nouveaux offices, ne fut pas chose aisée, bien que le chancelier Michel de Marillac ait exposé au Parlement le besoin qu'a le roi « de moyens pour subvenir à l'entretènement des armées et gens de guerre qu'il lui convient d'avoir », car il se propose de reprendre l'île de Ré occupée par les Anglais et de faire le siège de La Rochelle.
En 1632, Antoine Coeffier meurt subitement alors que, à la tête de l'armée d'Alsace, il se préparait à investir Trêves. Sans doute n'eut-il pas le temps d'assurer en faveur de ses fils, jeunes, la survivance de sa charge de Grand Maître des Mines. Peut-être, son gendre Charles de La Porte, duc de La Meilleraye, l'obtint-il ?
Le fils cadet d'Antoine Coeffier est le fameux comte de Cinq Mars, dont Louis XIII était secrètement amoureux, et que Richelieu a fait exécuter en 1642 pour complot avec l'ennemi espagnol.
L'effondrement de la résistance protestante sous les coups conjugués des Autrichiens et des Espagnols, oblige Richelieu à passer alors de la guerre fourrée à la guerre ouverte, malgré la très mauvaise situation financière du royaume. Il faut trouver des ressources nouvelles ; la vénalité des offices n'est pas à négliger, pas plus que la vanité des futurs officiers.
Aussi est-il en 1635 fait création, à côté de l'office de Contrôleur Général Ordinaire des Mines et Minières, de deux offices nouveaux, l'un alternatif et l'autre triennal et, en 1636, d'un office de Surintendant alternatif des Mines et Minières de France dont est pourvu Maître François de Milly, seigneur du Bos.
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