Les Mines dans la Deuxime Guerre mondiale
Par Gilles Thomas
Ç Aux Mineurs de Lutce, Salut ! È
(incipit
de La Mine noire)
Ë la mmoire de (Salomon) Ren Lvy qui fut
Inspecteur gnral des carrires de 1939 1940, mais qui fut oblig de quitter
son poste pour les raisons que lĠon imagine *.
On sĠaccordait pour dclarer, aprs vives discussions, que le temps nĠtait plus ce quĠil avait t. Les hivers nĠtaient-ils pas moins neigeux, et les ts, plus secs ? Ë moins que ce ne ft le contraireÉ Notre mmoire est une passoire qui retient plus dĠerreurs que de vrits et qui nous arrange avec complaisance des passs fictifs. Hubert Monteilhet Ç Sans prmditation È (İ ditions de Fallois 2005)
LĠide de ce qui suit mĠest venue trs prcisment le mercredi 4 mai, lors dĠune interview avec Anne Weber, alors nouvellement nomme la tte du fonds ancien de lĠcole des Mines-Paristech, pour un documentaire en prparation par France 5, sur lĠaspect patrimonial des sous-sols parisiens sĠtageant des anciennes carrires souterraines jusquĠaux abris de la Seconde Guerre mondiale. Il mĠest alors apparu vident, venant de rdiger mon nouveau livre consacr cette fois entirement aux trs nombreux abris de la Dfense Passive qui subsistent de nos jours Paris, que trop de fausses informations taient encore colportes ce sujet. Celles-ci relvent davantage du domaine du fantasme que de la ralit historique, dforme de plus en plus quĠelle est par le temps qui passe inexorablement provoquant la fois lĠusure et la dformation des souvenirs, deux phnomnes inluctables associs la disparition des derniers tmoins et dont lĠeffet pernicieux est un dlitement dramatique des connaissances quant cette priode pourtant pas si lointaine, car il nĠy a mme pas soixante-quinze ans !
De quelques prcautions oratoires pas forcment inutiles
Posons un principe qui devrait tre considr comme acquis et qui a du mal pntrer dans le crne des plus rfractaires : Non, le rseau des carrires tel quĠon le connat nĠa jamais t indemne de visites clandestines depuis quĠil existe. Ce qui fait accroire cette chose est le monde ultra-mdiatis dans lequel nous vivons aujourdĠhui, et qui fait que le moindre battement dĠaile de papillon sur une des roses du jardin du Luxembourg peut tre suivi en direct et en simultan au fin fonds de la Papouasie Nouvelle-Guine par les reprsentants des peuplades les plus recules pour peu quĠelles soient la pointe du progrs informatique. Mme les faits les plus anodins circulent dsormais via les autoroutes de lĠinformation dmatrialises la vitesse dĠun cheval fou lanc au galop et dop aux anabolisants strodiens. Dans les annes 80Ġs, la frquentation clandestine des carrires souterraines de la Ville de Paris nĠest pas apparue de novo ; cĠest tout simplement que cette priode correspond aux dbuts dĠune mdiatisation outrancire, et cĠest donc en ralit la connaissance par un public autre que ceux qui pratiquaient la chose qui fut ainsi mise en exergue. Pour mmoire, rappelons ce que lĠon peut lire aux Archives Nationales, dans une lettre signe par Antoine Dupont [1] le 9 mai 1777 : Ç Nous avons des gens qui viennent la nuit et les ftes dans nos carrires. Ils nous dbouchent les puits. JĠai le nom de trois et la demeure de deux que je viens de donner Mr le lieutenant de police [2] È. Ensuite, que ce soit pendant la Rvolution et sa priode sombre la Terreur, en 1870 pendant la guerre franco-prussienne [3] ou son corollaire de 1871 la Commune de Paris [4]É et mme la Seconde Guerre mondiale, il y eut toujours des arpenteurs discrets et de manire pisodique ou rgulire de ces sombres arcanes souterrains, ce ne sont pas les Mines qui me dmentiront ! Mais il nĠest pire aveugle que celui qui ne veut point voir.
Essayer dĠvoquer le
monde obscur des carrires de Paris en cette priode trouble que fut
lĠOccupation cĠest galement Ç voir se reconstituer dans la Pompi de nos
mmoires le temps des versions latines, lĠodeur de vieux parchemin des
dictionnaires Gaffiot, les volupts de lĠablatif
absolu [5] È,
tout un monde qui semble aujourdĠhui pas seulement dsuet, mais bien disparu.
SĠil et t important de pouvoir recueillir des informations de tmoins
directs, il ne faut pas omettre que celles-ci eussent certainement t
entaches dĠerreurs et de dformations involontaires, sauf si cette source de
souvenirs a t rassemble lĠpoque des faits dans lequel cas elle en devient
infiniment prcieuse. Car comme le fit remarquer Marcel Prvost (X1882 et
accessoirement de lĠAcadmie franaise) dans Ç Nos grandes coles :
Polytechnique È (İ 1931) :
Ç Notre mmoire vit sa vie propre mesure que
nous avanons en ge. Tandis quĠelle sĠexerce sur nos souvenirs du pass, nous
ne la surveillons point ; elle a ses caprices, ses erreurs dĠoptique, ses
dfaillances. Telle trace topographique sĠefface totalement ; telle autre se
confond avec une plus rcente. Tous les souvenirs crits des gens clbres sont
plein de graves erreurs de lieux et de dates, pour la torture et pour la joie
des commentateurs.
Que de fois, bien
que pourvu moi-mme dĠune mmoire mieux que moyenne, jĠai fait lĠpreuve de son
infidlit : trahison serait mme le mot, car au lieu dĠavouer : Òje ne me rappelle pasÓ notre mmoire nous prsente des mirages
avec la mme assurance que des ralits. È
Nous allons donc essayer de reconstituer les choses telles quĠelles durent se produire, lĠclairage des sources documentaires diverses et varies. Et comme Jean-Jacques Rousseau, jĠoserai dire que Ç Je le sais parce que je le sens È. Et nĠoublions pas que lĠhistorien est lĠgal de lĠarchologue voqu par Didier Busson de la Commission du Vieux Paris : Ç Le travail dĠarchologue consiste se raconter une histoire en esprant que cĠest la bonne. [6] È
Aprs ces prcautions oratoires et littraires, venons-en aux faits, sachant quĠÇ une vrit nouvelle, en sciences, nĠarrive jamais triompher en convainquant ses adversaires et en les amenant voir la lumire, mais plutt parce que finalement ces adversaires meurent et quĠune nouvelle gnration grandit, qui cette vrit est familire. [7] È
Divers rappels sur Paris, la Dfense Passive et lĠOccupation
Nous allons donc traiter dĠune priode pas si lointaine, pas trs glorieuse non plus, et que lĠon sĠempressa pour cette raison, dfaut de lĠocculter dans les manuels dĠhistoire, de tenter de lĠradiquer effacer de la mmoire collective de diffrentes manires, bien que de trs nombreux vestiges en subsistent encore de nos jours mais que lĠon ne veut surtout pas voir.
Il y eut donc une Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle nos voisins allemands prirent la fois leurs quartiers et leurs aises Paris. Mais sĠil y eut un second conflit, cĠest bien parce quĠil y en eut dĠabord un premier. Et tout comme la Ç Der des Ders È ne le fut finalement pas contrairement ce que lĠon pensait, cette seconde guerre mondiale (qualificatif qui indique la fin dĠune srie) sĠest transforme en deuxime puisque une guerre mondiale fait rfrence une coalition internationale, et quĠeffectivement depuis il y eut le Koweit, lĠAfghanistan, lĠIrak, ainsi que tout dernirement Daesch.
La Petite Illustration, numro spcial de 1939 sur la Dfense Passive.
Protection des populations civiles contre les attaques ariennes (collection de
lĠauteur).
Le 11 novembre
1918 fut sign lĠArmistice, mais au cours de cette premire guerre mondiale on
dcouvrit la fois le pouvoir (encore limite il est vrai) de lĠaviation, et
on inventa les gaz de combat qui firent leur cohorte de victimes, sans parler
du traumatisme parmi la population civile dplorant des morts parmi leurs
proches ou ayant eu ctoyer des blesss. On
estime a minima 130 000
le nombre dĠintoxiqus et 6300 dcs par gaz pour la France (1 7
millions de victimes dans lĠensemble des nations, avec 17 000
27 000 morts). De plus ds le 30 aot 1914, Paris avait dj eu
connatre des bombardements par avions, puis par la suite aussi par ballons et
par canons, causant la perte dĠau moins 527 personnes (plus 1261 blesss). Ds
1923, on prit conscience que les conditions de lĠarmistice que lĠon avait
impose aux Allemands taient tellement draconiennes et pnalisantes, tant dĠun
point de vue financier que socital, quĠil semblait totalement exclu et
inimaginable que ceux-ci ne veuillent pas se venger un jour ou lĠautre. On en a dduit en toute logique que la
mme chose risquait de se reproduire, mais avec un potentiel meurtrier accru de
manire exponentielle, car en trs peu dĠannes lĠaviation avait fait un bond
prodigieux, et les chimistes jouant aux apprentis sorciers ne cessrent de
dvelopper de nouvelles substances toxiques. Aussi, en ce dbut des annes
20Ġs, on commena par lgifrer dans lĠhypothse dĠune telle revanche, et
rflchir comment mettre la population lĠabri de telles nouvelles exactions
auxquelles seraient soumis non plus les militaires mais bien la population
civile. Le ministre de la Guerre Andr Maginot (lĠhomme de la ligne de
fortifications ponyme imagine la mme priode) publia alors une instruction
provisoire sur la Dfense Passive. Le processus lgislatif tant enclench,
cela ne cessa alors plus et de 1922 au
1er septembre 1939, le
gouvernement franais fut lĠorigine de Ç deux lois, quatre dcrets-lois, 34 dcrets,
109 circulaires, 29 instructions, 18 arrts ministriels et onze notices
relatifs la Dfense Passive È [8].
Puis, partir de lĠentre en guerre du pays jusquĠ la dbcle de juin 1940,
vinrent sĠy ajouter Ç quatre
nouveaux dcrets-lois, ainsi que treize dcrets, neuf
circulaires et deux instructions. È [9]
Mais la lgislation concernant la Dfense
Passive modifia rgulirement ses ordonnances dĠapplication pour sĠadapter
continment aux vnements lis lĠOccupation du territoire (comme par exemple
des bombardements de plus en plus redouts cause dĠusines travaillant pour
lĠennemi, ou ciblant des nÏuds ferroviaires pour dsorganiser les dplacements
allemands en prparation du Dbarquement tant attendu), ainsi que pour rpondre
aux exigences imposes par des dcisions manant de Berlin.
