COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 1er décembre 1993)
Depuis 1942, mon mari et moi avions décidé de travailler ensemble le plus souvent, au bureau et dans le bled. Naturellement, Henri assumait la stratigraphie et la pétrographie, et moi la Paléontologie (ce qui devait aboutir à la paléontologie Marocaine). Je commençais par me familiariser avec les fossiles paléozoïques du Maroc ainsi qu'avec la pétrographie, consacrant aussi quelque temps à découvrir le beau pays que j'habitais dorénavant, et les coutumes de ses habitants.
Quand Monsieur Ellenberger m'a demandé de raconter ma vie de femme géologue dans le bled marocain, j'ai eu plaisir à relire les notes prises avec mon mari. Le choix s'imposait : le Jbel Tichka, difficile d'accès, dont les habitants, presque isolés n'avaient alors pas encore été modifiés par le tourisme. Leur civilisation, très rude, allie indigence et fierté ; rien à voir avec des sourires de commande ou la mendicité. Le manque d'eau (toujours contingentée et, à la base de conflits sanglants), le défaut d'argent et d'aide médicale, interdisent presque l'hygiène des cités, celle-ci étant remplacée par le soleil et les produits offerts généreusement par les plantes. Il s'ensuit une vie pastorale, souvent biblique, au plus moyenâgeuse, de croyance en un surnaturel magique : ainsi, les "mosquées-écoles" (traduction du berbère : Timezguida) sont simplement les pics les plus prestigieux des crêtes dénudées. Nos missions en ce pays berbère furent marquées par le bonheur de découvertes successives de sites cachés les uns derrière les autres (en berbère : tirhourdine).
En 1944-45, la guerre se termine en Europe. Le Maroc, où la France avait combattu les Berbères et choisi la dynastie arabe du Tafilelt, restait sous contrôle militaire. Le Massif du Tichka, un des plus secrets de l'Adrar n Deren, terme désignant le Haut-Atlas à l'Ouest de la faille du Tizi n Test, conservait encore l'organisation politique particulière due à sa topographie ; flanqué au nord-est par le pays Goundafi et plus à l'est par le pays Glaoua, dominés par deux grands caïds, le Tichka était peuplé de tribus libres, alliées ou ennemies, dominées par des chioukh indépendants selon le système en mosaïque des "Lefs" (cf. Montagne). On y rencontre parfois des ruines, vestiges d'expéditions guerrières d'âge indéterminé (bekrit !). Quelques noms de tribus : Ida ou Msattog (fils des démons), Ait Anzal surnommés "les égorgeurs". Pour aller d'une tribu à un terrain ami, on devait traverser une zone ennemie. Un géologue, Coutin, a été assassiné dans l'Aghbar (vallée du N Fis) en 1926 pour avoir traversé une de ces invisibles frontières. Cette époque est aujourd'hui révolue.
Dès que cela fut possible, en 1944, mon mari décida de retourner au Tichka et de m'emmener. Mon rôle serait de prendre des notes et de dessiner montagnes et détails pétrographiques, eu égard à mon "métier de naissance".
Aucun produit manufacturé qui ne vienne d'Europe dont le Maroc était encore coupé. Je m'équipai donc plutôt difficilement. Nous achetons deux mois de ravitaillement pour notre campement et les chevaux. Une camionnette à pneus réchappes nous mène à Marrakech, puis, les troupes américaines interdisant le Tizi n Test, on passera par Agadir. Après moult discussions avec les militaires, car il faut nous annoncer officiellement, le vrai départ a lieu le 23 septembre. Le chemin est coupé par l'Asif Ait Tament, grossi par des pluies diluviennes.
La voiture ne sert plus à rien. On débarque nos bagages. Nous continuons seuls à cheval. A la première étape notre cuisinier Abslam, arabe citadin, ne cesse de se lamenter : n'ayant jamais vu de montagnes, il a très peur de ne plus revoir sa femme ni son fils demeurés à Rabat. On monte la tente sur une aire à battre le grain ; il en sera de même à chaque étape.
Les gens du Tichka surnommaient déjà entre eux Henri "Bou t Negoult" (le père du pain grillé) allusion à ses goûts au petit déjeuner. Ils voyaient de loin en loin passer des européens, mais pas d'européenne. La pauvreté, le manque de confort et de routes faisaient obstacle au développement du tourisme qui restait pratiquement limité aux villes.
