André COMBE (1874 ? - 1921)


Combe en 1900, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Décédé le 3 novembre 1921.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1897). Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Octobre à décembre 1921 :

DISCOURS prononcé aux obsèques de André COMBE par M. Martin, président du Conseil d'administration de la Sociale anonyme d'Eclairage de la ville de Toulon.

Au nom du Conseil d'administration et du personnel de la Société d'Eclairage de Toulon je viens dire un dernier adieu à celui que nous accompagnons pour la dernière fois.

Sa courte vie a été bien remplie. Il était issu d'une de ces vieilles familles, nombreuses en France, Dieu merci, où chacun à son poste et quel que soit ce poste travaille et sert. Son père, fonctionnaire des Eaux et Forêts, trop tôt ravi lui aussi à l'affection des siens, l'avait initié de bonne heure à l'amour et à la fierté de sa profession. Avec quel orgueil familial André Combe nous racontait l'enthousiasme de ce père pour les grands Lois dont il avait la charge et sa sollicitude à les défendre contre le danger mortel du feu. Sa mère, retirée dans le lointain pays de Gex, berceau de la famille maternelle, suivant de ses conseils vigilants ce fils, entraîné au loin par ses études et par sa carrière, mais dont le cœur était toujours auprès d'elle.

A l'exemple familial, André Combe, dès sa jeunesse, travaille et élargit le cercle de ses connaissances. Son esprit simple et ouvert aux idées générales lui eût permis d'adopter toute carrière de son choix. Mais les sciences l'attirent : il suit facilement et brillamment la voie habituelle et termine ses études à 25 ans comme ingénieur des mines.

Quelque temps il s'adonne à l'industrie chimique et ce court contact suffit pour qu'aucun stade de cette branche d'activité humaine lui échappe désormais. Puis il se consacre définitivement à l'œuvre si vaste de la distribution de l'énergie sous toutes ses formes : lumière, force, chaleur ; et jusqu'au dernier jour, c'est à cette œuvre qu'il a travaillé.

Comment il a travaillé, ses collaborateurs de tout ordre vous le diront.

Et tout d'abord, entier dévouement aux intérêts qui lui sont confiés. Lorsque l'exige le service public qu'il assure, ni son temps, ni ses aises ni même sa santé ne comptent.

Puis, compréhension rapide de toute situation et de tous besoins, prompte conception et réalisation plus prompte encore des moyens les plus propices à les satisfaire : loyauté profonde des relations, qui lui vaut l'estime de ceux-mêmes avec lesquels il doit lutter sur le terrain des affaires ; enfin souci constant de rendre service, d'être, suivant les cas, agréable ou bienfaisant à quiconque l'approche et ne peut, à son contact, s'empêcher de devenir son ami.

Voilà ce que lui l'homme, dans l'accomplissement de son devoir professionnel, que sa conscience scrupuleuse élevait si haut.

Mais, si bien rempli qu'il fût, ce devoir ne suffisait pas à satisfaire des facultés toujours en éveil, son esprit toujours avide de s'enrichir et de s'orner.

De la profession paternelle, il avait gardé le culte des bois et des fleurs. De ses séjours d'enfance sur les rivages méditerranéens, il conservait, — lui le montagnard du Jura, -- l'amour de la mer et de toutes les choses qui s'y rattachent. Pour faire honneur à son titre de mineur dont il était fier, il suivait passionnément toutes les études concernant, le sol comme le sous-sol et y prenait part lui-même. Cependant aucune œuvre littéraire de marque ne lui était inconnue. L'art, dans toutes ses manifestations, lui procurait des jouissances élevées. L'histoire l'attirait surtout lorsqu'elle se rattachait aux destinées de l'une des deux chères provinces familiales. Enfin par dilection plus que par obligation, il participait largement à toutes les œuvres sociales nombreuses et diverses qui sollicitaient son concours.

Mais, plus encore qu'à tout cela il s'intéressait aux affaires de son pays et y prenait sa part de bon citoyen dans la mesure de ses moyens. A cette conscience droite le vote parut toujours un devoir plutôt qu'un droit. Vraiment rien de ce qui intéresse l'humanité et surlout l'humanité française ne lui demeura étranger.

Neuf ans déjà passés, il s'installait dans cette ville pour un temps qu'il espérait très long. Son ménage lui avait donné le bonheur domestique, et ses enfants grandissaient à son foyer. En peu de temps, au milieu de négociations difficiles, il avait su se faire une place dans ce pays qu'il aimait et où il désirait être aimé.

Vint la tourmente.

André Combe fit son devoir simplement et stoïquement. Il partit aux premiers jours, sans chercher à revoir les siens absents de Toulon à ce moment.

» Cela vaut mieux ainsi, écrivait-il, ce sont des émotions épargnées il tous. »

Officier de complément, il remplit successivement, sans en rechercher aucun, les postes divers où il fut appelé, en France ou à l'étranger, consacrant toutes ses forces et ses facultés au service de la Patrie.

Avec la victoire, il revint à ses fonctions de paix, auxquelles la confiance, et l'affection de ses administrateurs l'avaient nominalement et moralement maintenu. Et, comme il avait travaillé à gagner la guerre, il travailla à gagner la paix.

... Courageusement il s'y efforça à Toulon et ailleurs. Ses connaissances techniques, et plus encore son caractère lui valurent des missions sur les bords de la Méditerranée ...

Après deux années de luttes difficiles, et souvent stériles. il pouvait entrevoir le retour à une activité normale : la reprise des projets d'avant-guerre : l'avenir — un très long avenir plein de labeur utile et fécond. A 47 ans. il entrait dans le plein épanouissement de sa puissante et séduisante personnalité.

... Ce Dieu auquel il croyait de toute son âme, ne l'a pas voulu. En quelques jours, un mal impitoyable, auquel n'ont pu le soustraire ni la science humaine, ni les tendres soins familiaux qui ont lutté jusqu'au bout, a clos prématurément celle existence de travail et d'honneur.

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