Au milieu des annes 30Ġs, on prit conscience que, lĠaviation ayant fait un tel bond technologique, plus aucun point du territoire franais nĠtait lĠabri. Les avions pouvaient en effet dsormais arriver depuis Berlin sans escale et atteindre nĠimporte quelle ville, de plus les charges quĠils pouvaient transporter taient dsormais considrables. Il fut alors cr une Commission Suprieure de Dfense Passive, dpendant du ministre de lĠIntrieur, rorganise par dcret du 2 avril 1939, qui fut appele procder lĠtude et la coordination des plans dĠensemble de la Dfense Passive. En excution de la loi du 8 avril 1935 et du dcret du 20 dcembre 1935, son rle tait de faire procder au recensement des caves et sous-sols dĠimmeubles pouvant tre utiliss en lĠtat ou aprs des travaux confortatifs ncessaires, et valuer leur contenance. Pendant le premier conflit, qui resta aux portes de Paris, la population avait alors naturellement pris lĠhabitude de chercher refuge dans les caves et les stations de mtro, pour ceux qui ne regardaient pas depuis leurs fentres ou allant se poster sur les points hauts de la capitale comme au spectacle, habitude qui sera reprise au moment de bombardements spectaculaires lors du conflit suivant.
Aux caves et autres sous-sols pressentis, il convint dĠajouter les constructions de btiments nouveaux pour lesquels un abri pouvait tre cr de novo, et les grosses transformations dĠimmeubles publics et privs facilitant dans ce cas lĠintgration dĠun abri. LĠamnagement dĠabris nĠtait alors obligatoire que pour les immeubles des Services publics, les socits concessionnaires, les industries classes dans la premire catgorie au titre de la DP, les tablissements industriels et commerciaux. Cette commission devait aussi faire recenser les espaces libres, gnralement dans les parcs, jardins et espaces verts de la Ville de Paris, en ce qui concerne la capitale, o des tranches-abris pourraient tre creuses [10], mais la banlieue ainsi que tous les centres urbains taient bien videmment soumis cette mme obligation. La France tait dĠailleurs en retard par rapport aux autres pays, Angleterre, Italie, Allemagne par exemple et prenait en rfrence ce qui avait dj t ralis ailleurs. LĠintrt des caves est principalement quĠelles constituent un abri de proximit, ce qui rduit la dure de cheminement pour y accder, et leur multiplication assure le fractionnement et la dispersion de la population, ce qui est aussi un gage de scurit en cas dĠatteinte du site par une bombe, le nombre de personnes potentiellement atteintes tant alors limit. En revanche, il est plus difficile de les quiper pour les rendre tanches aux gaz, de l la possession dĠun masque gaz (ce symbole dfinitivement associ avec raison la Dfense Passive) qui devint obligatoire, ainsi que le devoir de se dplacer en toutes circonstances avec [11].
Les publicits de lĠpoque
(qui taient des rclames),
nĠoublient pas dĠinclure dans la plupart de leurs visuels les fameux tuis
montrant ainsi que jamais on ne devait sĠen sparer.
Ë droite, extrait du catalogue
du Bon March de fvrier 1940,
montrant que le masque gaz est dsormais inclus dans la mode du printemps-t
de cette anne-l.
Au milieu des annes 30Ġs se dvelopprent des cours thoriques donns la population sur la Dfense Passive (quels sont les risques encourus lors dĠun bombardement ? que faire en cas dĠalerte ? etc.), enseignement bientt suivi par des exercices pratiques, dĠabord en salle, puis grande chelle affectant alors toute la population aux jours / soirs et heures donns. Par chance les Allemands nĠeurent pas besoin de bombarder Paris car aprs une priode baptise de Ç Drle de Guerre [12] È par Roland Dorgels dans un article rdig en octobre 1939 lors de son retour des avant-postes de Lorraine, ils entrrent Paris dclare ville ouverte le 14 juin 1940. Au final, en simplifiant mais en tant relativement proche de la ralit vcue par les habitants, les abris ne servirent que trs peu, principalement au cours des premires alertes [13] qui suivirent la dclaration de lĠentre en guerre de la France le 3 septembre 1939, puis les alertes firent partie intgrante de la vie quotidienne, jusquĠ la nfaste nuit du 3 au 4 mars 1942 lorsque furent bombardes les usines Renault de Boulogne qui travaillaient alors pour lĠindustrie militaire allemande. Ensuite, partir du dbut de lĠanne 1944, de nouveaux textes furent diffuss pour rappeler la population lĠimportance de gagner les abris en cas dĠalerte ; il faut dire quĠen prparation du futur dbarquement, il tait prvu de dsorganiser au maximum les Allemands dans leur logistique et leurs dplacements en bombardant principalement les sites majeurs quĠils occupaient ou qui collaboraient leur industrie, ainsi que les faisceaux ferrs quĠils auraient pu tre amens emprunter.
De cette Occupation il nous subsiste une foultitude de lois, recenses par Ccile Desprairies [14], dont deux concernent particulirement les amateurs des sous-sols anthropiques que sont certains lves passs, prsents et esprons futurs des Mines de Paris : la Petite Ceinture (pour une raison que je rappellerai pas ici, mais lie plus particulirement aux anciennes carrires souterraines des 13e, 14e et 15e arrondissements) et le mtro parisien. Mais ce sont ces abris de Dfense Passive qui constituent la partie immerge de lĠiceberg des vestiges que nous ont lgus les prparatifs de la Deuxime Guerre mondiale et lĠoccupation de la France qui sĠensuivit ; toutefois, comme ils sont par nature sous terre, personne nĠen a conscience, ne les voit ou ne veut les voir. En effet, outre Ç quelques È kilomtres de tranches-abris, il fut cr cette occasion plusieurs dizaines de Postes de Secours Sanitaires [15] (des hpitaux souterrains dit Z comme tout ce qui touchait alors la guerre des gaz, et avec lesquels la salle dite Z sous le Val-de-Grce nĠa rien voir), mais surtout plus de 40 000 abris civils rien que pour Paris, et prs de 50 000 en banlieueÉ une broutille quoi !
Ci-dessus, une affiche
dĠpoque dcouverte lors du dcarrossage de la
station Trinit en 2016.
Pour qui prend le temps de
lire la lgislation affiche sur les quais du mtro, rien nĠavait vraiment chang" !
Mais les voyageurs du
mtro ne sont plus, depuis trs peu, soumis cette
loi VichysteÉ car seulement depuis le mois de mai 2016. En effet, le dcret du 22 mars
1942 a t abrog et remplac par un nouveau dcret pris le 3 mai 2016,
et publi au Journal officiel du 5 mai.
Pendant ce temps-l lĠcole nationale suprieure des Mines
Il fut bien
videmment envisag, comme pour toute institution, la cration dĠun abri, dont
on trouve trace dans le fonds archivistique de lĠcole. Et comme celle-ci se
trouve construite au-dessus dĠanciennes carrires, ce qui permit la cration et
le dveloppement un sicle auparavant [16]
des exercices de travaux pratique in situ associs au cours de
topographie souterraine, il fut logique dĠenvisager lĠemploi des galeries de
carrires comme abri profond. Par rapport au projet initial qui envisageait deux escaliers, un droit (accs principal) et
un circulaire (plutt sortie de secours), cĠest au final un escalier en
colimaon qui fut creus, proximit et la place de lĠescalier droit
envisag.
Ci-dessous, plan issu des archives de lĠcole
montrant :
- en bas gauche lĠescalier
en colimaon quĠil tait prvu de crer pour accder aux carrires (point mauve
rond sur la planche droite numrote 26-47 de lĠInspection des carrires
– dition 1981)
- droite lĠescalier droit
(rectangle mauve et trait linaire) pour aboutir dans la mme galerie.
Concernant le fonctionnement de lĠcole des Mines, certains renseignements nous sont fournis par la publication des lves en cette priode. Ç La Mine noire È (acronymis en LMN dans ce qui suit), qui succda celle sĠintitulant Ç Le puits qui parle (qui exista entre 1880 et 1912), parut entre 1942 et 1968.
Tous les ans se droulait un Ç banquet de la Sainte-Barbe È, organis par lĠAssociation amicale de lĠENSMP dont le but tait dĠalimenter la Caisse de Secours. En plus de ce Ç Dner de la Sainte-Barbe È ( Paris et dans le Nord), se droulait dj la Revue de la Sainte-Barbe, dite aussi Petite Revue, qui accompagne le baptme de la nouvelle promotion.
Notons les recommandations
sur la couverture et la premire page de lĠAnnuaire des Mines de 1940 :
Ç Se taire et travailler, cĠest bien
servir È, Ç LĠennemi mentÉ
restez sourd ! LĠennemi couteÉ soyez muet ! Il vous pieÉ
veillez !... È (Collection de lĠauteur).
La promotion 42 a vu son entre lĠcole retarde, alors que certains lves reus en 1939 nĠont toujours pas intgr (LMN nĦ3 de la 2e anne, dat de juillet 1943). Les tudes permettent dĠoublier le temps des cours, cette priode noire comme la mine : Ç Mais nĠas-tu donc pas suivi, oh ! mineur dont la constante assiduit aux amphis a rempli les feuilles dĠappel du Mandant È (LMN nĦ4 de la 2e anne – aot 43)
En 1943, on eut lĠide dĠeffectuer pour la premire fois ce baptme en prsence de la promotion antrieure de vingt ans sur les bancs de lĠcole, alors quĠil semblerait que pour cette mme anne il nĠy ait pas eu de vritable marraine vedette (lĠorganisateur en aurait t Franois Budin), tandis que la Petite Revue de cette anne est attribue au tandem Pan / Deniau. DĠautres crmonies traditionnelles avaient alors lieu : la Crmonie de la Flamme, la Messe annuelle pour les Camarades morts dans lĠanne, la Messe pascale commune aux trois coles des Mines.
Il tait prvu que les lves reus aux Mines de Paris lĠt 1943 aillent faire leur Service du Travail Obligatoire (avec lĠalibi de remplacer des prisonniers de guerre librs en compensation, selon un procd dsign par le vocable de la Ç relve È) avant la premire anne dĠtude de lĠcole. Cependant, le directeur adjoint de lĠcole des Mines, M. Friedel, avait obtenu que le STO soit effectu dans une mine en France, ce qui satisfaisait lĠAllemagne car elle pouvait ainsi esprer obtenir davantage de charbon puisquĠune main-dĠÏuvre spcialise tait utilise bon escient. Mais pour trouver des postes libres, il fallait lĠentregent et la complicit active de Michel Duhameaux, Ingnieur en chef des Mines du Nord-Pas-de-Calais, car il tait seul habilit pour signer les embauches. Il recrutait ainsi non seulement les lves des coles des Mines, mais galement des jeunes tudiants particulirement exposs, dont une partie non ngligeable tait de confession juive. [17]
En 1943, les amphis reprirent en septembre, et la Sainte-Barbe clbre fut le 1er dcembre (LMN nĦ1 de la 3e anne, datable probablement du mois de novembre). On y apprend galement concernant les Ç T.P. de topo : 20 gniasz qui, par un froid fendre lĠme, pleurent dĠmotion devant des appareils ultra-sensibles. Quant au mandant, il a abandonn les tudes graphologiques quĠil avait entreprises au dbut de lĠanne È.
Mine
de rienÉ
Cela sĠest fait sans bruit ; on nĠen a point
parl,
La radio nĠa rien dit ; mais la chose est certaine :
Dans Paris qui nĠa plus sans ticket que la Seine,
Depuis bientt un mois, les Mineurs sont rentrs.