Je fus un sujet de curiosité. J'étais une femme pas comme les autres, une "mohindissa", travaillant dans le bled comme le "mohindiss" son mari ; comme lui j'écrivais et lisais. La réaction des chefs, empêtrés alors dans une langue, belle, mais non écrite, et, ne sachant pas toujours l'arabe, m'a souvent surprise. Plusieurs fois, pas seulement au Tichka, autour d'un couscous, un cheikh éclatait de rire et, quand on lui demandait pourquoi, il répliquait "je n'avais jamais vu de femme écrire". Quelques années plus tard, le cheikh des Ait Anzal, toujours fier d'avoir été "égorgeur", fait mon éloge de scribe et demande à Henri combien il m'avait achetée... Henri ne chercha pas beaucoup, inventa un prix qu'il pensa élevé (la guerre venait de finir) : "100 000 francs. C'est vraiment pas cher, pour une femme qui écrit ! Je te l'achète et l'installerai à Marrakech". Il ajoute qu'il a déjà trois femmes, installées chacune dans un village différent. Nous ne pouvions réaliser "ce rêve", devant revoir Anzalia [Spongiaires cambriens (H. & G. Termier, 1947)] trouvé ici-même.
Les européennes doivent savoir guérir tout et n'importe quoi. Mon arme principale est l'aspirine et les sulfamides encore mal connus à cette époque. La pénicilline n'est pas encore arrivée en Afrique du Nord. L'air pur des montagnes et l'herboristerie locale agissaient à plein. Un soir, au retour du travail, on m'amène un jeune muletier, ayant reçu un coup de sabot : une partie de son bras, écorchée, ne saigne pas, les muscles merveilleusement dégagés. Je saupoudre un peu au hasard de poudre de sulfamide. Le lendemain, je m'enquiers : il est guéri ! Le jour suivant, pour sa fillette fiévreuse, une mère m'appelle. Je sors mon aspirine. La mère m'envoie promener car "je dois avoir le mauvais oeil".
Ce qui intéresse le plus les femmes berbères, c'est ma façon de m'habiller et de me coiffer. Dans la montagne, elles sont toutes, riches et pauvres, groupées en troupeaux sous les ordres d'une matronne. Elles remontent, robustes et fraîches, d'un ravin profond, en portant chacune sur ses épaules un fagot de quatre vingts kilos, ce qui ne les empêche pas de chanter merveilleusement. Les femmes dont le mari a du bien, cherchent à "aider" leur famille : aussi leur seigneur et maître se promène partout avec un énorme trousseau de clefs anciennes mettant "à l'abri" ses réserves de farine, de sucre et de thé.
Les hommes simples, plus rêveurs, croient à des fantasmes : un Tigouga, reconnaissant Henri, lui rappela que, trente ans plus tôt, le vent avait emporté sa tente parce qu'il "amenait avec lui deux ouvriers de l'Aghbar, qui ne pouvaient donc apporter que des ennuis" : Dieu avait sanctionné cette énorme faute par une tempête. Pour se faire admirer l'un de ces ouvriers raconta plus tard, devant moi, qu'Henri, ayant transgressé l'interdiction du tombeau d'un marabout (prêtre itinérant) avait été entouré de flammes. Il fallut calmer tout le monde.
Le Massif du Tichka est composé de trois étages, à la fois géologiques, géographiques et humains, sur le flanc sud du Haut-Atlas.
L'étage inférieur (Fg5), de 750 à 1700 mètres d'altitude, appartient au Sous à Arganier. Cet arbuste épineux pouvant vivre deux cents cinquante ans, réjouit les chèvres, qui s'envolent par-dessus les sentiers d'un plant à l'autre, gourmandes de noix huileuses et odorantes. Les soirées sont agrémentées par les papillons et les Fourmis-lions décrivant leurs orbes autour de notre lampe à acétylène. Parmi les cultures, de petits jardins où l'on cultive la magique Hanna à teinture antiseptique et odorante que nos coiffeurs utilisent surtout comme colorant. Cet étage est composé de laves et de sédiments cambriens et triasiques, recouverts de débris rocheux des étages supérieurs constituant un piedmont. Il porte les tribus Igoudachene, Ait Tament, Agounsane, Ifouzarene, Ait Anzal, ainsi qu'une bonne partie des Ida ou Kais. Des Agounsane aux Tigouga, on passe par le col Tizi Igouramene ("où peut passer un religieux"), formé d'arène granitique tendre. Au delà des Tigouga, on traverse le bled Ida ou Msattog, très accidenté.
L'étage moyen, montant de 1300 à 2300 mètres, correspond surtout au plateau des Tigouga (Fg6) proprement dit, à structure zébrée par une alternance de granite et de diorite.
Au-dessus s'élèvent les crêtes (Fg8).
La plupart des sommets supérieurs à 2000 mètres sont situés sur des crêtes hachées de failles, lesquelles ont souvent donné naissance à des cols haut-perchés, tels le Tizi n Zaikor. Le terrain est souvent granitique, mais aussi métamorphique, en particulier des marbres blancs (comme l'Aqelmoune) ou multicolores, de la calcite, de la wollastonite, des grenatites, etc.
