Louis-Gabriel-Nicolas BIGAULT de BOUREUILLE (1807-1893)

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1826, entré major et sorti classé 2 sur 123 élèves), et de l'Ecole des Mines de Paris (entré classé 1 sur 5 élèves-ingénieurs corpsards). Corps des mines

Fils de François Nicolas BIGAULT de BOUREUILLE, chevalier de Saint-Louis, et de Marie Françoise Antoinette BROSSARD de BAZINVAL.


Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III :

Né à Pontoise le 25 décembre 1807, mort à Paris le 25 mars 1893; dès sa sortie de l'Ecole des Mines, en 1832, il fut attaché au Cabinet de Becquey, alors directeur général des Ponts et Chaussées et des Mines, et il entra ainsi dans l'Administration centrale des Travaux publics qu'il ne devait quitter que quarante-quatre ans après, en 1876. Il fut chargé, dès sa création en 1833, du premier service administratif central sur les chemins de fer, il y resta pendant tout le Gouvernement de Juillet et la seconde République comme chef de la Section (1838), puis de la Division (1842) qui avait à s'occuper de l'exploitation. En 1849, il quittait la Division des chemins de fer pour celle des Mines. Au début de l'Empire, à la réorganisation du Ministère des Travaux publics, en 1853, il prit la direction des Mines qui subsista comme direction isolée jusqu'en 1855; à cette date, de Boureuille fut nommé secrétaire général du Ministère; il occupa ce poste jusqu'en 1876. De ce secrétariat général dépendaient en somme tout le personnel de l'Administration et tous les services hors ceux placés dans la Direction générale occupée par de Franqueville.

Pendant ces vingt années, qui ont vu s'exécuter tant de travaux et se passer tant de choses, l'Administration des Travaux publics s'est trouvée entre les mains de ces deux hautes personnalités. Ils étaient en outre, chacun pour son domaine, les porte-parole de l'Administration des Travaux publics dans toutes les discussions administratives qu'elle avait à soutenir soit au Conseil d'État, soit au Parlement.


Selon l'historien André Thépot, c'est le ministre des travaux publics Eugène Rouher qui aurait partagé autoritairement les tâches entre Franqueville et Boureuille en 1855. Il aurait dit à Franqueville : "Ma première idée a été de vous confier le secrétariat général en vous laissant les Ponts et Chaussées, j'aurais alors donné à Boureuille la direction générale des chemins de fer et des mines, mais j'ai changé d'avis. Vous êtes trop bienveillant pour être chef du personnel. Il faut là un homme plus ferme, plus froid et plus féroce que vous. Il vaut mieux que le Ministre ait à lâcher qu'à reprendre, et sa situation est plus agréable lorsqu'il peut accorder ce qu'a refusé son chef de personnel que lorsqu'il doit refuser ce que celui-ci a promis. Je mettrai donc au secrétariat général M. de Boureuille."

De Boureuille est finalement déchu de ses fonctions par le ministre Albert Christophle et mis à la retraite d'office en 1877. Son départ a quasiment coïncidé avec celui de Franqueville, et l'organisation du ministère a alors été totalement modifiée.

De Boureuille fut également maire de Louveciennes de 1852 à 1872, et Conseiller d'Etat. Il fut nommé grand officier de la Légion d'honneur en août 1869.

André Thépot conclut sur Boureuille : Il mourut en 1892, ignoré de ses contemporains.


Charles de Freycinet indique dans ses Souvenirs que Boureuille "dirigeait autocratiquement le Corps des Mines". Il est vrai que Boureuille avait retardé l'avancement de Freycinet au grade d'ingénieur en chef, et que Freycinet n'a finalement pu être nommé à ce grade que grâce à l'intervention personnelle du ministre Eugène Caillaux (1822-1896 ; X 1841) qui était pourtant dans un clan politique opposé au sien !