Lorsque la Facult nĠtait pas encor
prte,
Leur foule a rveill le vieux Quartier Latin ;
Ë huit heures vingt-cinq, on voit chaque matin
Le BoulĠMich se peupler
dĠhtives silhouettes.
Dj dans les amphis, le Mandant, chaque jour,
Vient compter des dormeurs le nombre
hypothtique ;
Mais avant que pour le contre-appĠ
il ne rapplique
Les mineurs sont partis palabrer dans la cour.
Vignal aime toujours la thermodynamique ;
Dans lĠArdche, dit-on, il
lĠalla promener
Et Bouligand a profit de ce
cong
Pour pondre un nouveau fasciculeÉ bordlique
Chez le Nablat, Courbis est toujours matre-queux
Le menu bien souvent comporte des carottesÉ
Le charbon fait dfaut, cĠest dire quĠon grelotte,
Mas on prtend quĠil va nous arriver sous peu.
En somme, je nĠai plus grand
chose vous apprendre,
Les absents ne sont pas oublis, jĠen rponds :
Et, moins dĠimprvu, tous nous les attendons
Pour un mga-boulal, vers le
premier dcembre.
PÉ (2e anne)
Le 2 fvrier 1944, les jeunes taupins qui avaient intgr quatre annes et cinq mois auparavant, en sont leur dernier examen. (LMN nĦ7 de dcembre 1943).
Ce numro comprend le compte-rendu intgral et dtaill de la journe du mercredi 1er dcembre (o lĠon clbre alors la Sainte-Barbe). LĠaprs-midi les parodies eurent lieu lĠAmphi X, et le soir se droula la salle dĠIna. Lors du Baptme proprement dit de la promotion reprsente par Pecqueur et No, Perroy inaugura une nouvelle formule de double parrainage, par la promotion de vingt ans plus ge et celle de lĠanne prcdente. La P23, reprsente par Jean Caillot, remet la nouvelle promo la lampe, symbole de la voie trace, et la barrette protectrice, tandis que la P42, reprsente par Lombard et Brall, leur transmet sa science sous la forme dĠun rsum du cours de Chimie et dĠun cours Friedel. CĠest en quelque sorte une passation de pouvoir par le trisaeul, et un engagement dĠaccompagnement sur le chemin des tudes par le parrain.
En janvier 1944 sortit un nĦ7bis de LMN dans lequel est reproduit le texte de la chanson du mga-boulal :
Quand tu reverras ton cole
Quand tu reverras tes Amphis
Son Mandant, ses contrĠapps, tu diras Ç ma parole !
On est tout de mme mieux ici ! È
Quand tu reverras lĠescalier,
Ses petites tables en haut
Les lavabos de chimie, la Biblio, lĠAtelier
Les pĠtites btes, les lgumes, les cristaux
Plus besoins de lampe ptrole
Il fera soleil Paris
Quand tu reverras ton cole
Quand tu reverras tes Amphis
La maison ce jour-l prendra ses airs de fte,
Son visage rieur dĠautre fois
Et la nuit et le jour un orchestre musette
Chantera ton retour et ta joie
Mes amis diras-tu, rptons tous en chÏur
Vive la Mine
et vive les Mineurs !
Le nĦ8 de LMN (dat de janvier 1944), nous apprend quĠen octobre 43 une centaine de Mineurs ont pu rintgrer lĠcole. La Revue tait prvue le 30 avril (LMN nĦ9 de fvrier 1944), date anniversaire de la dcouverte du corps de Philibert Aspairt dans une galerie de carrire quasiment lĠaplomb de lĠcole cent-quarante annes auparavant, mais est-ce quĠil tait envisag de lĠvoquer dĠune manire ou dĠune autre dans cette revue ? En juin 44 parait le numro 13 de la revue ; il est presque exclusivement consacr la Revue qui eut lieu finalement un mois auparavant, le 7 mai 17h30 et qui fut suivie dĠun bal. Il y a un dessin caricatur de Bzard. Accessoirement un dbarquement vient de se drouler !
Photo de gauche, lĠinscription
qui tait la plus remarquable de toutes celles que lĠon pouvait lire dans
lĠabri sous le lyce Montaigne : Ç Paris, le 14 juillet 1944 È
surmontant deux drapeaux entrecroiss, un franais et un anglais. Le
dbarquement a eu lieu, cĠest la fte nationale, lĠespoir renat !
Esprons que ce sera bien le dernier 14 juillet dĠOccupation ?
De trs nombreuses autres
dates dĠalerte entouraient celle-ci, malheureusement elles ont toutes t
recouvertes dĠun immense badigeon noir et blanc ralis par un cataclaste. Toutes ces dates dĠalertes taient notifis sur
ces murs en franais, car il ne faut pas oublier que pour toutes sortes de
travaux, les Allemands faisaient intervenir des entreprises franaises, aussi
lorsque la sirne dĠalerte retentissait, tout le monde descendait dans lĠabri,
les Occupants, le personnel travaillant pour eux, tout comme les ouvriers qui
taient sur place ce moment-l.
La rentre 1944 se fit au mois de novembre (LMN nouvelle srie – 3e anne, nĦ1 dat de novembre). Le parrainage par la promotion de vingt annes antrieure se fait en bloc et est surtout effectif la sortie de lĠcole. Le parrainage par la promotion immdiatement prcdente est au contraire individuel. Ç En entrant lĠcole, vous faites partie dĠune communaut, qui a pour devise ÒSans failleÓ. [É] Chacun de vous aura bientt un pre È quĠil choisit parmi les lves de deuxime anne pour le guider et le former dans lĠesprit des traditions de lĠcole, dclare le Dlgu gnral lors de la crmonie dĠintronisation. Les mineurs de deuxime anne ont presque tous un filleul Ç pour une influence intellectuelle et une aide matrielle. Influence intellectuelle pour lui inculquer les principes bien compris de lĠesprit de lĠcole, une aide matrielle pour appuyer notre influence. È
Le nĦ2 de LMN (de dcembre 1944), nous fournit un exemple concret de cursus interrompu Ç pour fait de guerre È. Edmond Baratchart (1921-1944), fut reu la Mine en 1942, fit dĠabord une anne aux chantiers, avant dĠtre mineur Graissessac, et ce nĠest quĠen dcembre 1943 quĠil entrait lĠcole.
Mais les habitudes reprennent vite car voici nouveau un baptme souterrain dans les Catacombes, une vritable renaissance :
Ç BAPTĉME DE LA PROMO 44
Nous sommes
peine rentrs depuis huit jours que nos anciens parlent de notre baptme
(peut-tre sera-t-il pour eux lĠoccasion dĠun divertissement) et ds le lundi
11, 20 heures, anciens et bizuths sont runis dans la Bibliothque.
ÒTiens, ce
sympathique chamal [18]
serait-il notre marraine ?Ó
Mlle Denise
vient en effet dĠarriver et nous voil partis en file indienne pour la visite
des catacombes : ÒInitiation de fondÓ. Aprs une descente de 30 m. par une
bouche dĠgout, nous sommes vite, aprs lĠaspersion baptismale au milieu des
crnes et des tibias, les yeux fixs sur des visions tragiques, les oreilles
lĠcoute des bruits Òtout a fait insolitesÓÉ Puis cĠest un magnan et des
chants, et malheureusement trop tt, le retour la surface. Nous nĠinsisterons
pas sur la nuit qui devait nous procurer le repos ncessaire pour la crmonie
officielle du baptme du lendemainÉ..
Aprs un
splendide magnan sign Courbis, nous nous runissons
3h½ lĠamphi X sous la Prsidence de monsieur Friedel [pour couter
plusieurs discours : du Dlgu Gnral, du secrtaire de lĠAssociation
des Anciens lves, de deux reprsentants de la promotion 24, marraine de la
nouvelle promal qui prsentent ce quĠest la vie la
Mine, et les rapports qui lient les lves, anciens et actuels, tant lĠcole
quĠ la sortie]. Aprs la prsentation des commissaires Hasse (42) et
Espinasse (44), cĠest le baptme de la promotion, suivi dĠune magnifique revue
organise par les gnass de 2me anne, et
dont le but ne pouvait tre que de mettre en vidence les talents de nos
Matres distingus.
Enfin un apral gn confirmera la note de
sympathie qui a plan sur toutes les crmonies.
CHIC la Mine-sans-Faille
A. Espinasse È
En 1944, cĠest la fille de la libraire de lĠcole des Mines qui fut retenue comme marraine, et qui pousa dĠailleurs galement un lve de la P44. Lise Topart intervint lors du baptme qui eut lieu pour la revue de lĠanne 1947, avec les lves de la Promotion 44 assimils au retour de leur mobilisation. Puis en 1945, ce fut Jacqueline Duc, qui entra la Comdie Franaise lĠanne suivante, qui fut la marraine. Il se produisit alors un fait cette anne-l, dont le Landerneau des carrires bruisse encore et que les cataphiles nĠimaginent mme pas : Jean Rives, alors dlgu gnral de la P45, eut lĠide de laisser une trace de ce baptme sur les parois de la rue Saint-Jacques, au nord de ce qui sera beaucoup plus tard connu sous la dsignation de Ç galerie des promos È ; cette matrialisation fut ralise sous la forme dĠun simple encadr accompagn du nom de la marraine associ celui des organisateurs. Cet emplacement fut certainement choisi cause du Cabinet minralogique dans lequel se retrouvaient les lves lors de runions souvent nocturnes.
Entre-temps, dans le jardin du Luxembourg et ses dpendances
Lors de lĠOccupation, le jardin du Luxembourg devint le Haut Quartier Gnral de la 3e flotte arienne allemande (= Luftwaffe). Le jardin fut totalement interdit au public quelque temps car rserv lĠartillerie allemande, tant converti en parking pour y garer des vhicules. Deux blockhaus furent alors construits dans le jardin de part et dĠautre du Palais, qui vinrent en complment des abris construits auparavant en prparation de la guerre.
Ds 1934, le Snat avait commenc envisager srieusement la ralisation dĠabris pour protger les parlementaires et son plthorique personnel, sans omettre dans ses tudes la possibilit dĠamnager les carrires dans les sous-sols du jardin du Luxembourg. Si quatre abris furent initialement prvus, un seul fut finalement ralis dans le jardin de la Prsidence partir de 1937, la livraison ayant eu lieu en 1939 aprs des essais techniques effectus au printemps. Comme le prconisaient les tudes de la Dfense Passive, ce fut une vritable construction de bton tanche au gaz qui avait t rige sur deux tages, le tout intgralement fonc dans le sous-sol du jardin. En parallle, deux tranches-abris furent tablies dans le jardin en 1939 (une, alle de lĠOdon ; la seconde, alle des Platanes, devenue depuis Delacroix), dans lesquelles le public devait tre dirig par les jardiniers en cas dĠalerte de jour. Ces Ç tranches de circonstance È furent en ralit dsaffectes en janvier 1941 et alors en partie combles ; ce fut lĠabri en carrires sous la rue de Tournon qui devait sĠy substituer. Ce nouvel abri, accessible partir de la caserne des Gardes rpublicains, mais galement en ouvrant une trappe depuis la voie publique face lĠentre du Snat, tait restreint une simple galerie conforte pour cet usage et considre comme ne pouvant recevoir au maximum que 150 personnes.