Nous étions chez les Ida-ou-Msattog ; le cheikh habitait alors Lkhoms, village en partie adossé à une faille : le point était bien choisi pour étudier le métamorphisme. Nous partons avec nos guides en suivant l'étroite vallée de l'oued Kma. Celui-ci est en crue. Nous devrons le traverser vingt-quatre fois dans la journée. La plupart des gués sont impraticables, et notre guide Lhassene insiste alors pour me porter sur son dos. Le travail se termine de nuit. Nous repérons au loin la lueur vacillante d'une lanterne qui se dirige vers nous. Le cheikh, voyant la nuit tombée, a craint que nous ne nous égarions, et envoyé un homme nous chercher.
Quelques jours plus tard, nous quittions Lkhoms pour la région la plus pauvre, un village "du bout du monde", nommé Toug-el-Kheir" (loin de l'abondance) indigence qu'il partage avec le village de Tazlida (la délaissée) : pauvreté, froid et faim, toutes dues à l'altitude. Toug-el-Kheir est la meilleure base d'où escalader l'Ifillilis (2950 mètres). A l'aube, Henri discute avec nos guides : ils veulent bien l'accompagner, lui, mais pas moi, parce que je suis une femme. Je retrouve ici la superstition qui avait failli, l'année précédente, m'évincer d'une mine de charbon près de Djerada. Mais ici c'est plus original : "bekri", autrefois (imprécis), une femme, déjà âgée semble-t-il, a tenté l'ascension, mais elle est morte en chemin. On a mis là quelques pierres et l'endroit porte son nom. Henri, qui veut répertorier les sommets du panorama à partir de Ras Ifillilis, décide que nous nous passerons de cette permission. Avant l'aurore, nous partons silencieusement, dans une atmosphère d'enterrement ! Et le jour se lève sur une farandole inattendue de nos guides autour de moi, ils psalmodient : "tu as passé Imi n Temouda ; tu iras à Ras Ifillilis", et du ton sérieux d'un spécialiste Lhassene déclare : "Tu es un homme dans un corps de femme!". Henri en profite pour annoncer que nous attendons un bébé.
Nous avons de la visite. Je suis perchée sur une grosse pierre, à près de 2000 mètres. Je vois arriver un gars au teint grisâtre qui paraît avoir voyagé longtemps. Des deux c'est moi, la femme qui sait lire, qu'il veut voir, la moins intimidante. Il me tend un papier crasseux, souvent plié et déplié :
C'est le jugement d'un tribunal rédigé en français (alors la justice militaire), résultat d'une chikaia. Je lis tout haut. Notre homme avait possédé un terrain, l'avait vendu, mais, procédurier et arguant de sa méconnaissance du français, il l'a vendu une deuxième fois à un autre homme, lequel, n'ayant reçu que du vent, a porté plainte. Je demande à notre visiteur s'il a compris. Nullement étonné mais voulant croire au miracle, il est déçu et sans doute indigné que je ne proclame pas sa bonne foi. Il avait marché vingt-quatre ou quarante-huit heures à travers les montagnes...
Les Berbères marocains, comme ceux du Tichka sont des marcheurs ou des coureurs de fond souvent primés dans les compétitions d'athlétisme. Porteurs à pied de courrier, les rekkas sont utilisés comme postiers dans les régions difficiles. Ils ne reculent devant rien. Je fus atterrée de voir arriver à mon adresse mobile et en plein granite, les treize volumes de la paléoconchyliologie des Gastéropodes de Cossmann, qui auraient dû m'attendre à Rabat. Ces marcheurs avaient, au mieux, des sandales à semelles taillées dans de vieux pneus : on en trouvait les restes hors du moindre sentier. Contrairement au géologue de terrain, pour qui le plus court chemin d'un point à un autre est la grand'route et ses tournants, pour un rekkas, c'est une ligne droite coupant dans une région montagneuse, des creux et des crêtes. L'homme chemine surtout la nuit, plus fraîche, et qui dissimule les malheureux porteurs d'un peu d'argent. Ceux-ci sont une proie facile du notable qui les guette pour les dépouiller : il y a des chemins dont on peut partager le secret uniquement avec son brel (mulet). Et comme il n'y a pas d'auberge, un bon marcheur a toujours dans le chech qui l'auréole deux ou trois dattes sèches qu'il mangera, puis dont il sucera longuement le noyau. Ce chech abrite d'autres trésors utiles en cas de malheur : un bout de ficelle et un petit couteau pour enlever les échardes.
Comme dans tous les pays montagnards, certains ont quelques ruches élevées dans le secret, car le miel est recherché par les grands qui n'acceptent pas de payer. On nous fait savoir que nous pourrions acheter un pot de miel à condition d'être discrets.
Rendez-vous est pris cette nuit après minuit, sous notre tente. Nous recevons un homme tremblant, pour lui acheter au juste prix de quoi varier nos petits déjeuners.