Ci-dessous, dans le cercle
vert rue de Vaugirard, lĠentre de lĠabri rue de Tournon face au Snat, via une trappe ouvrir donnant sur un
escalier en colimaon.
Dans lĠovale vert,
lĠescalier de secours (mais pouvant aussi servir dĠaccs) dans les caves de la
caserne des Gardes rpublicains.
(Plan schmatique des
carrires dessin par Robert Chardon http://www.lutecia.fr/ et amlior par Laurent
Antoine http://www.lemog.fr/)
Bien que les Allemands fussent maintenant attributaires de lĠabri du Snat, mais aussi de la partie des tranches-abris qui nĠavait pas t combles, le Ç surplus tant rserv par lĠautorit occupante È, ils exigent de nouvelles structures renforces pour sĠabriter en cas dĠalerte. Fin 1943 est ainsi dcide la construction dĠun abri souterrain 14 mtres de profondeur, sous le jardin au niveau de la faade est du btiment du Snat. Constitu dĠune galerie axiale oriente nord-sud devant desservir 10 galeries perpendiculaires, lorsque la construction fut stoppe pour les raisons que lĠon sait le 18 aot 1944, seulement sept de ces galeries taient acheves. En outre, en avril 1944 il avait mme t envisag un nouvel abri du ct du muse restreint trois galeries en surlvation, mais protg par une dalle en bton arm de deux mtres dĠpaisseur.
Blockhaus construit la
demande des Allemands, occupants alors du lieu (İ site Internet du Snat)
En face, ds le 23 septembre 1940, le lyce Montaigne avait t rquisitionn par les autorits dĠoccupation essentiellement pour y loger les soldats de la Luftwaffe [19], qui se trouvaient ainsi deux pas du QG que le Marchal Goering avait tabli au Snat. Le jardin du Luxembourg, dĠabord interdit, finit par tre partiellement ouvert au public, ce que rappelle Marc Aug [20] : Ç Enfant, jĠallais souvent au Luxembourg. Je pourrais rcapituler mon existence en ne parlant que de ce jardin et des images quĠil mĠvoque. Images de la guerre : des secteurs entiers rservs aux Allemands, et les clats dĠobus de la D.C.A. que nous ramassions avec les marrons dĠInde dans les alles parce quĠils faisaient dĠexcellents aimants ; hivers de guerre, forteresses neigeuses, parcours plus rguliers aprs la guerre ou parfois plus haletants, les matins o jĠtais en retard et me htais vers le lyce Montaigne que les Allemands nĠoccupaient plus (quand ils taient encore l ils donnaient des concerts sous le kiosque et jĠentendais dire : Ò Quand mme ils sont bon musiciens... Ó). È
Les lves du lyce sont alors transfrs dans lĠcole communale de la rue des Feuillantines pour les petites classes et les siximes [21], ainsi quĠ lĠAlliance franaise (101, boulevard Raspail). Au dbut 1944, en prvision dĠvnements que lĠOccupant sentait nfastes pour son avenir, les locaux de la rue des Feuillantines sont leur tour rquisitionns par le gouvernement qui souhaite faire convertir lĠabri sous lĠcole en un abri gouvernemental pour 60 personnes. Les lves de ce qui tait devenu le Ç Petit lyce Montaigne È doivent nouveau dmnager pour gagner lĠcole de la rue de lĠArbalte. Afin dĠassurer la protection de la population civile qui avait le droit dĠaccder lĠabri sous lĠcole, un nouveau site ddi va alors tre construit sous la maison de la Gologie (77, rue Claude Bernard), espace de carrires qui va tre vid des remblais au sol, entirement vot et que lĠon connait aujourdĠhui sous le nom de salle Z [22].
La lgende des flchages des
trois sorties de secours. Ailleurs, dans cet abri sont uniquement reproduites
ces flches sur toutes les encoignures, et parfois en plusieurs exemplaires au
mme carrefour. Elles sont alors identifies la fois par leur couleur et leur
numro. La trs grande majorit de ce flchage est maintenant recouvert de
tags, y compris celles-ci matrialisant le point de dpart, car la base de
lĠescalier dĠaccs.
Tandis que, si sur cette
porte tanche isolant le poste de secours pour soigner les intoxiqus par les gaz
de combats, lĠinscription poche en allemand a aujourdĠhui totalement disparu,
cela est d uniquement la propagation inexorable de la rouille. (Deux photos
prises par Bruno Lapeyre en avril 1985.)
Le lyce Montaigne, devenu suite un nouveau nom de baptme davantage germanique Florian Geyer Burg, subit de nombreux travaux pour sa nouvelle affectation : Ç dans les sous-sols un stand dĠexercice de tir ; les cuisines avaient t quipes pour fabriquer des conserves destines lĠarme ; rue dĠAssas, proximit du lyce, avait t amnag un garage pour les camions militaires et dans les derniers mois de lĠoccupation, toute une salle se trouvait remplie de grenades. Les Allemands avaient aussi organis une prison avec plusieurs cellules. Toutefois, la distraction des troupes nĠtait pas oublie, puisque les occupants avaient reconstitu une taverne bavaroise, avaient tabli dans le prau de la cour de droite une salle de cinma (qui fut conserve jusquĠen 1979), remplac la chapelle par une salle de thtre bien quipe, qui fut totalement dmonte la Libration [23] È. Tandis quĠau niveau des carrires [24] existe un abri anti-arien qui porte encore aujourdĠhui les stigmates de cette occupation militaire, ayant t amnag en 1940-1943 par les Allemands avec tout un systme de flchage menant vers quatre sorties de secours.
Mais cet abri tant devenu stratgique de par lĠimportance de la force dĠOccupation qui avait tabli ses quartiers au-dessus, cela induisit pour des raisons de scurit, un isolement infranchissable de pratiquement tout le secteur nord de lĠactuel Ç Grand Rseau Sud È. Pourtant il ctoie lĠabri civil sous la facult de Pharmacie car situ dans les carrires immdiatement mitoyennes. La sparation entre les deux tait matrialise par une porte blinde volant identifie par lĠinscription Ç Notausgang 4 È, alors que les flches poches pour sĠorienter dans lĠabri ne dsignent que les sorties de secours 1 3, la troisime tant double car menant soit vers la servitude de la rue Notre-Dame des Champs, soit vers celle de la rue Bonaparte.
Traduction du document
archivistique prsent ci-dessous :
Instructions / Mode dĠemploi
Tout dĠabord repousser la plaque de bton. Puis sortir par le trou de
la grille. Ensuite soulever tous les lments de bton, relever la grille et la
fixer avec les barres transversales.
Cet escalier fut dsormais
interdit aux seules personnes auparavant autorisesÉ savoir le personnel de
lĠInspection !
Malheureusement, la plupart des marquages allemands ont dsormais disparu sous les injures du temps et les rcentes dgradations de visiteurs irrespectueux et sans connaissances historiques, parmi ceux qui frquentent les carrires souterraines de la capitale. Si lĠon peut effectivement atteindre cet abri partir des carrires / catacombes de Paris, ce que firent en leur temps de relevs les docteurs Suttel et Talairach [25], les Allemands taient parfaitement conscients de cette permabilit gnrant une faiblesse intrinsque. Aussi le cheminement des trois sorties de secours (73 rue Notre-Dame-des-Champs, face au 92 rue Bonaparte, et 86 boulevard Saint-Michel) depuis les portes de lĠabri, avait t isol du rseau gnral des galeries par des fermetures lĠaide de panneaux fixes en bois ou mobiles. Ce que nous confirme un rapport du 23 fvrier 1942 rdig par lĠingnieur en chef des bureaux Ç la suite de tournes de surveillance des anciennes carrires existant sous certaines voies publiques du VIe arrondissement È, qui tablit ce sujet un compte rendu dtaill et nous donne les prcisions suivantes : les deux accs aux carrires du lyce Montaigne (par la rue dĠAssas et par la rue Auguste-Comte) sont dsormais ferms par des portes mobiles avec serrure, alors que la serrure fermant la trappe de lĠescalier du 64 boulevard Saint-Michel a t change et ne peut plus tre utilise avec les clefs du Service des Carrires. Au pied de cet escalier, fut dĠailleurs trouve une inscription allemande qui expliquait comment ouvrir depuis lĠintrieur cette trappe de sortie (et dont la transcription est donne ci-dessus).
Si ce mode dĠemploi en allemand se trouvait appos la base de lĠescalier, cĠest bien que dsormais les seuls utilisateurs possibles ne pouvaient tre que les Allemands pour lesquels tout le secteur du Luxembourg, aussi bien en surface quĠen dessous (dlimit par le quadrilatre rue de Vaugirard, rue dĠAssas, rue Michelet et lĠcole des Mines) avait t sanctuaris. Mais combien parmi les rares reprsentants de lĠarme dĠOccupation qui eurent le privilge de sĠy dplacer (ne serait-ce que pour vrifier lĠemplacement des travaux de cloisonnement dcids partir de lĠtude des plans de lĠInspection, ou superviser les dits travaux) remarqurent que les marches de lĠescalier du boulevard Saint-Michel, construit peu de temps auparavant, avaient t coffres en utilisant des journaux dont lĠencre avait t absorbe par le ciment, rendant le texte toujours visible sur les contre-marches lorsque lĠon lve la tte ? Notons que cette sanctuarisation du secteur mnageait par l-mme un accs partir du garage des officiers au 86, de la rue dĠAssas.
Exemple dĠune publicit pour
la Quintonine, une boisson fortifiante base de
quinquina alors en vogue lĠpoque, qui Ç excite lĠapptit et combat la fatigue È. Parue dans un
journal, elle se retrouve aujourdĠhui transfre sur le dessous dĠune marche
par migration de lĠencre lors de sa prfabrication.
On ne peut que constater que le Ç plan des communications souterraines allemandes autour du jardin du Luxembourg trouv lĠcole des Mines aprs le combat du 25 aot 1944 È et dpos lĠcole des Mines le 26 aot 44 (et sĠy trouvant heureusement toujours), a t ralis par les Allemands partir des plans de lĠInspection des carrires, ce qui tait le plus simple. Ce plan, ralis sur calque, se superpose dĠailleurs parfaitement avec le plan du Service des Carrires, lĠexception il est vrai de la galerie menant depuis la rue dĠAssas jusquĠ la sortie de secours 73, rue Notre-Dame-des-Champs, qui rutilise un escalier de service de lĠInspection datant du XVIIIe sicle car cr sous Charles-Axel Guillaumot, le premier Inspecteur des carrires [26]. Alors que dans la ralit ce parcours fait les trois cots dĠun paralllpipde, sur le plan il a t schmatis en une simple ligne droite, ondulant lgrement ; cĠest l le seul cas o le plan de lĠInspection nĠa pas t respect.
Sur le plan allemand rcupr en 1944, ceux-ci nĠy ont
fait figurer que les galeries de servitude tablies au niveau des anciennes
carrires, en faisant abstraction de la galerie technique PTT lĠaplomb du
boulevard Saint-Michel indique sur le plan Suttel
premire version comme Ç couloir
cbles tlphoniques / relais Paris-Bordeaux È.
Cela aurait pu paratre une lacune rendant ventuellement permable leur
systme de galeries de repli dans le cas o ils auraient d sĠchapper du
Luxembourg au sens gnral par les sous-sols. Mais, mme si cette galerie ne
transparat pas sur leur plan, ils en avaient bien conscience et avait scuris
le lieu en consquence, en y installant des fils de fer barbels comme le
montrent les deux versions du plan du docteur Suttel.
Souligns en marron, les
fils de fer barbels signals sur leur plan par les docteurs Suttel et Talairach.
Souligns de vert : la
Ç porte blinde avec grille et mouchard lectrique È sparant
lĠabri civil de la facult de Pharmacie de lĠabri allemand, ainsi que la
Ç porte de fer de sret È empchant dĠentrer par la sortie de
secours sur la rue Notre-Dame-des-Champs (indiqu sur le plan de construction
Ç vers la galerie municipale È) de lĠabri amnag par la socit Botte au 115 de cette rue (aujourdĠhui Facult Libre de
Droit, dĠconomie et de Gestion).
Sur le plan ci-dessous, lev
par le docteur Suttel, les pastilles rouges,
positionnes dans lĠabri de la facult de Pharmacie, reprsentaient trois
sorties potentielles par escalier, lesquelles lors de la cration de cet abri taient des accs spars rservs :
A : aux
militaires ;
B : aux tudiants
conduits par leurs chefs de travaux, et aux civils surpris par une
alerte ;
C : aux enfants du
lyce sous la conduite de leurs professeurs.
Une quatrime sortie (D) fut
au final agre, bien que par puits chelons.
Deux dates sur
ce pilier encorbellements au bas de lĠescalier de secours Bonaparte,
avec cette prcision Occupation par les Allemands : janvier 1941
– 2 fvrier 1944.
Quant aux quelques dates dĠalerte ci-aprs
(30 dcembre 43 2 fois ; 31 dcembre 43 midi ; 21 janvier 44 ; 2
fvrier 44), ce ne sont que quelques-unes parmi les trs nombreuses qui vont se
succder et qui sont lies aux premiers prparatifs du futur Dbarquement.
Le rle des sous-sols lors du dernier des 5 jours de lĠInsurrection
Les Allemands avaient une telle connaissance des galeries de carrires au voisinage des abris du lyce Montaigne et du Snat, quĠils avaient donc install des fils de fers barbels dans la galerie technique, mais il aurait fallu les surveiller pour que les Ç cataphiles de lĠpoque [27] È ne les franchissent pas comme purent le faire Suttel et consort.
Cette connaissance des carrires par les Allemands nĠtait pas limite Paris et ventuellement la proche rgion parisienne, mais au contraire toute la France. Le service gologique de la Wehrmacht procda en effet partir de 1942 un inventaire sur tout le territoire franais de ces sous-sols artificiels, avec lĠobjectif ventuel dĠy installer des usines ou dĠautres structures quĠil fallait abriter de bombardements redouts, tude effectue partir de documents possds en diffrents ministres et autres administrations[28].
Le 25 aot 1944 fut sign la reddition des Allemands par le gnral von Choltitz en dbut dĠaprs-midi [29], mais le secteur du jardin du Luxembourg va se transformer en bastion retranch, les Allemands qui occupent le Snat refusant de se rendre. Depuis la semaine prcdente, lĠtat-major de la Luftwaffe avait quitt le Palais du Luxembourg, remplac par les 600 hommes du colonel von Berg qui tait cantonns au lyce Montaigne, garnison renforce par une colonne de SS de retour du front de Normandie et une compagnie de Schutzpolizei (une police de protection particulirement virulente). LĠcole des Mines, de par sa localisation, nĠchappe pas au sige tenu par les derniers combattants allemands ; ils sĠy barricadent galement, mettant la porte le personnel encore prsent, lĠexception du concierge [30]. Les soldats se mettent alors miner le site du Luxembourg en entreposant dĠimportantes quantits de cheddite dans les abris du Snat. Le colonel Crpin de la 2e DB entre alors dans la cour dĠhonneur pour y entreprendre, avec son homologue von Berg, des ngociations qui vont sĠterniser jusquĠ 18h45. Les rsistants avaient bien envisag dĠessayer dĠinvestir les lieux par les sous-sols, mais ne passrent pas la pratique ralisant que la sortie dans ce camp retranch se serait effectue un par un, formant ainsi des cibles idales et vouant leur tentative quasiment lĠchec. Pourtant, Ç une attaque par les carrires immdiatement envisage sĠtait avre impossible bien que lĠaccs par les abris souterrains nĠait plus prsent de difficult. LĠarmement tait [aussi] insuffisant pour une attaque surprise [31] È nous signale le docteur Suttel qui a parcouru les carrires souterraines pendant toute la guerre. Bien que le cheminement par les carrires nĠaurait effectivement alors pas pos de difficult, suite au plan quĠavaient tabli les deux docteurs de Sainte-Anne, Suttel et Talairach, la suite de nombreuses nuits blanches passes arpenter les centaines de kilomtres souterrains, il ne fut donc pas question dĠattaquer cette troupe par les sous-sols.
La 2e DB appele en consquence la rescousse, se positionna place Louis-Marin afin de prendre lĠcole en enfilade, btiment qui en porte encore des traces (mles celles de bombardements que subit lĠcole pendant la Premire Guerre mondiale). DĠautres impacts de ces combats sont encore parfaitement visibles sur le btiment des serres ct rue Auguste-Comte. CĠest en forant lĠentre donnant sur cette rue, aujourdĠhui place Andr-Honnorat, que les chars de Leclerc pntrrent dans le jardin du Luxembourg, ce qui mit un terme dfinitif lĠOccupation de Paris.
Plan extrait de Ç La 2e DB dans la
libration de Paris et de sa rgion È par Laurent Fournier et Alain Eymard ;
La carte des combats
droite est extraite de Ç La libration de Paris È dĠdith Thomas
(voir : http://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/la-prise-du-senat).
Ce ne fut que le 31 aot que les pompiers [32], associs des soldats du Gnie de la Division Leclerc, vacurent le stock de cheddite accumul dans le central tlphonique construit sous les pelouses du Snat, plusieurs centaines de caisses semble-t-il. Deux des participants la neutralisation de ce dernier pige tendu par lĠOccupant eurent une surprise totalement inattendue, mais qui peut sĠexpliquer avec le recul et la lueur de ce document indit et insouponn : le plan allemand dcouvert en aot 1944 et trouv dans le fonds cartographique ancien de lĠcole des Mines. Occups leur travail qui demande une attention soutenue et des mouvements parfaitement matriss et contrls, ils entendirent tout coup Ç Kamerad, Kamerad ! Sortant de lĠombre, deux soldats allemands sĠavancent vers [eux], hirsutes, famliques, ne tenant plus debout !... È. En se rendant aprs avoir jet leurs fusils terre, ils expliqurent avoir err depuis huit jours en sĠenfuyant par les Ç gouts [33] È, mais nĠayant pas trouv de voies de sortie les ramenant la surface, puiss ils auraient dcid de faire demi-tour pour revenir leur point de dpart. En cette date tardive, ces deux prisonniers peuvent de fait tre considrs comme les deux derniers Allemands ayant occup Paris.
Ds octobre 1944, aprs des ramnagements rendus ncessaires par quatre annes dĠoccupation par une troupe militaire, le lyce Montaigne put accueillir de nouveau les lves. Il est noter quĠau sein de ce lyce, un tableau lectrique porta jusquĠaux annes 80Ġs des indications en allemand, et que lors de la rfection du gymnase rapparut cette inscription flche : Zum LuftschutzraumÉ mais dĠautres lyces portent encore des telles indications !
Deux photos issues du Muse
de Sainte-Anne, montrant des prisonniers allemands aprs leur reddition.
LĠanecdote peu
connue voque ci-dessus peut tre rapproche de celle raconte par le docteur Suttel dans son livre consacr aux carrires et catacombes
de Paris. Quelques jours aprs la Libration de Paris, Suttel
et Talairach dcouvrirent au pied de lĠescalier de
sortie de la rue Bonaparte (une des sorties de secours que sĠtaient donc
mnages les Allemands partir du lyce Montaigne, lĠune des deux numrotes 3
et flches de noir dans lĠabri)É un petit tas dĠuniformes SS. On peut supposer
des soldats sortis par cet accs aprs avoir revtu des habits civils, profitant
de la confusion gnrale rgnant alors autour du jardin du Luxembourg ; ce
dernier bastion luttant contre les librateurs attirait sa foultitude de
curieux au dtriment des plus lmentaires rgles de scurit auxquelles il
aurait mieux valu se tenir. Ce nĠtait pas la premire fois quĠil avait t
envisag de passer par les galeries de carrires pour surprendre les Allemands
dans un de leurs derniers retranchements. Une autre opration dĠenvergure fut
imagine quelque temps auparavant pendant lĠInsurrection : prendre
dĠassaut la prison de la Sant pour y faire vader les prisonniers, ce qui
aurait pu tre ralis sans peine, un court puits chelons dbouchant
lĠintrieur du large primtre de scurit dploy tout autour du lieu de
rtention, mais cela ne dpassa pas non plus le stade de la rflexion car
lĠtroitesse des galeries et lĠexigut de la sortie rendaient les actions de
sortie et dĠvacuation irralisables sans pertes considrables. Les Rsistants
avaient dj finalement admis alors que Ç les carrires sont
utilisables uniquement comme refuge clandestin, dpts dĠarmes et de matriel
ou moyens de communication pour de petits groupes ou des individus isols È.
Le plan de circulation des carrires en possession des Rsistants
Si les Rsistants avaient envisag un temps dĠinvestir le nid allemand du Luxembourg cĠest parce que grce aux docteurs Suttel et Talairach ils taient en possession dĠun plan lev la main de lĠensemble des carrires qui ne sĠappelait pas encore le Grand Rseau Sud, dmarr partir de lĠhpital Sainte-Anne o ils taient affects durant lĠOccupation. Ils en dressrent un plan double trait de 1943 1945, en esprant quĠil pourrait servir la Rsistance. Ils avaient fait lĠabstraction des plans de lĠInspection qui existaient et quĠils auraient pu calquer (autre mthode possible), mais il aurait nanmoins fallu complter le travail en allant sur le terrain pour y apporter des informations pratiques absentes de la cartographie officielle.
Ce plan connu depuis sous ce simple nom Ç Suttel È nĠest pas trs juste au niveau reprsentation des galeries, surtout dans certains secteurs (par exemple sous le cimetire Montparnasse), mais il est strictement isomorphe cĠest--dire que les nÏuds du rseau sont parfaitement corrects. Cela tient aux conditions et la mthode de relev, commenc partir dĠÇ une grille chre [leurs] souvenirsÉ È, celle isolant du rseau gnral les carrires sous le groupe hospitalier Sainte-Anne. De toute manire, il rpondait avant tout un usage pressenti et donc une ncessit : Ç la possibilit pour un lecteur de se diriger facilement dans le rseau des carrires, de se rendre dĠune issue une autre sans sĠgarer en connaissant les modes et les facilits ventuels de sortie È. DĠo aussi le report sur ce plan dĠinscriptions graves dues lĠInspection (informations absentes des planches officielles car leur usage nĠest pas le mme), ou dĠautres repres visuels telles que des graffitis. Mais il comporte aussi des indications telles que : Ç Puits de sortie par chelle et trappe circulaire devant la Laiterie parisienne 42 bd Pasteur È, avec indication du nombre de marches pour les escaliers. Ç Ce travail, fait dans la clandestinit pendant de longues nuits, ayant pour but essentiel le passage ais et rapide dĠun point un autre, avait exclu volontairement tout rapport avec lĠadministration des carrires È, ce qui est la Ç norme È pour tous les plans Ç clandestins È des carrires de Paris jusquĠ nos jours.