Il ne faut pas oublier les habitants primitifs de ces montagnes. Nous avons eu deux fois le bonheur de rencontrer des troupeaux de mouflons, déboulant à toute allure, et dans un bruit de tonnerre, les parois verticales. Il y a peu de chances que leurs galopades persistent avec les véhicules tous terrains.
Pour atteindre le plateau du Tichka, on doit escalader la cuesta presque verticale à partir du plateau des Tigouga. Ses mille mètres sont en plein soleil. Dès la base, il fait déjà très chaud. On nous offre du thé et de délicieuses figues de Barbarie pour nous rafraîchir. Au fur et à mesure de la montée, la température s'abaisse. Agréable pendant le jour ; la nuit sous la tente sera glaciale. Vu du ciel, tel une longue émeraude sertie de griffes, le plateau du Tichka est un bijou dans l'Adrar n Deren.
Agneaux et chevreaux naissent puis gambadent, leurs familles installées sur le territoire dévolu à chaque tribu. Les bêtes et leurs bergers s'abritent du vent et du froid nocturne dans des azibs de pierres, tapissées de crottes odorantes et chaudes.
En fait, dans tout le Maroc berbère, les tribus, originellement nomades, ont des habitations d'hiver qu'elles délaissent pour d'autres au début de l'été. Au Tichka, l'altitude rend la tente inutilisable, car trop froide. Le déchirement annuel de l'abandon du foyer, devenu torride et sans pâturage, n'en existe pas moins. La nostalgie incline à voir des ressemblances entre Sous et Tichka : ce qui entraîne des doublets toponymiques.
Dans les parties fertiles du massif, à l'automne, la moisson a lieu sans moissonneuse-batteuse car le relief est trop accidenté et les épis de blé sont souvent espacés de plusieurs décimètres. Des moissonneurs itinérants suivent la maturation des grains. Quand une région est mûre, ils arrivent chacun avec une petite faucille. Ce travail à l'unité, inconcevable pour les champions européens de la culture intensive, donne le meilleur couscous. Dans les régions "riches", le grain est battu par des mulets sur l'aire plate et ronde sur laquelle nous avons si souvent bénéficié d'un campement stable et horizontal.
Les gens se sentent un peu désoeuvrés, jusqu'au printemps. C'est le moment des fêtes, les authentiques "Awash". Les dirigeants ont alors le privilège de tirer en l'air des coups de fusil (la moukkala) car on sait bien qu'un coup de feu tiré sans vouloir tuer ne peut tuer. Ils reçoivent une délégation des femmes et une autre des guerriers de la tribu : ces hommes portent chacun un takoumit arqué et un "sboula" droit (subulatus). Pendant ce temps, des musiciens jouent de la flûte et du tambourin. Pour justifier le nom de la fête (awash), on brûle un bûcher de fagots, voire un grand tronc de noyer. Après des heures de danse harassante, des assistants masculins se détachent pour distribuer de la menue monnaie dans les cheveux des femmes en état de transe. Le jour va bientôt se lever.
Les montagnes du massif du Tichka sont toujours là, et en apparence, ceux qui nous ont reçus naguère. Certains des cheikhs que nous connaissions ont été remplacés : l'un d'eux, sans espoir de promotion, par défaut de diplôme universitaire, est en train de faire fortune comme marabout : on vient de Casablanca lui acheter des philtres d'amour. De toutes façons, les patrons sont des caïds sans doute nommés par le pouvoir central.
Le souq de Tarkout s'est développé. On construit des pistes "carrossables" : l'une a détruit la plupart des Anzalia ; une autre, le long de l'oued Kma, a mis au jour des échantillons de roches toute fraîches. En apparence, la vie paraît plus facile. Pendant nos marches toujours longues, nos guides nous ménagent de fréquentes haltes pendant lesquelles nous dégustons des tasses de thé à la menthe, que nous ne refusons jamais. Au soir, on vient me demander de recevoir deux femmes. Il n'y a toujours pas de médecin, ni d'infirmier. J'assiste à un spectacle que montreront plus tard les populations affamées d'Afrique : chaque femme ouvre un petit paquet sale et en exhibe un bébé minuscule d'une maigreur inquiétante. Je demande aux femmes ce qu'elles donnent à leurs enfants : elles les allaitent. Et que mangent-elles ? "Du thé et du sucre". "Mais vous avez des moutons". "Bien sûr, mais on les vend au souq pour acheter du thé et du sucre". Je vais voir notre cheikh/marabout, pour lui expliquer que ces bébés souffrent d'avitaminose et qu'il leur faut au moins du jus d'orange. Il répond : "les enfants sont comme les figues de Barbarie, ils vivent ou meurent, c'est tout".
Finalement, même le thé peut devenir une drogue, si on se laisse aller...