Sur la premire version de
son plan, quĠil remit au colonel Rol-Tanguy, le
pourtour de lĠabri allemand du lyce Montaigne nĠest pas encore dessin, mais
les deux grilles en fer en donnant accs sont reprsentes, lĠune indique avec
un Ç signal lectrique È. Tandis quĠau niveau de ce qui va tre
transform en abri pour le gouvernement Laval, il est crit quĠil y a une
Ç porte de fer È, qui a donc momentanment empch de pntrer dans
le site, puisque sur la version finale le pourtour de lĠabri est figur avec
deux pastilles figurant les deux escaliers dĠaccs et donc de sorties
potentielles.
Sur le Ç Suttel È, les dissimilitudes les plus grandes, par rapport aux plans (filaires ou non) calqus viennent du mode de reprage topographique : Ç Le trac de chaque galerie a t ralis en comptant les distances en nombre de pas, chaque changement important dĠorientation ayant t not la boussole. Le reprage en surface nĠa t possible quĠen utilisant, soit des escaliers, soit des puits crampons par lesquels nous accdions aux trappons circulaires en fonte [par en dessous], traant la peinture une marque, chaque fois diffrente, dans lĠpaisseur de lĠorifice mdian. Le contrle en surface se faisait ensuite de jour, en se dplaant bicyclette È, restrictions de guerre obligent ! Par lĠintermdiaire dĠun rseau de rsistance de la Presse, Suttel et son comparse rencontrrent un beau jour un groupe intress par lĠutilisation des carrires. Ensuite, ils furent mis en relation avec le colonel Rol-Tanguy sans savoir que cĠtait lui, car il se prsenta sous lĠalias [34] de Morel. Ils firent une reconnaissance ensemble sous Paris, visite clandestine comme il se devait, mais qui leur laissa un souvenir spcial car elle fut marque par un incident particulier : Ç un carrefour, sous la rue Humboldt, une lampe lointaine brillait dans les tnbres. Aprs un instant dĠimmobilisation, notre fanal et celui de lĠinconnu sĠloignrent dĠun commun accord tacite, chacun ignorant qui pouvait tre lĠautre. Morel, malgr tout satisfait, nous demanda de lui confier notre plan. È
Nous pouvons affirmer quĠil est quasiment exclu que cet autre visiteur de lĠombre ait t un Allemand. Il nĠaurait certainement pas t seul sous terre, encore moins dans ce secteur, mais de plus il est avr que dĠautres personnes cette poque connaissaient et parcouraient illgalement ces galeries sous Paris, et parmi eux certains noms nous sont parvenus par des membres actuels de leur famille : par exemple le sapeur-pompier Ren Legruiec [35], ou Pol le CÏur. Mais une telle activit illicite, et a fortiori devant rester secrte dans le cas dĠun rsistant cherchant reprer un lieu, fait que la plus lmentaire prudence recommandait de ne pas vouloir savoir tout prix qui pouvait tre en face. De plus, les Allemands avaient sanctuaris le secteur autour du jardin du Luxembourg, donc les rares endroits o ils durent circuler sont dans ces parages, ainsi que dans lĠOssuaire quĠils pouvaient se faire ouvrir volont, tant chez eux en France et donc Paris, bien que ce site touristique ft officiellement ferm [36].
Ci-dessous droite,
inscription manuscrite allemande de 1942 dans lĠossuaire. Ci-dessous autres
inscriptions de 1940 1943 dans lĠabri du lyce Montaigne dont un dnomm Rudi
qui laissa son prnom en 1940, en 1941-42, et pour la dernire fois en 1943.
Que lui arriva-t-il en 1944 : retour en Allemagne, dpart zur Normandie front ?
Une autre anecdote similaire nous est rapporte par le docteur Suttel concernant le secteur de lĠabri allemand. Ç Les investigations autour des abris allemands, pour en dfinir les contours et les issues, ne sĠeffectuaient videmment pas sans tension. Mais rien de fcheux ne se produisit. Une seule fois cependant lors de lĠexploration nocturne dĠun abri en construction, toutes les ampoules sĠallumrent soudainement. Bien quĠarms, nous tions peut-tre pris au pige. Aprs une longue attente, cachs dans un recoin, tout sĠteignit. tait-ce une erreur dĠinterrupteur, un garde prudent ? È
Une version initiale de ce plan fut remise Rol-Tanguy, et il tait jusquĠ rcemment encore en possession de Ccile Rol-Tanguy sa veuve, avant quĠelle ne le remette au Muse de la Libration de Paris. La progression dans le relev du plan souterrain de Paris est manifeste en plusieurs endroit : par exemple sous le Val-de-Grce o apparaissent davantage de dtails, mais aussi et surtout au niveau de lĠabri allemand du lyce Montaigne. On y voit galement apparatre lĠabri dit Laval, qui est alors seulement en construction sur la version finale du plan Suttel qui nous est parvenu. Cela veut galement dire quĠil ne semble pas que le docteur Suttel ait pntr dans cet abri lorsquĠil nĠtait quĠun abri destin aux lves de lĠcole sise au-dessus. Ce nĠest quĠ partir de fvrier 1944, suite une runion entre le Secrtaire gnral du Gouvernement, le Prfet de la Seine, le directeur de la Dfense Passive, des reprsentants ministriels et de services techniques de la Ville de Paris quĠil fut dcid la conversion de lĠabri scolaire en un abri gouvernemental pour 60 membres de lĠquipe de Pierre Laval, abri qui ne sera finalement jamais termin. Il est par ailleurs intressant de noter quĠaprs la Libration de Paris, Rol-Tanguy prendra possession des locaux de la rue des Feuillantines pour sĠy tablir ds le 28 aot, nĠayant plus aucune raison de se cacher.
Si auparavant il dirigea lĠInsurrection partir de lĠabri de la place Denfert-Rochereau, dont la construction avait t envisage et diffuse dans la presse ds 1936 dans un article de la revue La Nature [37], cĠest pour plusieurs raisons. Le site avait t indiqu Rol par lĠingnieur Tavs, chef du Bureau des projets de la Ville et Rsistant depuis fin 1942, et mis sa disposition par le gnral Bloch-Dassault qui tait alors au Comit directeur du Front national. Cet abri tait relativement bien positionn sur la route que les allis taient susceptibles dĠemprunter pour entrer dans Paris, mais surtout il possdait son propre central tlphonique reli au rseau des gouts, ce qui le rendait indpendant et permettait de doubler le standard de surface des PTT. De plus, grce un ingnieur du mtro, le capitaine Ra, ce standard tlphonique souterrain fut galement reli au rseau mtropolitain, le mettant en communication avec 250 postes dans Paris et la rgion parisienne, dont la Prfecture de Police. Avantage non ngligeable, son positionnement au niveau des carrires (et donc en liaison avec lĠossuaire des CatacombesÉ mais aprs seulement plusieurs centaines de mtres de marche souterraine [38]) faisait quĠil tait tout le contraire dĠune nasse car il offrait un certain nombre de voies de repli et dĠinnombrables sorties de secours. Cet abri tant primitivement dvolu aux Services techniques de la Ville de Paris (service du Mtropolitain, de lĠclairage, du nettoiement, de lĠeau, de lĠassainissement, etc.), lors de la prsence de Rol et ses hommes il continuait de fonctionner en parallle pour les besoins de la ville [39].
Lorsque lĠon compare les trois annes successives de la planche 25-50 (ex.281) de lĠInspection des carrires, en 1896 lĠemplacement prcis du futur abri est encore lĠtat dĠanciennes carrires par hagues et bourrages, tandis que la ligne de Sceaux y est bien reprsente (son terminus lĠpoque est la gare du Luxembourg depuis peine une anne [40]). Puis sur la version provisoire de 1937, les consolidations du mtro L4 et L6 ont fait leur apparition, mais il nĠy a toujours rien au niveau de lĠabri. Il faut attendre la version de 1943 pour voir cet abri enfin dessin trs prcisment. Les Allemands ne pouvaient a fortiori pas ne pas tre au courant de son existence. DĠailleurs Rol-Tanguy, le dclare lui mme dans ses mmoires : Ç Le lieu tait connu de la Kommandantur allemande, mais le contrle tait limit un coup de tlphone quotidien au gardien de service, qui appartenait lĠquipe de Tavs. Il se tenait toujours proximit du standard. Il rpondait chaque matin – cĠtait toujours vers dix heures – au major allemand charg de la surveillance, Otto Dummler, par un laconique Ç RAS È – rien signaler. CĠtait lĠhabitude. Mais ma connaissance, cette surveillance, de toute faon lointaine, nĠa pas continu au-del du 23 aot. Cela nĠempchait pas de prendre toutes prcautions pour tre lĠabri. LĠentre principale par le laboratoire dĠessais tait garde par les hommes de lĠingnieur Tavs. Son accs tait limit au strict ncessaire – cĠest par l quĠarrivait Massiet, le chef dĠtat-major de Liz, ou que le gnral de gendarmerie Hary est pass le 22 aot, lorsque Chaban lĠa mis sous mes ordres. Il fallait donner un mot de passe qui changeait tous les jours. Mon chauffeur et mes gardes du corps ne descendaient pas dans le PC. Les agents de liaison non plus : comme je lĠai dit, ils entraient par la gare de Sceaux. Leurs messages taient transmis au PC par les soins dĠun officier du 3e bureau qui faisait la navette, puis ils ressortaient par la cour de la rue SchÏlcher. È
Le cheminement inverse fut effectu par Rol le 20 aot pour venir sĠy installer depuis lĠimmeuble de la rue SchÏlcher o il tait arriv la veille : descendant lĠescalier il nĠeut quĠ suivre non seulement une galerie clairement reconnaissable par la prsence dĠun cble tlphonique, mais surtout celle-ci tait claire. Ceci nous est galement confirm par la soumission du 7 aot 1939 pour les travaux dĠlectricit [41], qui stipule que les globes lumineux devaient tre commands Ç lĠaide de 9 boutons-poussoirs rpartis tout le long de la galerie È, interrupteurs dont sont encore parfaitement identifiables les emplacements ainsi que ceux des globes lumineux. Mais tout ce matriel, de mme que toutes les gaines et les fils lectriques, ont disparu, trs certainement au cours des remplois qui ont cannibalis de trs nombreux sites de cette nature suite leur dsaffectation aprs-guerre, quand le pays tait encore en manque de tout et soumis aux restrictions (rappelons que les tickets de rationnement perdurrent pendant quelques annes aprs la Libration).
En guise de non-conclusionÉ compltement ouverte :
Signalons que parmi les premiers explorateurs Ç clandestins È aprs-guerre du site souterrain allemand du lyce Montaigne, autrement dit qui sont passs par les carrires, on compte ds janvier 1945 bien videmment des lves des Mines. Parmi eux, Franois Budin, Henri Carpentier et Jean Fumet, tous trois de la promotion P43, ce que le deuxime me raconta aprs que je lui eus envoy la photo ci-dessous droite.
Ë gauche, une des traces les
plus emblmatiques des combats de la Libration, prs du porche dĠentre de
lĠcole. Mais tous les clats ici ne sont pas de cette poque car ils sont
mls aux traces du bombardement de Paris le 20 janvier 1918. CĠest par exemple
le cas de la grosse trane horizontale au ras du sol qui est une des
cicatrices de la Premire Guerre mondiale toujours visible Paris (voir les
photos de ce mur juste aprs, en 1918, sur le site Gallica
de la BNF, en particulier : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53003932s)
Photo prise dans le
cheminement souterrain permettant de passer de lĠabri de la facult de
Pharmacie lĠescalier de sortie boulevard Saint-Michel, donc proximit de
lĠcole. Le Nablat, dont il est fait rfrence
droite des noms des trois lves de la promotion 43, en lui demandant de se
dvtir, tait le cuisinier dans lĠargot de lĠcole des Mines. Il est galement
cit premire ligne de lĠavant dernier couplet dans la chanson de 1943
reproduite ci-dessus. Malheureusement cette inscription est aujourdĠhui
recouverte dĠun tag.
Dernire minute : le 3 mai 2016 tait signale (au
moins par Ouest-France dans son
dition du soir) la dcouverte par les forces kurdes dĠtonnants rseaux de
souterrains mconnus de lĠtat islamique. Ces tunnels taient utiliss par les
djihadistes pour circuler librement, en toute discrtion, mais surtout se
protger des raids ariens de la coalition. Ce que les Allemands avaient
eux aussi imagin au cours de lĠOccupation, pouvoir se mettre lĠabri des
bombardements allis et sĠchapper par la mme occasion dĠune attaque des
Librateurs en utilisant les galeries souterraines de Paris, dĠautres venaient
donc de montrer la pertinence de sa mise en application.
Ç Chic la Mine È gilles.thomas@paris.fr
Ci-dessous, extrait
similaire du plan Suttel dans sa version finale.
Bibliographie sommaireÉ tout
tant encore crire :
Ç Les carrires souterraines
peuvent-elles tre amnages en abris ? È, par Pierre Devaux, dans La Nature du 1er avril 1936
nĦ2974 T1 p.299-307 ;
Ç Proposition tendant lĠutilisation
des anciennes carrires souterraines pour la protection de la population
parisienne contre les attaques ariennes È, dpose en 1936 (sous le
numro 152) par M. [Ludovic] Calmels, conseiller
municipal [du 13e arrondissement / mdecin / PRS] ; sept pages
et trois plans dont deux dpliants (un de situation, celui de lĠabri envisag
place Pinel, et celui des garages-abris souterrains) ;
Ç La Dfense Passive. Protection des
populations civiles contre les attaques ariennes È,
par Robert Chenevier, La petite Illustration, nĦ927, 15 juillet 1939 ;
Ç Paris pendant la guerre, (juin 1940
– aot 1944) È, par Pierre Audiat
(Librairie Hachette, 1946) ;
Ç Catacombes et Carrires de Paris.
Promenade sous la capitale È, par le docteur Ren Suttel,
prface du docteur Jean Talairach (Sehdacs 1986, puis ditions du Treuil 1993) ;
Ç Libration de Paris. Les cent documents È,
par le Colonel Rol-Tanguy & Roger Bourderon, avec un avant-propos de Jacques Chaban-Delmas)
(chez Hachette, dans la collection Pluriel, 1994) ;
Ç Atlas du Paris souterrain È,
sous la direction dĠAlain Clment et Gilles Thomas (Parigramme,
2001 ; dition actualise et complte en 2016 et rcompense par le prix
Haussmann pour son apport la connaissance du Ç Grand Paris
souterrain È) ;
Ç Rol-Tanguy È,
par Roger Bourderon (chez Tallandier,
2004) ;
Ç Les catacombes. Histoire du Paris
souterrain È, par Gilles Thomas (Le Passage / diffusion Le Seuil,
2015 ; ouvrage ayant reu en 2016 le prix éve Delacroix de lĠAcadmie
franaise, destin Ç lĠauteur dĠun ouvrage
(essai ou roman) alliant des qualits littraires le sens de la dignit de
lĠhomme et des responsabilits de lĠcrivain È ;
Ç Un monde oubli È, par Agns Canavlis, p.38-41 de Liaisons
(le magazine de la Prfecture de Police) nĦ113, numro hors-srie Ç Les
lieux secrets de la Prfecture de Police (chapitre Mystres en sous-sol) È paru en dcembre 2015 ;
Ç LĠabri
de Dfense Passive du sige de la CPDE (immeuble Vienne-Rocher) È, par
Gilles Thomas, p.56-65, dans Liaison-Sehdacs
nĦ22 (2016) ;
Ç Abris
souterrains de Paris. Refuges oublis de la Seconde Guerre mondiale È, par
Gilles Thomas (Parigramme, mars 2017) ;
Ç La Dfense Passive et les abris allemands dans le 16e È,
page 5 de
La lettre de XVIe demain (Urbanisme, Environnement et
Qualit de vie), nĦ162 (juillet 2017) ;
Ç Tous aux abris È, par Gilles Thomas, p.10-12 du Bulletin
dĠinformation de la Seadacc (septembre
2017) ;
Ç Petite
tude dĠinscriptions trouves dans les sous-sols dĠun lyce parisien È,
par Gilles Thomas, p.13-16 du Bulletin dĠinformation de la Seadacc (septembre 2017) ;
Ç LĠabri des FeuillantinesÉ dit de ÒLavalÓ (dans les ÒCatacombesÓ de Paris) È, par Gilles Thomas pour le Blog
du Comit de Quartier Latin (2017).
Sitographie
indicative, pour aller plus loin (en attendant la suite) :
http://www.occupation-de-paris.com/2012/07/la-defense-passive.html
http://quotidien-parisiens-sous-occupation.paris.fr/
http://occupation-paris.blogspot.fr/p/le-paris-allemand.html
http://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/
http://ktakafka.free.fr/F_2GM.htm (les photos prises des dates
dĠalertes lĠont t sur mes conseils, et bien mĠen a pris, car elles nĠexistent
plus aujourdĠhui, le mur ayant t entirement recouvert de peinture sous un
gigantesque tag)
+ lĠincontournable site Internet du Snat pour lĠhistoire de
cette institution, dont la priode entre 1940 et 1944.
Le dessous de lĠescalier de la rue SchÏlcher est
tellement sec quĠil nĠest pas tonnant dĠy retrouver des papiers de coffrage
encore en place. Ici des pages du bulletin municipal du 6 octobre 1935, faisant
la publicit pour un camion Latil, ou annonant la
future exposition internationale de 1937.
Remerciements :
Pierre-Alain Tilliette, conservateur en chef la Bibliothque de lĠHtel de Ville pour son soutien, ses conseils et son amiti ;
Jean-Michel Wahart pour mĠavoir fait part de lĠexistence du plan allemand de 1944 ;
Philippe Chauvin et Patrick Sougne du Snat pour les changes dĠinformations et Pierre Toury pour mĠavoir mis en contact avec eux ;
Philippe Walliser, directeur de gare Paris Est, pour une visite amicale de Ç son È abri possdant galement des inscriptions en allemand, et quĠil va ouvrir au public ;
Guilhem Touratier pour sa connaissance du Ç dossier È Seconde Guerre mondiale ;
Sans oublier
Anne Ç Kaito È pour des traductions lors de
Ç cours du soir È, et Albert Meige [42]
pour une cartographie de qualit devenue indispensable.
É et Bienvenue
Clarisse Pradel (responsable de la bibliothque de Paris de lĠcole des Mines-Paristech,
politique documentaire, acquisitions) et Sylvie Zaidman
(Conservateur du Patrimoine, Directrice du Ç muse du gnral Leclerc de Hauteclocque et de la Libration de Paris – muse
Jean Moulin È) dans leurs nouvelles affectations !
Ci-dessous :
Plan allemand des carrires aux alentours de
lĠcole, document exceptionnel trouv aprs le combat du 25 aot 1944 (Collection de lĠcole des Mines-ParisTech).
=== Unterirdische Gnge (galeries souterraines)
X : murage (Abmauerung)
=== Kabelkanle (galerie technique) I : porte
blinde (Eisengittertr)
----- Umzunung des Luxembourg Gartens (grille
du jardin du Luxembourg) I : porte (Tr)
O :
Accs de lĠabri
anti-arien (Zugang
zum Luftschutzkeller)
1 : logement de la troupe (Stabsunterkunft)
2 : garage du Quartier Gnral (Garagen des Stabsquart[iers])
3 : caserne des gardes rpublicains (Franz[sisch]-Polizeikaserne)
B : bassin du Luxembourg Garten M : cole des
Mines P :
Palais du Snat
O : Thtre de lĠOdon
A : accs (Einstieg)
AĠ : autre accs pour lĠabri en carrires de la
rue de Tournon, non positionn sur le plan.
E : entre par escalier en colimaon (Eingang Wendeltreppe)
S2, S3a, S3b, S4 : Sortie par escalier (Treppe Ausgang)
Ss : Sortie de secours par trappe (Notausstieg)
LSR43 :
abri allemand construit en 1943
Quelques photos en supplment :
Photo de droite, entour de
bleu un support de lampe, soulign de vert le D (couleur brune) du flchage
vers NDdC, tandis que les quatre cercles rouges
montrent les fixations encore en place pour clore de manire prenne la galerie
en face.
Les parcours menant aux
sorties de secours sont encore flchs dĠocre (photo Jean-Franois Weiss). On
peut donc y voir aussi des insertions rgulires de morceaux de bois pour y
fixer des supports dĠclairage (ci-dessous gauche), et y lire par endroit des
noms manuscrits dĠorigine allemande. Les emplacements o se trouvaient les
cloisonnements pour isoler le secteur afin de sĠassurer que nĠy circulent que
les Allemands sont aussi toujours identifiables diffrents carrefours de
galeries.
Carte postale publicitaire
de 1935, faisant une parfaite synthse des deux illustrations de cette poque
visibles sur le dessous des marches des deux escaliers en bton prfabriqu qui
sont voqus prcdemment. CĠest la mme Ç nouvelle camionnette Latil È de 1200 kg, qui de plus porte une publicit pour la Quintonine !
* Aucune information sur ce que cet Inspecteur gnral des carrires tait devenu pendant lĠOccupation ne nous tait parvenue, aussi cela pouvait-il nous laisser augurer le pire, jusquĠ ce que lĠon reconstitue une partie de son parcours grce aux Archives de lĠcole Polytechnique et celles de lĠcole des Mines. N le 24 juillet 1892 Paris, il fut reu lve Ingnieur le 1er octobre 1915, et fut nomm la tte de lĠInspection en 1939, dĠo il fut cart en 1940 cause de ses origines malvenues en ces temps troubles. Sa situation professionnelle sera rgularise au sortir des hostilits par lĠarrt du 9 avril 1945 avec effet rtroactif. Il dcda le 13 avril 1966 dans le 17e arrondissement. Mais comment traversa-t-il exactement la guerre et lĠOccupation ? Nous ne le savons pour lĠinstant pas encore.
[1] Qui nĠest pas un simple quidam, malgr son nom assez commun, car ce Dupont Ç matre de mathmatiques È, et donc capable de tracer des plans car enseignant aussi la gomtrie, avait t charg lĠanne prcdente dĠtudier le problme caus par les carrires souterraines du point de vue de la scurit publique.
[2] Ç Recueil de
pices manuscrites relatives lĠhistoire des carrires de Paris aux XVIIe
et XVIIIe sicles È, par le Groupe Parisien de Recherche sur
les Souterrains Paris (İ GPRS 1986).
[3] Voir ce que raconte Pierre-Lonce Imbert dans ses deux opus : Les catacombes de Paris, paru en 1867, et Paris souterrain, chapitre XI dans Ë travers Paris inconnu (publi en 1876). Cela tant corrobor par une lettre du mme, dans le fonds manuscrit de la Bibliothque historique de la Ville de Paris et date de fin 1870 dbut 1871.
[4] La Commune, par Paul et Victor Margueritte (fils du gnral de division de cavalerie Margueritte), crit entre Vtheuil et Paris (1903-1904), et dont la ddicace est : Aux vainqueurs et aux vaincus de la Commune dont la bataille sacrilge acheva sous les yeux de lĠtranger de dchirer la France. Ë ces frres ennemis pacifis dans la mort et lĠoubli nous ddions ces pages en horreur et en haine de la plus odieuse des guerres.
[5] Ç LĠami du Latium È, par Marc Lambron, publi le 11/10/1997 dans Le Point http://www.lepoint.fr/actualites-litterature/2007-01-25/l-ami-du-latium/1038/0/86041.
[6] Aphorisme lors dĠun entretien avec Marie-Douce Albert pour le Figaro du 24 octobre 2002.
[7] Max Planck, physicien, prix Nobel de physique en 1918, dans Autobiographie scientifique, Albin Michel - 1960, p.84
[8] Voir http://blogs.reading.ac.uk/france-under-allied-air-attack/?page_id=392 : France under Allied Air Attack, 1940-1945. Preparing for Bombing : France 1922-1940.
[9] Ibidem (La ÒlgifriteÓ aigu nĠest pas une maladie gouvernementale rcente !)
[10] En janvier 1939, dj 23 km de tranches-abris avaient t creuses dans Paris intra-muros.
[11] Notons que parmi la population prioritaire lors des premires distributions de cet impedimenta, se trouvaient les boulangers.
[12] Phoney war (pour guerre bidon, et non funny war !) ou sitzkrieg (= guerre assise).
[13] La population ayant finalement t formate pour une telle raction car parfaitement conditionne avec tous ces cours, exercices et travaux pratiques.
[14] L'hritage de Vichy - Ces 100 mesures toujours en vigueur, prface dĠEmmanuel Le Roy Ladurie (Armand Colin, 2012).
[15] En janvier 1939 cĠtait 28 tels PSS qui avaient t construits, dans lesquels les malades devaient tre isols et soigns en fonction du type de gaz qui aurait t utilis et donc des atteintes dont ils souffriraient (asphyxis, suffoqus, vsiqus / yprits), en attendant leurs transferts aprs le retour au calme dans des hpitaux ddis en fonction de la localisation du PSS.
[16]
Voir dans la bibliothque de lĠcole : Ç Contribution lĠinventaire
des inscriptions dĠintrt historique releves dans les anciennes carrires
sous Paris. De la frquentation des carrires de Paris par les lves de
lĠcole des Mines lors de la seconde moiti du XIXe sicle È,
rapport rdig en 1994 par Jean-Luc Largier, Jean Laurent et Gilles Thomas (50
pages). Les dessous de Paris Ç Cartes sur table È, par
Gilles Thomas, 1re partie dans Ç XYZ È, nĦ107 (2e
trimestre 2006 / rubrique histoire), p.57-63 ; 2e
partie dans le nĦ108 (3e trimestre 2006 / rubrique
histoire), p.55-62 ; Quand les carrires de la Rgion parisienne
avaient (dj) une vocation pdagogique, par Gilles Thomas dans
Ç SAGA information È (bulletin de la Socit Amicale des Gologues
Amateurs), nĦ282, dcembre 2008, p.9-24.
[17]
Ç Tmoignage sur la vie de Georges Lipietz aux
mines dĠAnzin et le rle de lĠIngnieur en chef Michel Duhameaux È
http://lipietz.net/IMG/doc/Te_moignage_sur_la_vie_de_Georges_Lipietz.doc par Alain Lipietz, Dput europen (honoraire),
[18] Un chamal est, comme chacun sait, le singulier de cet animal deux bosses que sont les chameaux !
[19] Il a peut-tre aussi t utilis comme hpital et semble avoir accueil des services dĠintendance.
[20] Ç La Traverse du Luxembourg. Ethnoroman dĠune journe franaise considre sous lĠangle des mÏurs, de la thorie et du bonheur È, par Marc Aug (Hachette, 1985).
[21] Ë cette poque un lyce comprenait galement les classes qui sont de nos jours regroupes dans ce que lĠon appelle un collge.
[22] Il est noter que cette initiale nĠa dfinitivement rien voir avec le service Z mis en place la veille de la Seconde Guerre mondiale, identifiant tout ce qui tait en rapport avec le pril arochimique.
[23]
Ç Lyce Montaigne 1885-1985 È, plaquette de 32 pages ralise sous
la direction de Michel Hano pour le centenaire de
lĠtablissement.
[24] Ces anciennes carrires souterraines sont fameuses par leurs premiers occupants, les Chartreux, et ce ds quĠon leur attribua le site partir de 1257.
[25] Dans ses mmoires, Suttel signale que si pendant lĠOccupation la progression vers le Snat et ses abris tait parfois stoppe par une porte blinde agrmente dĠun signal dĠalarme, dans les annes 80Ġs les abris des snateurs sont devenus impossibles, mieux scuriss que ne lĠtaient ceux de lĠtat-Major allemand. Ç Ë cette poque, le franchissement de la porte dĠacier provoquait en nous la stimulation angoissante due au danger. È CĠest Gaston Monnerville, prsident du Snat, qui fit installer au dbut des annes 60Ġs, devant la tournure des Ç vnements algriens È, de nouvelles portes blindes plus efficaces et doubles par des rondes, tandis que le ministre de lĠintrieur, Roger Frey, fit murer certains passages et supprimer divers accs.
[26] Notons que lĠusage de cet escalier a t de nos jours nouveau privatis, en dpossdant lĠInspection des carrires.
[27] DĠavant le nom et surtout dĠavant la mode !
[28] Ç Inventaire des souterrains et carrires souterraines de France (Quartier gnral rgional de lĠair de lĠOuest franais / Commissariat BIII 12b, tabli par lĠarme allemande (Service de gologie de la Wehrmacht) 1942-1944 È, traduction par Jean-Paul Delacruz (Recueil par ville et par rgion. Traduction de documents dĠarchives allemandes).
[29] Vers 15h45 la Prfecture de Police.
[30] Souvenirs narrs par Jacques Friedel, fils du sous-directeur de lĠcole en cette priode trouble, dans Ç Graine de Mandarin È (Odile Jacob – 1994).
[31] Ç Catacombes et carrires de Paris. Promenade sous la Capitale È, par le docteur Ren Suttel, avec une prface de Jean Talairach (ditions SEHDACS 1986 ; puis ditions du Treuil 1993).
[32] La brigade de Paris, par Grard Gauroy (ditions Fernand Lanore 1981).
[33] CĠest le terme transcrit par lĠauteur, mais il sĠagit certainement dĠautres sous-sols, et plus prcisment des galeries de carrires sous-minant le secteur.
[34] LĠusage de pseudonymes est un point commun que partagent beaucoup de cataphiles, sparant ainsi leur vie civile de surfacien de leur vie souterraine. Il est intressant ce sujet de remarquer que Rsistance en anglais peut aussi se traduire par Underground !
[35] Sapeur-pompier de Paris de la 14e Compagnie, il fut arrt par la Gestapo Veretz le 9 novembre 1943 pour ses activits de Rsistance utilisant les sous-sols de Paris ; il aurait fait passer des personnes par les rseaux souterrains parisiens (gouts et carrires). Dport en Allemagne en janvier 1944, il y mourut le 26 dcembre 1944, excut dans le camp de concentration de Flossenbrg.
[36] Le Bottin mondain de 1942 nous donne cet avertissement succinct concernant le muse des Catacombes : Ç Visites provisoirement suspendues È.
[37] Ç Les carrires souterraines peuvent-elles tre amnages en abris ? È, par Pierre Devaux, dans La Nature du 1er avril 1936 nĦ2974 T1 p.299-307.
[38] Le raccourci habituel fait que certains parlent de lĠabri utilis par Rol-Tanguy comme tant dans les Catacombes, ce qui fait quĠon pourrait lĠimaginer comme tant effectivement au milieu des ossementsÉ ce qui se retrouve aussi dans des souvenirs de personnes y tant descendus pendant lĠInsurrection, comme quoi !
[39] Communication personnelle de lĠingnieur du Service des eaux mile Martin, ce qui donna lĠide de son interview et naissance un documentaire dans le cadre du Festival du Jeune Reporter en 1994, manifestation parraine par la Mairie de Paris / sous la double direction des Affaires culturelles et de celle de la Jeunesse et des Sports. Ce documentaire (http://www.youtube.com/watch?v=Y_gvOgyKxqc) fut titr Ç De dessous la Libert È.
[40] Lorsque cette ligne de chemin de fer fut ouverte en 1846, son terminus initial tait lĠembarcadre de Denfert, future gare du RER de Denfert-Rochereau.. Elle fut tendue de deux stations supplmentaires en 1895, jusquĠ Luxembourg donc, mais les travaux eurent des incidences climatiques en carrires jusquĠ lĠObservatoire plus au nord, cause du percement de puits pour les travaux confortatifs ncessits par les changements dans la voie (cf. le Ç Rapport annuel sur lĠtat de lĠObservatoire de Paris È pour lĠanne 1892 (paru en 1893), rubrique Mtorologie, Astronomie physique, Service de lĠheure, par Wolf (chef du service), p.18-20.
[41] Tandis que pour la fourniture des portes tanches la soumission est date du 2 juin 1938, et pour les portes anti-souffles et tanches elle est du 6 juillet 1938. Ces trois archives sont conserves dans les fonds manuscrits de la Bibliothque de lĠHtel de Ville.
[42] Fondateur et DG de Presans, il est aussi directeur de lĠExecutive MBA Ç Leading Innovation in a Digital World È de Tlcom Ecole de Management (Institut Mines-Tlcom). Dtenteur dĠun MBA dĠHEC et dĠun PhD en Physique de lĠAustralian National University, il a remport le Prix de lĠInnovation de lĠcole Polytechnique en 2008. Passionn de magie, il rsout le RubikĠs Cube en 50 secondesÉ et est fan des carrires et Catacombes de Paris.